À quelques jours du premier tour des élections législatives anticipées, le débat fait rage quant aux prérogatives du président de la République en matière militaire en cas de cohabitation. C’est une petite phrase de Marine Le Pen, ancienne candidate à la présidentielle, qui a mis le feu aux poudres. Selon elle, le titre de « chef des armées » du président serait purement honorifique puisque c’est le premier ministre qui tiendrait les cordons de la bourse. Une déclaration qui a fait bondir la macronie, Gabriel Attal en tête.
Marine Le Pen déprécie les pouvoirs militaires présidentiels
Dans une interview accordée au Télégramme ce jeudi, l’ancienne cheffe de file des députés RN a jeté un pavé dans la mare. Pour Marine Le Pen, en cas de cohabitation, le président de la République ne pourrait pas envoyer de troupes en Ukraine par exemple, car ce serait le premier ministre qui déciderait du budget des armées. Une interprétation pour le moins osée de la Constitution qui a suscité l’ire des macronistes.
Le titre de chef des armées est honorifique puisque c’est le premier ministre qui tient les cordons de la bourse.
– Marine Le Pen, ancienne candidate à la présidentielle
Gabriel Attal monte au créneau
Lors du dernier débat d’avant-premier tour sur France 2, le Premier ministre Gabriel Attal n’a pas manqué de réagir vivement aux propos de Marine Le Pen. Pour lui, il s’agit d’un « tournant assez grave dans cette campagne » et d’un non-respect de la Constitution française.
S’il y a une chose qui fonctionne, c’est la chaîne de commandement. Le message envoyé par Marine Le Pen est clair : si le RN venait à gagner, il y aurait une forme de dispute entre le président et le premier ministre pour savoir qui a le rôle de chef des armées.
– Gabriel Attal, Premier ministre
Gabriel Attal a martelé l’importance de l’unité au sommet de l’État lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts de la France. Selon lui, les propos de Marine Le Pen remettent en cause cette unité et laissent entendre que le président ne serait plus en mesure de prendre des décisions militaires en cas de cohabitation.
Jordan Bardella réplique en citant la Constitution
Face aux attaques de Gabriel Attal, le président du RN Jordan Bardella a répliqué en scandant « La Constitution, toute la Constitution, rien que la Constitution ». Il a cité les articles 20 et 21 qui accordent certaines prérogatives au Premier ministre en matière d’armée, notamment la décision du budget de fonctionnement des forces armées.
Nous avons un devoir à l’égard du monde, et la France a une voix singulière à porter et à défendre.
– Jordan Bardella, président du Rassemblement National
Jordan Bardella a toutefois assuré qu’il ne laisserait pas « l’impérialisme russe absorber un État allié comme l’Ukraine », tout en réaffirmant son opposition à l’envoi de soldats français sur le sol ukrainien. Une position en demi-teinte qui ne manquera pas de faire réagir.
Un débat qui enflamme la fin de campagne
Cette passe d’armes entre Gabriel Attal et Jordan Bardella illustre la tension qui règne dans cette fin de campagne des législatives. La question des pouvoirs militaires du président en cas de cohabitation s’invite dans le débat et cristallise les oppositions. Marine Le Pen, à l’origine de la polémique, en a remis une couche sur les réseaux sociaux :
Il serait utile que Gabriel Attal lise la Constitution. Mieux vaut tard que jamais.
– Marine Le Pen, sur Twitter
Une chose est sûre, ce débat sur les prérogatives militaires en cas de cohabitation promet d’animer les derniers jours avant le premier tour des élections législatives anticipées. Chaque camp campant sur ses positions, il reviendra aux Français de trancher dans les urnes et de décider du visage de la future Assemblée nationale. En attendant, la bataille fait rage et chaque petite phrase est scrutée, disséquée, interprétée. La campagne est loin d’avoir livré tous ses secrets et ses surprises.