Le scandale Dominique Boutonnat continue de faire trembler le monde du cinéma français. Malgré les graves accusations d’agression sexuelle portées par son filleul, celui qui est à la tête du Centre national du cinéma (CNC) depuis 2019 bénéficie d’une surprenante protection de la part du gouvernement. En effet, non content d’avoir été renouvelé dans ses fonctions en juillet dernier, Boutonnat vient également d’être nommé au conseil d’administration de France Télévision. Une décision qui choque une grande partie de la profession et des syndicats.
Un proche d’Emmanuel Macron au cœur du scandale
Comment expliquer un tel soutien envers un homme mis en examen pour tentative de viol et agression sexuelle ? La réponse est peut-être à chercher du côté des liens étroits qu’entretient Dominique Boutonnat avec le président de la République. Producteur à succès, il a été l’un des premiers et principaux donateurs de la campagne d’Emmanuel Macron en 2017, comptant parmi les figures de la “macronie” de la première heure.
Une plainte déposée par son filleul en 2020
C’est en octobre 2020 que l’affaire éclate au grand jour. Le filleul de Dominique Boutonnat, un jeune homme de 22 ans, porte plainte contre son parrain pour des faits d’agressions sexuelles survenus lors de vacances en Grèce durant l’été. Placé en garde à vue en février 2021, le patron du CNC conteste les accusations mais est mis en examen.
Le parquet requiert un procès en correctionnelle
Fin avril 2022, le parquet de Nanterre demande le renvoi de Dominique Boutonnat devant le tribunal correctionnel pour agression sexuelle, requalifiant les faits initialement mis en examen comme tentative de viol. Une décision controversée, certains y voyant une forme d’indulgence. Un procès aux assises pour tentative de viol aurait en effet exposé l’accusé à des peines beaucoup plus lourdes.
Tensions et indignations dans le milieu du cinéma
Malgré le scandale, le gouvernement a choisi de renouveler Dominique Boutonnat à la tête du CNC en juillet 2022. Une décision très critiquée par les professionnels du 7e art et les syndicats du secteur, qui dénoncent un mépris des victimes présumées et un deux poids deux mesures. Beaucoup s’interrogent : un autre homme dans la même situation aurait-il bénéficié de la même mansuétude ?
La présomption d’innocence ne peut pas servir de prétexte pour laisser en place quelqu’un qui n’est plus en situation d’exercer ses missions.
Une productrice indignée, sous couvert d’anonymat.
Le procès Boutonnat très attendu
Initialement prévu fin 2022, le procès de Dominique Boutonnat devant le tribunal correctionnel de Nanterre a été repoussé au 14 juin 2024. Trois ans de prison avec sursis ont été requis par le parquet. Le jugement a été mis en délibéré au 28 juin. L’accusé risque également une peine d’inéligibilité qui pourrait mettre un terme définitif à sa carrière.
En attendant le verdict, cette affaire continuer de diviser le landerneau du cinéma français. Certains défendent la présomption d’innocence de Dominique Boutonnat et louent son bilan à la tête du CNC. D’autres s’insurgent de voir un homme accusé de tels faits se maintenir à un poste aussi influent et réclament son départ immédiat. Une chose est sûre : tous attendent avec impatience que la justice tranche dans ce dossier aussi sensible que symbolique.