En coulisses du gouvernement Barnier, une situation inédite se joue. Alors que le nouveau Premier ministre prend son temps pour composer son équipe, les ministres démissionnaires se retrouvent dans une position délicate, coincés entre deux eaux. Encore officiellement en poste mais déjà un pied dehors, ils doivent composer avec l’autorité d’un chef qu’ils n’ont pas choisi et qui ne les a pas reconduits. Une zone grise qui bouscule les codes habituels de la discipline gouvernementale.
Un gouvernement en transition, des ministres en sursis
Le temps semble comme suspendu à Matignon. Michel Barnier, fraîchement nommé à la tête du gouvernement, joue la montre pour présenter son équipe. Une situation qui place les ministres démissionnaires dans une position inconfortable, contraints de gérer les affaires courantes sans visibilité sur leur avenir.
Théoriquement toujours soumis à l’autorité du Premier ministre, certains n’hésitent pourtant pas à prendre leurs distances, quitte à créer des remous. Gérald Darmanin, encore locataire de la Place Beauvau pour quelques jours, a ainsi révélé sans filtre ses échanges avec Michel Barnier devant des députés stupéfaits, suscitant l’embarras de Matignon.
Quand les langues se délient à l’approche du remaniement
À l’approche du remaniement, d’autres ministres sortants se risquent à donner publiquement des conseils à leur probable successeur. Marc Fesneau (Agriculture) appelle à respecter un “équilibre” entre macronistes et LR quand Roland Lescure (Industrie) met en garde contre une équipe sans “poids lourds” de la macronie.
Les relations avec l’État sont abîmées. Les collectivités sont particulièrement attentives à la composition du nouveau gouvernement.
Un maire qui a requis l’anonymat
Une liberté de parole inhabituelle qui traduit un relâchement de la discipline gouvernementale en cette période de transition politique. Mais aussi des inquiétudes, notamment chez les élus locaux qui espèrent un “dialogue renouvelé” après des tensions avec l’exécutif.
Une marge de manœuvre limitée pour les ministres démissionnaires
Si certains ministres se permettent quelques libertés, leur marge de manœuvre reste limitée. Privés de la légitimité d’un chef qui les a choisis, ils expédient surtout les affaires courantes, laissant les arbitrages sensibles à leurs successeurs.
Une configuration hors norme qui devrait prendre fin d’ici quelques jours avec l’annonce de la nouvelle équipe gouvernementale. D’ici là, les ministres en sursis naviguent comme ils peuvent dans cette zone grise, entre deux quinquennats. Une période de flottement inédite sous la Ve République.
Les défis qui attendent le futur gouvernement
Au-delà des questions de personnes, c’est un véritable cap politique qu’il faudra fixer rapidement. Entre des finances publiques dégradées, un contexte social tendu et des réformes au point mort, les dossiers urgents ne manquent pas sur le bureau du prochain locataire de Matignon.
- Rétablir la confiance avec les collectivités locales
- Clarifier la ligne sur les retraites et le pouvoir d’achat
- Relancer la machine des réformes
- Trouver un nouvel équilibre des pouvoirs avec le Parlement
Autant de chantiers titanesques qui exigeront un exécutif solide et cohérent. La fin du flottement pour les ministres démissionnaires sonnera donc le début d’une nouvelle ère semée d’embûches pour le gouvernement Barnier. Réussira-t-il son pari d’incarner le “dépassement politique” promis? Les prochaines semaines seront décisives.