Imaginez une plateforme où des individus vulnérables deviennent, sans le savoir, les pions d’un spectacle cruel, diffusé en direct pour des milliers de spectateurs hilares. Le 18 août 2025, un drame a secoué le monde du streaming : un homme, connu sous le pseudonyme de Jean Pormanove, s’effondre après un marathon de diffusion de 280 heures. Mais derrière cette tragédie, une autre histoire émerge, celle de Stéphane, surnommé Coudou, un homme handicapé exploité pour divertir. Ce scandale met en lumière une question brûlante : jusqu’où le divertissement en ligne peut-il aller avant de basculer dans l’abus ?
Un Drame qui Révèle des Dérives
Le décès de Jean Pormanove, de son vrai nom Raphaël Graven, a choqué bien au-delà des cercles du streaming. Cet homme de 46 ans, épuisé par un marathon de diffusion sur la plateforme Kick, a succombé sous les yeux de milliers de spectateurs. Mais ce n’est pas seulement la durée extrême de son streaming qui a attiré l’attention. Rapidement, les projecteurs se sont tournés vers un système plus sombre : celui d’un divertissement qui repose sur l’humiliation et l’exploitation de personnes vulnérables.
Ce drame a mis en lumière une réalité troublante : certains créateurs de contenu n’hésitent pas à utiliser des individus fragiles pour générer des vues et des rires. Parmi eux, Stéphane, surnommé Coudou, un homme handicapé sous curatelle, est devenu une figure centrale de cette controverse. Exploité dans des émissions aux titres provocateurs comme Question pour un golmon ou Des chiffres et des illétrés, il était poussé à répondre à des questions simplistes, sous les moqueries des animateurs et du public.
Coudou : Une Victime Oubliée
Stéphane, surnommé Coudou, est un homme handicapé vivant sous curatelle, un régime juridique censé le protéger. Pourtant, son implication dans ces streams n’avait rien de consenti ni de légal. Selon des témoignages relayés dans une émission télévisée, il n’était ni rémunéré ni autorisé par son tuteur légal à participer à ces contenus. Son absence prolongée de la plateforme, suivie d’un retour récent, suggère qu’il n’avait pas pleinement choisi d’être exposé.
« Il n’était pas rémunéré, et il n’avait pas l’accord de sa curatelle. C’est un énorme problème éthique. »
Une journaliste, dans une émission récente
Ce cas met en évidence une exploitation ciblée des personnes vulnérables. Les animateurs, connus sous les pseudonymes Safine et Naruto, ont construit leur popularité sur des formats où Coudou et Pormanove étaient ridiculisés. Les spectateurs, eux, riaient face à leurs difficultés, alimentant un cercle vicieux où l’humiliation devenait une marchandise lucrative.
Des Formats Cruels pour des Vues
Les émissions en question reposaient sur un concept simple mais cruel : poser des questions de niveau scolaire élémentaire à des participants en situation de vulnérabilité, puis se moquer de leurs erreurs. Ces formats, comme Question pour un golmon, étaient conçus pour provoquer des rires faciles. Les spectateurs, derrière leurs écrans, trouvaient ces scènes hilarantes, ignorant souvent le contexte d’exploitation qui se jouait sous leurs yeux.
Ce type de contenu, qui mettait en avant des termes péjoratifs comme golmon ou cotorep, a normalisé un langage discriminatoire. Pire encore, il a encouragé une culture du validisme, où les personnes handicapées sont réduites à des objets de divertissement. Cette mécanique, qualifiée de « contenu qui marche le mieux » par certains observateurs, a généré des milliers de vues, mais à quel prix ?
Les spectateurs riaient, mais derrière chaque éclat de rire se cachait une réalité bien plus sombre : l’exploitation de personnes vulnérables pour le profit.
Jean Pormanove : Une Vie Sous Pression
Jean Pormanove, de son vrai nom Raphaël Graven, n’était pas seulement un participant à ces streams. Il était aussi une victime d’un environnement toxique. Quelques semaines avant sa mort, il avait envoyé des messages à sa mère, exprimant un sentiment de séquestration. Ces révélations jettent une lumière crue sur les conditions dans lesquelles il évoluait, où la pression pour performer semblait écrasante.
