Imaginez un champ de bataille où chaque pas peut être le dernier. Depuis plus de trois ans, l’Ukraine vit sous la menace constante de l’invasion russe, un conflit qui redéfinit les priorités d’un pays en lutte pour sa survie. Dans ce contexte, une décision inattendue secoue la scène internationale : le président Volodymyr Zelensky a signé un décret visant à retirer l’Ukraine de la Convention d’Ottawa, un traité interdisant les mines antipersonnel. Ce choix, qualifié de « difficile mais nécessaire » par les autorités ukrainiennes, soulève des questions cruciales sur l’équilibre entre défense nationale et respect des normes humanitaires. Pourquoi un pays, autrefois engagé dans ce traité, envisage-t-il de revenir sur cet engagement ? Plongeons dans les raisons, les implications et les débats entourant cette annonce.
Un Tournant Stratégique pour l’Ukraine
Le 29 juin 2025, Volodymyr Zelensky a pris une décision qui pourrait marquer un tournant dans la stratégie militaire de l’Ukraine. Par un décret présidentiel, il a ouvert la voie à un possible retrait de la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, plus connue sous le nom de Convention d’Ottawa. Ce traité, signé en 1997 par plus de 160 pays, interdit l’utilisation de ces armes dévastatrices, conçues pour exploser au contact ou à proximité d’une personne, causant des blessures graves, voire mortelles. L’Ukraine, qui avait ratifié ce texte en 2005, semble aujourd’hui prête à reconsidérer sa position face à une guerre qui ne faiblit pas.
Ce décret n’est pas encore effectif : il doit être approuvé par la Rada, le parlement ukrainien, puis notifié à l’Organisation des Nations Unies. Mais l’annonce seule suffit à provoquer des remous, tant sur le plan national qu’international. Pourquoi ce revirement ? La réponse réside dans la brutalité du conflit avec la Russie, qui, elle, n’a jamais adhéré à ce traité et utilise massivement ces engins explosifs contre les forces et les civils ukrainiens.
La Russie et l’Usage des Mines : Une Asymétrie Fatale
Depuis le début de l’invasion en février 2022, la Russie a déployé des mines antipersonnel sur le territoire ukrainien, transformant des zones entières en champs de mort. Ces armes, souvent invisibles, restent actives longtemps après les combats, menaçant la vie des civils et compliquant le retour des populations déplacées. Contrairement à l’Ukraine, la Russie n’est pas liée par les obligations de la Convention d’Ottawa, ce qui crée une asymétrie stratégique. Comme l’a souligné Roman Kostenko, député ukrainien et membre de la commission de la sécurité nationale :
« C’est une mesure que la réalité de la guerre exigeait depuis longtemps. La Russie utilise massivement des mines contre nos militaires et nos civils. Nous ne pouvons pas rester tenus par des obligations alors que l’ennemi n’a aucune restriction. »
Roman Kostenko, député ukrainien
Pour l’Ukraine, respecter un traité que son adversaire ignore revient à se battre avec une main attachée dans le dos. Les mines antipersonnel, bien que controversées, sont des armes efficaces pour ralentir l’avancée ennemie, protéger des positions stratégiques et limiter les pertes humaines côté ukrainien. Face à un ennemi qui ne respecte pas les mêmes règles, Kiev semble prêt à faire des choix pragmatiques, même au prix de critiques internationales.
La Convention d’Ottawa : Un Symbole Humanitaire
Entrée en vigueur en 1999, la Convention d’Ottawa est un pilier du droit humanitaire international. Elle vise à protéger les civils en interdisant des armes qui, par leur nature indiscriminée, causent des souffrances inutiles. Ces mines, souvent enfouies dans le sol, ne font pas de distinction entre soldats et civils, et leur impact persiste des décennies après la fin des conflits. Selon les estimations, des millions de mines non désamorcées jonchent encore des territoires à travers le monde, de l’Afghanistan au Cambodge.
Pour l’Ukraine, rejoindre ce traité en 2005 était un symbole fort de son engagement envers les normes internationales. Mais la guerre a changé la donne. Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a justifié cette décision comme une réponse « nécessaire et proportionnée » à l’agression russe. Ce choix, bien que stratégique, n’est pas sans risques, notamment en termes de réputation internationale et de sécurité des populations à long terme.
