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Le Chaos Règne aux États-Unis Deux Ans Après la Fin du Droit Fédéral à l’Avortement

Deux ans après la décision fracassante de la Cour suprême, les États-Unis sont plongés dans le chaos sur la question de l'avortement. Entre États qui l'interdisent presque totalement et ceux qui le permettent largement, le pays n'a jamais semblé aussi divisé. Enquête sur une Amérique au bord de la rupture, où l'accès à ce droit fondamental est devenu un véritable parcours du combattant pour des millions de femmes.

Deux ans après la décision fracassante de la Cour suprême mettant fin au droit fédéral à l’avortement, les États-Unis sont plus que jamais plongés dans le chaos. Depuis l’arrêt historique du 24 juin 2022 qui a renversé le célèbre arrêt Roe v. Wade, chaque État est libre d’adopter sa propre législation en matière d’interruption volontaire de grossesse. Résultat : un patchwork de lois totalement disparates à travers le pays, source de confusion et d’inégalités criantes pour des millions de femmes américaines.

Un fossé béant entre États « pro-choix » et « pro-vie »

Aujourd’hui, le contraste est saisissant entre les États ayant profité de la décision de la Cour suprême pour restreindre drastiquement l’accès à l’avortement, et ceux ayant au contraire choisi de préserver ce droit. Dans les bastions conservateurs du Sud et du Midwest, à l’instar du Texas, de la Louisiane ou du Mississippi, l’IVG est désormais interdite dès les premières semaines de grossesse, y compris en cas de viol ou d’inceste. Seule exception : lorsque la vie de la mère est en danger imminent.

À l’inverse, les États dirigés par des gouverneurs démocrates, comme New York, la Californie ou l’Illinois, ont fait de la défense du droit à l’avortement leur cheval de bataille. La plupart autorisent l’IVG sans restriction jusqu’à la viabilité du fœtus, soit autour de 24 semaines de grossesse. Certains, à l’image du Vermont, sont même allés plus loin en inscrivant ce droit dans leur Constitution.

Le parcours du combattant des femmes dans les États restrictifs

Pour les femmes vivant dans les États ayant quasiment banni l’avortement, l’accès à l’IVG est devenu un véritable chemin de croix. Beaucoup n’ont d’autre choix que de se rendre dans un État voisin plus permissif, au prix de longs et coûteux déplacements. Celles qui n’en ont pas les moyens se tournent vers des solutions dangereuses : avortements clandestins, pilules abortives achetées sur Internet sans suivi médical…

On voit arriver dans nos cliniques des femmes épuisées, stressées, qui ont parfois roulé des centaines de kilomètres. Certaines doivent s’endetter pour pouvoir avorter. C’est une situation inadmissible.

– Dr. Sarah Wallett, directrice médicale de Planned Parenthood dans le Midwest

Pression sur les États « refuges » pour l’avortement

Face à l’afflux de patientes venant d’autres États, les structures pratiquant l’IVG dans les zones « pro-choix » croulent sous la demande. Les délais s’allongent, obligeant certaines femmes à dépasser le stade légal pour avorter. Et les menaces se multiplient : manifestations agressives devant les cliniques, poursuites judiciaires contre le personnel médical, propositions de loi visant à empêcher les déplacements entre États…

Bataille politique autour de la pilule abortive

L’un des fronts actuels de la lutte acharnée entre militants « pro-vie » et « pro-choix » concerne la pilule abortive. Utilisée pour plus de la moitié des IVG aux États-Unis, elle est dans le viseur des opposants à l’avortement qui cherchent à la bannir, y compris dans les États l’autorisant. En avril, une décision surprise d’un juge fédéral au Texas a suspendu son autorisation par la FDA, avant d’être bloquée in extremis par la Cour suprême. Mais d’autres offensives sont à prévoir.

Enjeu crucial pour la présidentielle de 2024

Alors que le pays entre en campagne pour l’élection présidentielle, la question de l’avortement s’invite plus que jamais dans le débat politique. Démocrates et Républicains fourbissent leurs armes, promettant respectivement de protéger ou d’attaquer ce droit au niveau fédéral s’ils l’emportent. Chez les électeurs, le sujet reste ultra-clivant. Selon un récent sondage, 61% des Américains désapprouvent la décision de la Cour suprême, mais la propension à voter sur ce thème varie grandement selon l’affiliation politique.

Deux ans après le séisme provoqué par le revirement de la haute Cour, la question de l’avortement continue donc de diviser profondément la société américaine. Et au vu des tensions actuelles, aucun apaisement n’est en vue. Le chaos risque de perdurer pendant de longues années, au détriment des droits et de la santé de millions de femmes.

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