Trois semaines seulement après le revers cinglant du parti présidentiel aux européennes et la dissolution surprise de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron qui a suivi, le premier tour des élections législatives anticipées a accouché d’un nouveau séisme politique. Le Rassemblement national et ses alliés arrivent largement en tête, avec 33,14% des suffrages, devant l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire (27,99%) et la coalition présidentielle (20,04%). Une vague bleue marine qui déferle de nouveau sur le pays et place le RN en position de force avant le second tour.
Un premier tour sous le signe de la protestation
Alors que le pari d’Emmanuel Macron de rebattre les cartes via une dissolution était risqué, les Français ont envoyé un message fort dans les urnes. Le vote protestataire et le rejet de la politique du gouvernement dominent, portant le Rassemblement national en tête dans de nombreuses circonscriptions. Marine Le Pen peut savourer sa “revanche” des présidentielles de 2022.
De son côté, la NUPES (rebaptisée Nouveau Front populaire) réalise une performance solide mais en-deçà des ambitions de Jean-Luc Mélenchon. Sa stratégie de rassemblement des forces de gauche n’a pas suffi à créer une dynamique suffisante pour virer en tête. Il devra sans doute composer avec le RN s’il veut peser dans la future Assemblée.
La macronie en danger
Renaissance et ses alliés limitent la casse en réunissant 20% des voix mais sont relégués à une décevante troisième place. Les candidats de la majorité présidentielle s’écroulent même dans plusieurs circonscriptions symboliques et fiefs historiques. Un camouflet cinglant pour Emmanuel Macron, qui a vu sa stratégie de dissolution se retourner contre lui.
Chacun prend ses responsabilités, j’en prends acte. (…) J’appelle au sursaut républicain.
Emmanuel Macron dans une brève allocution
La bataille du second tour
Tous les regards sont désormais tournés vers le second tour, prévu le dimanche 7 juillet. Les états-majors politiques s’activent en coulisses pour tenter de nouer des alliances afin de faire barrage au RN. La macronie appelle la gauche au “front républicain”, tandis que la gauche veut imposer ses conditions. Beaucoup de circonscriptions s’annoncent indécises.
Au sein même des coalitions, les tractations vont également bon train. Au RN, certains prônent un rapprochement avec Les Républicains pour consolider une majorité, provoquant des remous en interne. À gauche, la question du maintien ou non des candidats éliminés divise. Les prochains jours s’annoncent décisifs.
Vers une refonte du paysage politique ?
Quoi qu’il arrive, ce premier tour des législatives rebat profondément les cartes et annonce une recomposition inédite du paysage politique français. Finis le clivage droite-gauche et le « nouveau monde » macroniste, l’heure est au retour des populismes et au tripartisme. Reste à savoir quelle coalition, et sur quelle ligne, émergera des décombres du « vieux monde » politique.