Une Décision Controversée : Réactions et Critiques
La décision de Zelensky n’a pas tardé à susciter des réactions. Si certains, comme Roman Kostenko, saluent un choix dicté par la « réalité de la guerre », d’autres voix s’élèvent pour dénoncer un recul dangereux. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a exprimé ses inquiétudes, qualifiant ce type de décision de « dangereux recul pour la protection des civils dans les conflits armés ». En mars 2025, les pays baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie) et la Pologne, alliés de l’Ukraine, avaient eux aussi annoncé leur retrait de la Convention d’Ottawa, une décision déjà critiquée par des ONG humanitaires.
Pourquoi les mines antipersonnel sont-elles si controversées ?
- Impact indiscriminé : Elles frappent sans distinction soldats et civils.
- Conséquences à long terme : Les mines restent actives des décennies après un conflit.
- Coût humanitaire : Elles provoquent des blessures graves, souvent fatales.
- Obstacles au développement : Elles empêchent le retour des populations et la reconstruction.
Ces critiques soulignent un dilemme moral : peut-on justifier l’utilisation d’armes controversées pour protéger un pays en guerre ? Pour l’Ukraine, la réponse semble pencher vers la survie immédiate, mais les conséquences à long terme restent incertaines.
Les Implications à Long Terme
Si la Rada approuve le décret et que l’Ukraine se retire officiellement de la Convention d’Ottawa, les implications seront multiples. Sur le plan militaire, l’utilisation de mines antipersonnel pourrait renforcer les défenses ukrainiennes, notamment dans les zones de front comme le Donbass. Ces armes, peu coûteuses et faciles à déployer, pourraient ralentir les avancées russes et protéger les positions stratégiques. Cependant, elles risquent aussi d’aggraver les souffrances des civils, y compris des Ukrainiens, dans les territoires occupés ou libérés.
Sur le plan international, ce retrait pourrait ternir l’image de l’Ukraine, perçue jusqu’ici comme une victime défendant des valeurs démocratiques. Les alliés occidentaux, dont beaucoup sont signataires de la Convention d’Ottawa, pourraient exprimer leur malaise, même s’ils comprennent les impératifs de la guerre. Enfin, à long terme, le recours à ces mines pourrait compliquer la reconstruction de l’Ukraine, car le déminage est un processus coûteux et dangereux.
Aspect | Avantages | Inconvénients |
---|---|---|
Militaire | Ralentit l’ennemi, protège les positions | Risque pour les civils et soldats ukrainiens |
Humanitaire | Aucun avantage direct | Augmentation des victimes civiles, obstacles à la reconstruction |
Diplomatique | Alignement avec certains alliés (pays baltes, Pologne) | Critiques des ONG et pays signataires |
Un Dilemme Éthique et Stratégique
La décision de l’Ukraine reflète un dilemme universel : jusqu’où peut-on aller pour défendre son territoire ? En temps de guerre, les choix éthiques sont souvent éclipsés par la nécessité de survie. Pourtant, ce revirement pourrait avoir des répercussions durables, non seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour l’avenir des traités humanitaires internationaux. Si d’autres pays suivent l’exemple des pays baltes, de la Pologne et potentiellement de l’Ukraine, la Convention d’Ottawa pourrait perdre de son poids, fragilisant des décennies de progrès dans la protection des civils.
Pour l’heure, l’Ukraine se trouve à la croisée des chemins. Entre la nécessité de se défendre et l’engagement envers des principes humanitaires, le choix de Zelensky illustre les tensions inhérentes à un conflit asymétrique. Alors que la guerre continue de faire rage, une question demeure : ce retrait changera-t-il la donne sur le champ de bataille, ou ouvrira-t-il la porte à de nouvelles tragédies ?
Points clés à retenir
- L’Ukraine envisage de quitter la Convention d’Ottawa pour contrer l’agression russe.
- La Russie, non signataire, utilise massivement des mines antipersonnel.
- La décision suscite des critiques, notamment du CICR et des ONG.
- Les implications touchent la stratégie militaire, la diplomatie et l’humanitaire.
En conclusion, la décision de Volodymyr Zelensky marque un tournant dans la guerre en Ukraine, mais aussi dans le débat mondial sur l’utilisation des armes controversées. Alors que le pays lutte pour sa survie, le monde observe, partagé entre compréhension et inquiétude. Une chose est sûre : ce choix ne laissera personne indifférent.