Les rues de Marseille ont une nouvelle fois été le théâtre d’un drame ce vendredi. Aux alentours de 23h, un jeune homme de 20 ans a été découvert sans vie dans sa voiture criblée de balles, dans le quartier populaire des Carmes, à deux pas du célèbre Vieux-Port. Selon les premières constatations, la victime aurait reçu plusieurs tirs d’une arme de calibre 9mm. Le procureur de la République a rapidement confirmé qu’il s’agissait là du 6ème “narchomicide” depuis le début de l’année dans la cité phocéenne, ces règlements de comptes sanglants liés au trafic de stupéfiants qui endeuillent régulièrement la ville.
Marseille, une ville minée par les trafics
Malheureusement, ce type de fait divers n’est pas rare à Marseille. La ville est gangrénée depuis des années par d’importants trafics de drogue, générateurs de violence et d’insécurité. Malgré les efforts des forces de l’ordre, le problème persiste, au point que beaucoup évoquent un véritable fléau pour la cité phocéenne. Les quartiers populaires comme celui des Carmes sont particulièrement touchés, pris en étau entre pauvreté, chômage et économie souterraine.
Des réseaux tentaculaires difficiles à démanteler
Les trafiquants marseillais sont organisés en véritables réseaux, structurés et hiérarchisés, avec des ramifications qui s’étendent bien au-delà des frontières de la ville. Malgré quelques beaux coups de filet, comme le démantèlement en janvier d’un important trafic de voitures volées destinées au Maghreb, la police peine à endiguer durablement le phénomène. Il faut dire que les sommes en jeu sont colossales. Rien que les saisies effectuées en marge de cette affaire de janvier étaient estimées à près de 300 000 euros !
Des mafias meurtrières et sans scrupule prennent au piège des populations entières
Mgr Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille
Un contexte social et économique difficile
Pour beaucoup d’observateurs, cette criminalité est aussi le fruit d’un contexte social explosif. Dans certains quartiers marseillais, le taux de chômage dépasse les 40%. Sans perspectives, de nombreux jeunes se laissent tenter par l’argent facile du trafic. Un engrenage dont il est difficile de sortir ensuite, surtout quand on a grandi dans ces cités où les trafiquants font figure de modèle de réussite.
Que faire face à cette spirale de la violence ?
Face à l’ampleur du phénomène, les réponses sont complexes à apporter. Bien sûr, un renforcement de l’action policière et judiciaire semble indispensable, avec des moyens à la hauteur de cette criminalité organisée. Mais beaucoup appellent aussi à une action plus globale, intégrant les dimensions sociales et éducatives :
- Politiques de rénovation urbaine ambitieuses dans les quartiers les plus touchés
- Renforcement de la présence des services publics et des associations
- Accompagnement renforcé des publics les plus fragiles, en particulier les jeunes
- Programmes éducatifs et d’insertion professionnelle pour offrir des alternatives crédibles à l’économie souterraine
Seule une telle mobilisation combinant répression et prévention permettra d’endiguer durablement ce fléau et d’offrir d’autres perspectives à la jeunesse marseillaise. En attendant, la ville retient son souffle, espérant ne pas avoir à déplorer un 7ème “narchomicide” d’ici la fin de l’année…