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Zelensky Réclame des Garanties de Sécurité Plus Longues à Trump

Les États-Unis proposent 15 ans de garanties de sécurité à l’Ukraine, mais Zelensky demande 30, 40 voire 50 ans. Sans ces assurances solides, impossible selon lui de lever la loi martiale. À quoi pourrait ressembler la suite ?

Imaginez un instant : après presque quatre années d’un conflit d’une violence inouïe, le dirigeant d’un pays en guerre se retrouve face au nouvel homme fort de la première puissance mondiale pour négocier l’avenir de son peuple. Dimanche dernier, cette scène a bien eu lieu. Volodymyr Zelensky a rencontré Donald Trump et a abordé un sujet crucial : les fameuses garanties de sécurité que l’Ukraine réclame depuis longtemps pour assurer sa survie face à son puissant voisin.

Une proposition américaine jugée insuffisante

Washington aurait transmis à Kiev une offre concrète : des garanties de sécurité qualifiées de solides et prévues pour une période initiale de quinze ans, avec possibilité de prolongation. Une durée qui, sur le papier, peut sembler importante. Pourtant, du point de vue ukrainien, elle reste très largement en deçà des attentes.

Le président ukrainien n’a pas caché sa déception. Il a clairement exprimé à son homologue américain le souhait de voir cette période considérablement allongée. Trente ans, quarante ans, voire cinquante ans : voilà les horizons temporels que Kiev aimerait voir inscrits noir sur blanc dans un futur accord.

« Je lui ai dit que nous voulons vraiment considérer la possibilité de 30, 40, 50 ans », a-t-il confié lors d’une conférence de presse en ligne organisée le lendemain de cette rencontre au sommet. Une demande qui en dit long sur le sentiment d’insécurité profonde qui anime aujourd’hui les autorités ukrainiennes.

Pourquoi une telle différence de perception ?

Quinze ans peuvent paraître une éternité en politique intérieure américaine où les mandats présidentiels durent quatre ans et où les cycles électoraux rythment la vie publique. Mais pour un pays qui a subi une agression militaire d’une telle ampleur, quinze années représentent à peine une génération.

Les Ukrainiens ont intégré une réalité brutale : la menace ne disparaîtra pas du jour au lendemain. Même si les combats devaient cesser, la reconstruction d’une confiance stratégique prendrait des décennies. C’est pourquoi la perspective d’un horizon de sécurité limité dans le temps suscite une réelle appréhension.

De l’autre côté de l’Atlantique, l’approche semble davantage pragmatique. Quinze ans constituent déjà un engagement très long dans la diplomatie contemporaine, surtout lorsqu’il s’agit de garanties unilatérales ou bilatérales sans passer par l’OTAN.

La levée de la loi martiale conditionnée aux garanties

Le président ukrainien a établi un lien extrêmement clair entre ces futures garanties de sécurité et la fin de la loi martiale instaurée dès les premières heures de l’invasion, en février 2022.

Cette loi, qui restreint fortement les libertés publiques et interdit notamment aux hommes de 25 à 60 ans de quitter le territoire (sauf exceptions très encadrées), est devenue un symbole à la fois de résistance et de sacrifice collectif.

« Nous voulons tous que la guerre se termine et c’est seulement à ce moment-là que la loi martiale sera levée. Cependant, la levée de la loi martiale interviendra quand l’Ukraine obtiendra des garanties de sécurité. Sans garanties de sécurité, cette guerre ne peut pas être considérée comme pleinement terminée. »

Cette déclaration est lourde de sens. Elle signifie que, pour les autorités ukrainiennes, la guerre ne s’arrêtera réellement que lorsque le pays disposera d’un filet de sécurité suffisamment robuste pour dissuader toute nouvelle agression.

Un calendrier diplomatique chargé pour janvier

Au-delà de la rencontre Trump-Zelensky, le président ukrainien a esquissé les prochaines étapes de la diplomatie en cours. Il a notamment annoncé son intention d’organiser très rapidement une réunion des conseillers politiques américains, européens et ukrainiens… et ce, idéalement sur le sol ukrainien.

« Dans les prochains jours, nous voulons organiser une rencontre au niveau des conseillers. Roustem Oumerov est déjà en contact avec tous les conseillers américains et européens. Nous voulons que cette rencontre se tienne enfin en Ukraine », a-t-il expliqué avec détermination.

