Alors que la guerre fait rage en Ukraine depuis bientôt trois ans, le président Volodymyr Zelensky a confié lundi ses espoirs de voir l’élection présidentielle américaine du 5 novembre prochain changer la donne. D’après une source proche du dirigeant ukrainien, il mise beaucoup sur ce scrutin pour donner un nouvel élan à l’intégration de son pays dans l’Otan et pousser la Russie à entamer des négociations de paix.
L’Ukraine a les yeux rivés sur Washington
Selon Zelensky, la volonté de Moscou de négocier “dépend en premier ordre des élections aux Etats-Unis”. Il estime que les Russes observeront de près la politique américaine sur cette question et que Washington fera rapidement connaître sa position après le scrutin, sans attendre l’investiture du nouveau président en janvier. Les États-Unis, force dominante au sein de l’Otan, ont apporté une aide militaire et financière cruciale de dizaines de milliards de dollars à l’Ukraine depuis 2022. Mais cette manne vitale pourrait être remise en cause en cas de victoire du candidat républicain Donald Trump, qui a critiqué ce soutien.
J’ai eu une bonne rencontre avec Trump. Elle a été aussi positive que possible. Et j’en suis content.
Volodymyr Zelensky
Le président ukrainien assure néanmoins avoir eu de “bonnes” réunions tant avec Donald Trump qu’avec sa rivale démocrate Kamala Harris lors de sa visite aux États-Unis en septembre dernier. Il se félicite d’une “très bonne réunion avec Harris”.
Kiev veut une invitation officielle dans l’Otan
Au-delà des élections, Zelensky espère surtout que Washington donnera son feu vert à une invitation officielle de l’Ukraine dans l’Otan, malgré la guerre en cours avec la Russie. Un projet crucial pour Kiev auquel les États-Unis rechignent pour l’instant. “Après les élections, nous espérons une réaction plus positive de la part des États-Unis”, a-t-il déclaré, estimant que les Américains “ne veulent pas” faire de changements de position importants pendant la campagne.
L’Ukraine voit l’Otan comme la seule véritable protection face à la menace russe. Moscou affirme d’ailleurs avoir envahi le pays justement pour empêcher ce rapprochement. Kiev souhaite obtenir une invitation à rejoindre l’Alliance le plus rapidement possible, même si environ 20% de son territoire est occupé par la Russie. L’adhésion officielle interviendrait après la fin du conflit.
Le “plan de victoire” de Zelensky
Cette invitation à l’Otan est le premier point du “plan de victoire” récemment présenté par Volodymyr Zelensky à ses principaux alliés. Celui-ci propose également le déploiement en Ukraine de moyens de dissuasion non-nucléaires. D’après le président ukrainien, ce plan pourrait permettre d’aboutir à une “fin juste et rapide” de la guerre d’ici 2025. Il rejette en revanche l’idée de céder des territoires en échange de la paix, malgré un manque critique d’effectifs et de ressources côté ukrainien.
Zelensky compte sur un éventuel soutien américain pour vaincre les réticences d’autres pays de l’Otan comme l’Allemagne, la Hongrie ou la Slovaquie. Il constate que “la partie allemande est sceptique quant à notre adhésion à l’Otan” car “ils ont peur” de la “réaction russe”. Mais il assure qu’une majorité d’alliés est favorable à l’invitation de l’Ukraine.
Nous allons devoir tous travailler dur avec la partie allemande. Mais il n’en reste pas moins que les États-Unis auront une influence sur ce dossier.
Volodymyr Zelensky
Pas question d’armes nucléaires
Le président ukrainien a par ailleurs tenu à clarifier ses propos de la semaine dernière qui avaient pu paraître ambigus. Il a affirmé lundi que son pays ne demandait pas d'”armes nucléaires” à ses alliés occidentaux pour combattre l’invasion russe.
Après la chute de l’URSS, l’Ukraine avait accepté de remettre à Moscou les armes nucléaires soviétiques stockées sur son territoire, dans le cadre du mémorandum de Budapest de 1994. La Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni garantissaient en échange sa sécurité. Mais pour Zelensky, l’Ukraine a rendu ses armes nucléaires “sans rien recevoir en échange”. “Nous aurions dû les échanger contre l’adhésion à l’Otan”, a-t-il regretté.
Une situation militaire critique
Sur le terrain, l’Ukraine se trouve dans une situation très difficile. Ses forces reculent depuis des mois sur le front Est et la Russie continue de pilonner les villes ukrainiennes, faute de défenses antiaériennes suffisantes côté ukrainien. Ces frappes font quasi quotidiennement des victimes civiles.
Dans la nuit de lundi à mardi, deux adultes et un enfant ont ainsi été tués dans une attaque de drones de combat à Soumy, dans le nord-est du pays, selon l’administration régionale. Deux autres civils sont morts mardi dans d’autres frappes dans les régions de Donetsk (est) et Dnipropetrovsk (centre-est), d’après les autorités locales.
Face à cette situation critique, Volodymyr Zelensky place donc beaucoup d’espoirs dans l’élection présidentielle américaine. Selon lui, elle pourrait débloquer deux dossiers cruciaux pour l’Ukraine : son intégration dans l’Otan et l’ouverture de négociations de paix avec la Russie. Reste à voir si ses attentes seront comblées, quel que soit le vainqueur du scrutin.