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Zelensky Limoge Son Bras Droit dans un Scandale Explosif

Ce vendredi, Volodymyr Zelensky a brutalement limogé Andriï Iermak, l’homme qu’on présentait comme le « vice-président » de l’Ukraine. Perquisitions à son domicile, soupçons de pressions sur la justice, un scandale à 86 millions d’euros… Et si c’était le début de la fin pour le clan présidentiel ? La suite va vous surprendre.

Imaginez le cœur battant de Kiev, ce vendredi matin. Des agents masqués frappent à la porte d’un appartement cossu. À l’intérieur : l’homme le plus puissant d’Ukraine après le président lui-même. Quelques heures plus tard, le couperet tombe. Andriï Iermak n’est plus chef de cabinet. Un séisme politique dont les ondes de choc risquent de se faire sentir jusqu’aux fronts de Donbass et aux tables de négociations avec les États-Unis.

Un départ qui ressemble à une chute

Dans son message quotidien diffusé sur les réseaux sociaux, Volodymyr Zelensky a annoncé la nouvelle avec une sobriété calculée. « Le chef de cabinet, Andriï Iermak, a présenté sa démission », a-t-il déclaré, avant de le remercier pour avoir « toujours représenté la position de l’Ukraine » et adopté « une position patriotique ».

Derrière les formules policées, la réalité est brutale. Quelques heures avant l’annonce, les enquêteurs de l’agence nationale anticorruption (NABU) et du parquet spécialisé perquisitionnaient le domicile de l’intéressé. Officiellement, aucune précision sur les motifs. Mais dans les couloirs du pouvoir, on murmure déjà que ces fouilles sont directement liées au plus gros scandale de corruption du mandat Zelensky.

86 millions d’euros détournés : le scandale qui a tout fait basculer

Début novembre, une bombe explosait dans le secteur énergétique ukrainien, déjà fragilisé par les bombardements russes. Les enquêteurs mettaient au jour un système criminel organisé permettant de détourner environ 86 millions d’euros. Deux ministres avaient sauté. Plusieurs arrestations. Et au centre du dispositif : Timour Minditch, un ancien associé et ami proche du président.

Mais le nom qui revenait sans cesse dans les conversations interceptées ? Un certain « Ali Baba ». Un pseudonyme qui, selon des députés d’opposition, désignerait Andriï Iermak lui-même – les initiales de son prénom et patronyme, Andriï Borysovytch. Sur les enregistrements, « Ali Baba » ordonnerait des pressions sur les structures anticorruption pour étouffer l’affaire.

« Cette situation affaiblit la position ukrainienne dans les négociations et la Russie exploitera sans aucun doute ce scandale »

Volodymyr Fessenko, analyste politique ukrainien

L’homme qui murmurait à l’oreille de Zelensky

Pour comprendre l’ampleur du choc, il faut revenir sur le parcours fulgurant d’Andriï Iermak. Ancien producteur de cinéma et juriste spécialisé en propriété intellectuelle, il avait rencontré Zelensky à l’époque où ce dernier était encore comédien. Une amitié née sur les plateaux de tournage qui allait changer le destin du pays.

Nommé à la tête du cabinet présidentiel en 2020, il était rapidement devenu bien plus qu’un conseiller. Diplomatie, sécurité, nominations stratégiques : Iermak concentrait un pouvoir inédit. On le surnommait « vice-président » ou, plus ironiquement, « le président de fait ». Il accompagnait Zelensky à quasiment tous les événements officiels. Certains affirment même que leurs lits étaient voisins dans le bunker présidentiel.

Depuis le début de l’invasion russe, c’est lui qui menait les négociations les plus sensibles. Washington, Genève le week-end dernier… Iermak était l’interlocuteur privilégié des Américains. Le voir partir maintenant, à l’heure où Kiev discute d’un plan de paix sous patronage américain, a de quoi faire trembler tout l’appareil d’État.

Une influence qualifiée d’« hypnotique »

Depuis quatre ans, une question taraude les observateurs : qui dirige vraiment l’Ukraine ? L’influence d’Iermak sur Zelensky était devenue un sujet de conversation récurrent, y compris au sein du parti présidentiel.

