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ZFE en Europe : Bilan Après la Suppression en France

La France abandonne ses ZFE, mais ailleurs en Europe, elles transforment les villes. Quels résultats à Milan, Stockholm et Londres ? Découvrez les chiffres surprenants...

Alors que la France fait marche arrière sur ses zones à faibles émissions (ZFE), une question se pose : où en est le reste de l’Europe ? Ce choix audacieux, voté récemment par l’Assemblée nationale, contraste avec une tendance claire dans les grandes métropoles européennes, où ces zones se multiplient pour lutter contre la pollution et fluidifier le trafic. En 2022, pas moins de 320 ZFE étaient actives sur le continent, un chiffre en hausse de 40 % par rapport à 2019. À travers les exemples de Milan, Stockholm et Londres, explorons les impacts concrets de ces initiatives et ce qu’ils révèlent pour l’avenir de nos villes.

Une France à contre-courant des ZFE européennes

La décision française de supprimer les ZFE, inscrite dans un projet de loi de « simplification », a suscité un vif débat. Adopté par 275 voix contre 252, ce texte doit encore être examiné par une commission mixte paritaire avant son adoption définitive. Mais ce recul intervient alors que l’Europe, elle, accélère. Selon une étude du cercle de réflexion Transport & Environment, le nombre de ZFE pourrait atteindre 500 d’ici fin 2025. Pourquoi une telle différence d’approche ? Pour mieux comprendre, penchons-nous sur trois villes européennes emblématiques et leurs résultats.

Milan : un référendum pour un air plus pur

En Italie, Milan s’est imposée comme un modèle en matière de ZFE. Tout a commencé en 2011 avec un référendum citoyen, qui a approuvé la création d’une zone à accès limité dans le centre historique. Ce dispositif, officialisé en 2013, repose sur un péage urbain de 7,50 euros par jour pour les non-résidents, réduit à 3 euros pour les habitants. Les véhicules électriques, hybrides, ou roulant au biocarburant entrent gratuitement, tandis que les plus polluants sont progressivement exclus.

Les résultats sont impressionnants. Entre 2010 et 2021, le trafic quotidien a chuté de plus d’un tiers, et la pollution par les particules fines PM10 a été réduite de près de 90 %, selon les données municipales. En 2019, Milan a franchi une nouvelle étape en créant une zone d’exclusion élargie, couvrant 72 % de la ville, ciblant particulièrement les diesels. Les contrevenants s’exposent à des amendes allant de 163 à 658 euros.

La proportion de véhicules propres a explosé dans cette nouvelle zone, même si la baisse du trafic reste modeste.

Données municipales, 2023

Ce succès s’explique par une approche progressive et des incitations claires pour adopter des moyens de transport moins polluants. Milan montre qu’une ZFE bien conçue peut transformer une ville, à condition d’accompagner les habitants dans la transition.

Stockholm : pionnière des zones propres

La capitale suédoise fait figure de précurseur. Dès 1996, Stockholm a instauré une ZFE dans son centre-ville, initialement pour les camions et bus. Aujourd’hui, seuls les poids lourds respectant la norme Euro 6, la plus stricte, y sont autorisés. Cette mesure a permis de réduire la pollution par les particules fines de 40 %, selon un rapport de l’Institute for European Environmental Policy.

Un projet encore plus ambitieux, une « zone zéro émission » interdisant tous les véhicules thermiques, y compris hybrides, devait voir le jour fin 2024 dans un quartier central. Mais cette initiative a été suspendue après l’opposition d’entreprises locales, montrant les défis d’une transition trop rapide. Malgré ce revers, Stockholm reste un exemple de longévité et d’efficacité dans la lutte contre la pollution urbaine.

En résumé :

  • ZFE instaurée en 1996 pour les poids lourds.
  • Réduction de 40 % des particules fines.
  • Projet de zone zéro émission suspendu en 2024.

Londres : la plus grande ZFE du monde

Londres, avec ses 9 millions d’habitants, abrite la ZFE la plus vaste au monde, couvrant 1 500 km². Tout a commencé en 2003 avec un péage urbain de 15 livres (environ 18 euros) pour accéder au centre-ville, visant à réduire les embouteillages. En 2021, une ZFE spécifique pour les bus et camions a été étendue à tout le Grand Londres, avec des frais d’entrée de 100 à 300 livres pour les véhicules non conformes à la norme Euro 6.

En 2023, la ville a renforcé ses mesures avec une zone à très faible émission pour les voitures particulières. Les véhicules essence ne respectant pas la norme Euro 4 ou diesel Euro 6 doivent payer 12,50 livres par jour. Les amendes, elles, s’élèvent à 160 livres. Cette politique, portée par le maire Sadiq Khan, a suscité de vives critiques initialement, mais les résultats parlent d’eux-mêmes : en 2024, les émissions de particules fines PM2,5 ont diminué de 31 %, selon une étude municipale.

La qualité de l’air s’améliore, mais le coût social de ces mesures reste un défi.

Étude municipale de Londres, 2024

Londres illustre le potentiel des ZFE à grande échelle, mais aussi la nécessité de communiquer pour gagner l’adhésion des citoyens.

Que retenir pour la France ?

Les expériences de Milan, Stockholm et Londres montrent que les ZFE, lorsqu’elles sont bien pensées, réduisent significativement la pollution et le trafic. Mais elles ne vont pas sans obstacles : opposition des entreprises, coût pour les citoyens, ou besoin d’infrastructures adaptées. La France, en supprimant ses ZFE, semble ignorer ces succès européens. Pourtant, les chiffres parlent : jusqu’à 90 % de particules fines en moins à Milan, 40 % à Stockholm, 31 % à Londres.

Ce choix pourrait avoir des conséquences à long terme sur la qualité de l’air et la santé publique. Alors que l’Europe mise sur des villes plus propres, la France devra-t-elle faire machine arrière dans quelques années ? L’avenir le dira.

Ville Année de création Réduction pollution Coût d’entrée
Milan 2011 90 % PM10 7,50 €
Stockholm 1996 40 % particules Gratuit (Euro 6)
Londres 2003/2021 31 % PM2,5 12,50 £ (voitures)

En attendant, les métropoles européennes continuent d’innover, prouvant qu’un air plus sain est possible. La France, elle, semble jouer une partition différente. Mais pour combien de temps ?

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