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Les Accords de Munich de 1938 : Un Saut dans le Vide pour l’Europe

Septembre 1938. La France et le Royaume-Uni sacrifient la Tchécoslovaquie face aux exigences d'Hitler. Les accords de Munich, un tournant fatal pour l'Europe. Maurizio Serra nous plonge dans les coulisses de cet événement qui...

Septembre 1938. L’Europe retient son souffle. Hitler, le Führer allemand, revendique les Sudètes, région tchécoslovaque à la population majoritairement germanophone. Les démocraties européennes, la France et le Royaume-Uni en tête, sont face à un choix cornélien : céder aux exigences du dictateur pour préserver la paix ou entrer en guerre pour défendre leur allié tchécoslovaque. C’est dans ce contexte de tension extrême que sont signés les Accords de Munich, qui resteront dans l’Histoire comme le symbole de la politique d’apaisement des démocraties face aux régimes totalitaires. Une « paix impossible » minutieusement décortiquée par l’écrivain diplomate Maurizio Serra dans son ouvrage « Munich 1938. La paix impossible ».

La conférence de Munich : l’illusion d’une paix durable

Du 29 au 30 septembre 1938, les dirigeants européens se réunissent à Munich. Hitler et Mussolini côté dictatures, Chamberlain pour le Royaume-Uni et Daladier pour la France côté démocraties. L’enjeu : régler pacifiquement la crise des Sudètes et éviter une guerre qui s’annonce dévastatrice. Après d’âpres négociations, un accord est trouvé. La Tchécoslovaquie, pourtant alliée de la France et absente des discussions, doit céder les territoires des Sudètes à l’Allemagne. En échange, Hitler s’engage à ne plus avoir de revendications territoriales en Europe.

J’ai rencontré M. Hitler, et voici le papier qu’il a signé. […] Je le considère comme un précieux document, contenant ses promesses solennelles.

– Neville Chamberlain, au retour des accords de Munich

Mais cette paix n’est qu’une illusion. Comme le montre Maurizio Serra, elle ne fait que précipiter l’Europe dans la guerre. Moins d’un an plus tard, Hitler envahit la Pologne, sonnant le début de la Seconde Guerre mondiale. Les accords de Munich apparaissent alors comme un échec cuisant de la diplomatie et un encouragement pour le dictateur nazi dans sa folle entreprise de conquête.

Le « pré-Munich » : le sacrifice de la Tchécoslovaquie

Ce qui frappe à la lecture de l’enquête de Maurizio Serra, c’est que l’abandon de la Tchécoslovaquie était en réalité acté bien avant la conférence de Munich. Dès le printemps 1938, Londres et Paris font savoir à Prague qu’en cas de conflit avec l’Allemagne, elles ne la soutiendront pas militairement. La Tchécoslovaquie, pourtant seule démocratie d’Europe centrale, est sacrifiée sur l’autel de la paix.

L’ironie de l’alliance franco-tchèque était que, depuis 1935, la France encourageait les Tchèques, tout en les avertissant que Dieu seul savait s’ils pouvaient compter sur son aide.

– Maurizio Serra

Les « munichois » : la honte des députés ayant voté les accords

En France comme au Royaume-Uni, les accords de Munich sont ratifiés par les parlements. Mais rapidement, les députés ayant approuvé ce texte sont affublés du qualificatif infamant de « munichois », synonyme de lâcheté et de démission. Seuls quelques-uns, à l’instar de Léon Blum, réussissent à se défaire de cette étiquette.

  • En France, 535 députés votent pour les accords, seuls 75 s’y opposent.
  • Au Royaume-Uni, les accords sont approuvés par 366 voix contre 144.

Maurizio Serra revient sur les débats passionnés et les déchirements qui ont entouré ces votes. Il montre comment, en quelques jours, les certitudes vacillent et les lignes politiques se brouillent face à l’imminence d’une guerre.

1938-2023 : les leçons de Munich sont-elles retenues ?

85 ans après les faits, la politique d’apaisement symbolisée par les accords de Munich continue d’interroger. Face à la montée des populismes et aux velléités expansionnistes de certains États, les démocraties sont-elles mieux armées qu’en 1938 pour défendre leurs valeurs ? La realpolitik l’emporte-t-elle toujours sur les principes ? Autant de questions que soulève, en filigrane, l’ouvrage de Maurizio Serra.

Munich reste le lieu par excellence des rendez-vous manqués, le synonyme de l’aveuglement des démocraties face aux périls qui les menacent.

– Maurizio Serra

Au final, « Munich 1938. La paix impossible » est bien plus qu’un livre d’histoire. C’est une réflexion sur la fragilité de la paix, la lâcheté des dirigeants et les errements des démocraties. Un voyage fascinant au cœur d’une Europe au bord du gouffre, qui ne peut laisser indifférent à l’heure où les vieux démons ressurgissent aux quatre coins du continent.

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