« Son influence sur Volodymyr Zelensky, c’est comme de l’hypnose »

Une source haut placée au sein du parti présidentiel

Des voix critiques, parfois issues des rangs mêmes du pouvoir, accusaient Iermak d’avoir marginalisé le ministère des Affaires étrangères, de contrôler l’accès au président et d’influencer presque toutes les décisions stratégiques. « Iermak ne permet à personne d’approcher Zelensky, sauf les gens loyaux », confiait récemment un ancien haut responsable.

Un timing qui pose question

Pourquoi maintenant ? La question brûle toutes les lèvres. L’Ukraine traverse pourtant l’une des périodes les plus difficiles de son histoire récente. Sur le front, les soldats sont épuisés. Les réserves en hommes et en matériel s’amenuisent. Et surtout, Kiev négocie avec Washington un plan visant à mettre fin à quatre ans de guerre.

En écartant son bras droit au pire moment, Zelensky prend un risque énorme. Certains y voient un geste de transparence destiné à rassurer les partenaires occidentaux, lassés des affaires de corruption. D’autres soupçonnent une opération de communication pour sauver la tête du président, accusé d’avoir laissé son entourage s’enrichir pendant que le pays saigne.

Le président a d’ailleurs appelé les Ukrainiens à « ne pas perdre leur unité » dans son message, comme s’il sentait déjà les fissures se propager.

Quelles conséquences pour l’Ukraine en guerre ?

À court terme, le départ d’Iermak crée un vide béant. Qui va reprendre les négociations en cours ? Qui va coordonner avec les Américains ? La délégation ukrainienne risque de perdre en cohérence et en crédibilité au moment précis où chaque mot compte.

À moyen terme, c’est toute la stabilité du pouvoir qui est menacée. Iermak parti, d’autres têtes pourraient tomber. Des règlements de comptes internes sont à craindre. Et pendant ce temps, Moscou observe, sourire aux lèvres, prêt à exploiter la moindre faiblesse.

Car la Russie ne s’est pas privée de commenter. Dès les premières heures, les chaînes de propagande se délectaient du « chaos » au sommet de l’État ukrainien. Un cadeau inespéré pour le Kremlin, alors que l’hiver approche et que les frappes sur les infrastructures énergétiques reprennent de plus belle.

Vers une refonte du pouvoir ?

Zelensky a annoncé qu’il recevrait samedi les candidats potentiels pour remplacer Iermak. Un casting sous haute tension. Le prochain chef de cabinet devra non seulement être compétent, mais aussi accepté par les différents clans qui se disputent l’influence à Kiev.

Certains noms circulent déjà. Des technocrates. Des militaires. Peut-être même un retour en force du ministre des Affaires étrangères, que Iermak avait progressivement marginalisé. Tout est possible.

Mais une chose est sûre : l’ère Iermak est terminée. Et avec elle, peut-être, une certaine façon de gouverner l’Ukraine en temps de guerre. Entre autoritarisme de nécessité et concentration excessive du pouvoir, la ligne était devenue ténue. Le scandale actuel pourrait forcer Kiev à réinventer son mode de fonctionnement.

En attendant, les Ukrainiens retiennent leur souffle. Entre l’espoir d’une moralisation du pouvoir et la peur d’un affaiblissement fatal face à l’agresseur russe, le pays se trouve à la croisée des chemins. Le départ d’un homme peut parfois faire vaciller toute une nation.

À retenir :

  • Perquisitions au domicile d’Andriï Iermak vendredi matin
  • Démission acceptée dans la foulée par décret présidentiel
  • Liaisons présumées avec un détournement de 86 millions d’euros
  • Rôle central dans les négociations avec les États-Unis
  • Fragilisation du pouvoir à un moment critique de la guerre

Qu’il s’agisse d’un électrochoc salvateur ou du début d’une crise plus profonde, une chose est certaine : ce vendredi marque un tournant. L’Ukraine entre dans une nouvelle phase de sa résistance. Plus incertaine. Plus fragile. Mais peut-être, paradoxalement, plus déterminée à se purger de ses démons pour mieux affronter l’avenir.

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