Alors que la France se prépare à retourner aux urnes pour les élections législatives anticipées du 30 juin et 7 juillet, la campagne électorale s’annonce d’ores et déjà sous haute tension. Dans un paysage politique chamboulé par la dissolution surprise de l’Assemblée nationale, trois blocs semblent se dégager : le Rassemblement national, une gauche radicale rassemblée derrière le Nouveau Front populaire, et les partisans d’Emmanuel Macron, sonnés mais pas vaincus. Face à cette nouvelle donne, la majorité sortante mise sur un argument de poids pour limiter la casse : le “vote utile”.
Gabriel Attal, figure de proue d’une campagne “démacronisée”
Pour tenter de sauver les meubles, le camp présidentiel a choisi de placer le Premier ministre Gabriel Attal en première ligne. Sonné et humilié par une dissolution qui le condamnait, ce dernier s’est emparé du leadership de la campagne, avec un objectif clair : incarner un “bloc central” capable de faire barrage aux extrêmes. Une stratégie qui passe par une “démacronisation” assumée, le chef du gouvernement n’hésitant pas à prendre ses distances avec certaines réformes impopulaires du quinquennat.
Reconduire Attal à Matignon est désormais l’unique thème de campagne des macronistes.
Guillaume Tabard, éditorialiste
Un pari risqué face à des adversaires survoltés
Mais ce pari du “vote utile” suffira-t-il à endiguer la poussée du RN et de la gauche radicale ? Rien n’est moins sûr. Marine Le Pen et ses troupes, ragaillardis par leur score historique à la présidentielle, rêvent d’obtenir une majorité absolue à l’Assemblée. De son côté, le Nouveau Front populaire, alliance hétéroclite de LFI, du PCF, du PS et d’EELV, entend bien surfer sur la dynamique de la “nouvelle union populaire écologique et sociale”.
- Le RN en tête dans les sondages, avec 30% d’intentions de vote au premier tour
- La majorité sortante talonne la gauche, créditée de 25% des voix
Des débats télévisés scrutés de près
Dans ce contexte, les deux débats télévisés prévus dans l’entre-deux tours s’annoncent cruciaux. Sur TF1 et France 2, Jordan Bardella, Gabriel Attal et un représentant de la gauche croiseront le fer pour tenter de convaincre les indécis. Des duels à haut risque, où chaque camp jouera très gros.
Les blocs sont loin d’être de taille équivalente. Et dans un scrutin uninominal majoritaire, la troisième place, celle qu’occupe « Ensemble pour la République », est souvent la place du mort.
Un stratège de la majorité
À trois semaines du premier tour, tous les scénarios restent possibles. Victoire du RN, coup de force de la gauche, sursaut de la majorité présidentielle… Une seule certitude : dans une France plus polarisée que jamais, cette élection à haut risque promet son lot de surprises et de coups de théâtre. Avec à la clé, l’avenir du pays pour les cinq prochaines années.