Son marathon de streaming, qui a duré plus de 280 heures, est un symptôme de cette course effrénée à l’attention en ligne. Dans un monde où les vues et les abonnés dictent la réussite, Pormanove s’est retrouvé piégé dans un cycle de surmenage, jusqu’à l’épuisement fatal. Sa mort, diffusée en direct, a choqué, mais elle a aussi révélé l’absence de garde-fous dans cet univers numérique.
Validisme et Abus : Une Culture Toxique
Le validisme, ou discrimination envers les personnes handicapées, est au cœur de cette affaire. Les émissions incriminées utilisaient le handicap comme un outil de moquerie, renforçant des stéréotypes nuisibles. Les termes employés, comme cotorep ou golmon, ne sont pas anodins : ils participent à une déshumanisation des personnes concernées, les réduisant à des caricatures.
Pour comprendre l’ampleur du problème, voici quelques éléments clés de cette affaire :
- Jean Pormanove est mort après un streaming de 280 heures, sous une pression intense.
- Coudou, sous curatelle, était exploité sans rémunération ni consentement légal.
- Les émissions reposaient sur l’humiliation publique pour attirer des spectateurs.
- Une enquête a été ouverte par le parquet de Nice pour examiner ces pratiques.
Ces éléments soulignent un problème systémique : l’absence de régulation dans le streaming permet à des pratiques abusives de prospérer. Les plateformes comme Kick, bien que populaires, manquent souvent de mécanismes pour protéger les participants vulnérables.
Une Enquête en Cours
Face à l’ampleur du scandale, les autorités ont réagi. Une enquête a été ouverte par le parquet de Nice pour déterminer les responsabilités dans la mort de Pormanove et l’exploitation de Coudou. Par ailleurs, l’Arcom, l’autorité de régulation de la communication audiovisuelle, a été saisie pour examiner les pratiques de la plateforme Kick.
Cette affaire pourrait marquer un tournant dans la régulation du streaming. Les questions soulevées sont nombreuses : comment protéger les personnes vulnérables dans un espace numérique souvent sans règles ? Les plateformes doivent-elles être tenues responsables des contenus qu’elles hébergent ? Et surtout, comment éviter que le divertissement ne devienne un outil d’exploitation ?
Vers une Réflexion Éthique
Ce scandale dépasse le cadre d’un simple fait divers. Il pose des questions fondamentales sur l’éthique du divertissement en ligne. Dans un monde où les algorithmes récompensent l’outrance et la provocation, il est urgent de repenser les limites du contenu numérique. Les spectateurs, eux aussi, ont un rôle à jouer : en plébiscitant ce type de contenu, ils alimentent une machine qui prospère sur l’humiliation.
« Les gens riaient à gorge déployée, mais ils ne voyaient pas la souffrance derrière. »
Une observatrice des dérives du streaming
Pour éviter de nouveaux drames, plusieurs pistes peuvent être envisagées :
- Régulation des plateformes : Imposer des règles strictes pour protéger les participants vulnérables.
- Sensibilisation au validisme : Éduquer le public sur les discriminations liées au handicap.
- Responsabilité des spectateurs : Encourager une consommation consciente des contenus en ligne.
Ce drame doit servir de signal d’alarme. Il est temps de construire un écosystème numérique où le respect et l’éthique priment sur les vues et les profits.
Un Appel à la Vigilance
L’histoire de Jean Pormanove et de Coudou n’est pas un cas isolé. Elle reflète une tendance plus large dans le monde du streaming, où la course à l’audience pousse certains créateurs à franchir les limites de l’acceptable. En tant que spectateurs, nous avons le pouvoir de changer cette dynamique en refusant de consommer des contenus qui exploitent la vulnérabilité d’autrui.
Ce scandale nous invite à réfléchir : quel type de divertissement voulons-nous encourager ? Un divertissement qui repose sur l’humiliation et l’exploitation, ou un divertissement qui respecte la dignité de chacun ? La réponse à cette question pourrait redéfinir l’avenir du streaming.
Le streaming doit-il divertir à tout prix ? La réponse est entre nos mains.