Cette insistance à faire venir les conseillers à Kiev n’est pas anodine. Elle traduit à la fois le besoin de visibilité internationale et la volonté de montrer que l’Ukraine reste un acteur central et non un simple objet des discussions.

Vers une séquence de rencontres en cascade ?

Si cette réunion des conseillers a bien lieu en janvier, elle pourrait ouvrir la voie à plusieurs autres rendez-vous de haut niveau :

  • Une rencontre entre dirigeants européens et ukrainiens
  • Éventuellement un sommet réunissant Donald Trump et plusieurs dirigeants européens
  • À plus long terme, une forme ou une autre de contact avec la partie russe

Cette architecture en plusieurs niveaux témoigne d’une volonté de multiplier les points de contact et de créer une dynamique diplomatique soutenue au tout début de la nouvelle administration américaine.

Quel contenu concret pour ces garanties ?

Si la durée fait débat, le contenu même de ces garanties reste encore assez flou pour le grand public. Plusieurs hypothèses circulent :

  1. Engagements formels de soutien militaire continu en cas de nouvelle agression
  2. Fourniture d’armes défensives à long terme
  3. Assistance à la reconstruction des capacités de défense
  4. Éventuelles consultations automatiques en cas de menace grave
  5. Coordination renforcée en matière de renseignement

Ces différents éléments, s’ils étaient combinés et inscrits dans une durée très longue, pourraient effectivement constituer un véritable « parapluie de sécurité » alternatif à une adhésion pleine et entière à l’Alliance atlantique, objectif toujours affiché par Kiev mais qui reste hors de portée à court terme.

Un rapport de force en pleine évolution

La demande ukrainienne de garanties sur plusieurs décennies traduit aussi la perception d’un rapport de force en train de changer. Avec l’arrivée d’une nouvelle administration américaine moins engagée émotionnellement dans le conflit qu’a pu l’être la précédente, Kiev semble vouloir obtenir le maximum de garanties avant que le vent diplomatique ne tourne davantage.

Le fait que Donald Trump ait répondu qu’il allait « réfléchir » à la proposition d’allonger la durée est déjà un signal intéressant. Cela montre que la discussion n’est pas close et que la porte reste ouverte à une négociation plus ambitieuse.

Les implications intérieures pour l’Ukraine

Au-delà de l’aspect stratégique, la question des garanties de sécurité possède aussi une dimension très concrète pour la société ukrainienne.

La loi martiale impacte profondément la vie quotidienne : restrictions de déplacement, mobilisation générale, report des élections, concentration des pouvoirs exécutifs. La promesse d’y mettre fin constitue l’une des principales attentes de la population après la fin des hostilités actives.

Conditionner cette levée à l’obtention de garanties solides et durables apparaît donc comme une manière de transformer un sacrifice exceptionnel en gain stratégique durable pour les générations futures.

Et maintenant ?

Les semaines et les mois à venir seront déterminants. La capacité des négociateurs ukrainiens à transformer la proposition initiale de quinze ans en un engagement beaucoup plus long constituera un test majeur de leur habileté diplomatique face à une administration américaine qui affiche d’autres priorités.

Parallèlement, la tenue effective d’une réunion des conseillers en Ukraine même en janvier enverrait un signal politique fort : malgré les immenses défis, Kiev reste au centre du jeu diplomatique et refuse de se laisser marginaliser.

Entre une offre américaine jugée trop courte et une demande ukrainienne très ambitieuse, le chemin vers un accord reste semé d’embûches. Mais pour la première fois depuis longtemps, un vrai calendrier de rencontres à hauts niveaux semble se dessiner pour les toutes premières semaines de 2026. Et c’est déjà une petite victoire pour la diplomatie en temps de guerre.

La suite de cette séquence diplomatique intense pourrait redessiner durablement l’architecture de sécurité européenne. À suivre donc avec la plus grande attention.

À retenir : La bataille pour la durée des garanties de sécurité est bien plus qu’une simple question de chiffres. Elle cristallise l’ensemble des angoisses et des espoirs d’une nation qui, après avoir payé un prix humain et matériel considérable, refuse de revivre un jour le même cauchemar.

Le dialogue qui s’ouvre entre Washington et Kiev sur ce sujet crucial ne fait que commencer. Et l’histoire retiendra sans doute que c’est en ces derniers jours de 2025 que les bases d’un nouveau chapitre de la sécurité ukrainienne ont commencé à s’écrire.

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