En pleine campagne des élections législatives, le Rassemblement National se retrouve une nouvelle fois au cœur d’une polémique. Joseph Martin, candidat RN dans le Morbihan, avait été suspendu par le parti suite à un tweet datant de 2018 jugé antisémite. Mais contre toute attente, il vient d’être réinvesti après avoir été “réhabilité” par une commission interne. Une décision qui sème le trouble et divise.
Retour sur un tweet polémique
En octobre 2018, Joseph Martin avait publié sur Twitter (devenu X) un message affirmant que « Le gaz a rendu justice aux victimes de la Shoah ». Un tweet qui avait suscité l’indignation, lui valant des accusations d’antisémitisme. Face à la polémique, le candidat s’était défendu en assurant que son propos faisait référence au décès de Robert Faurisson, figure de l’extrême droite niant l’existence des chambres à gaz. Une justification qui n’avait pas convaincu.
“On s’est complètement trompé sur ce monsieur. C’est Libération qui a utilisé un tweet polémique sur cette personne. En regardant l’ensemble de ces tweets, ce n’est pas du tout ce qu’il a voulu dire.”
Louis Aliot, vice-président du RN
Une “réhabilitation” qui pose question
Mercredi dernier, le RN avait annoncé le retrait de son soutien à Joseph Martin, le suspendant en vue d’une probable exclusion. Mais vendredi, surprise : la commission des conflits du parti a finalement considéré que le propos n’était pas antisémite et a donc réinvesti le candidat. Une volte-face étonnante qui en dit long sur le traitement des polémiques en interne.
Pour justifier ce revirement, Louis Aliot, maire RN de Perpignan et vice-président du parti, a affirmé dans les médias qu’en regardant « l’ensemble de ces tweets », le candidat avait aussi publié des messages « contre la collaboration, contre le maréchal Pétain ». Une défense qui peine à convaincre tant le tweet initial semble sans équivoque.
Le spectre de l’antisémitisme
Cette polémique ravive les interrogations sur la persistance de relents antisémites au sein du RN, malgré les efforts de dédiabolisation entrepris ces dernières années. Le parti avait pourtant multiplié les sanctions et exclusions de militants tenant des propos antisémites, souhaitant tourner la page de son passé sulfureux. Mais cette réhabilitation express vient ternir ces efforts.
À quelques jours du premier tour des législatives, cette affaire tombe mal pour le RN qui espérait surfer sur ses bons résultats à la présidentielle. Au lieu de parler de son programme, le parti se retrouve à devoir gérer les déclarations problématiques de ses candidats et les polémiques qu’elles suscitent. Un dérapage de communication dont ses adversaires ne manqueront pas de se saisir.
Une campagne parasitée
Alors que les derniers sondages donnaient le RN en position de force pour obtenir un groupe conséquent à l’Assemblée, ce genre de controverse pourrait peser sur la dynamique du parti. Les électeurs sensibles à ces questions pourraient se détourner d’un mouvement suspecté de mansuétude envers les dérapages antisémites.
Pour couper court à la polémique, le RN va devoir clarifier sa position et peut-être revenir sur sa décision concernant Joseph Martin. Car au-delà de ce candidat, c’est la crédibilité et la cohérence du parti qui sont en jeu. S’il veut convaincre de sa transformation, le Rassemblement National doit se montrer intraitable face à toute forme d’antisémitisme, sans céder à la tentation de l’indulgence.
