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Zelensky Face à Trump : L’Europe Tente de Sauver la Paix

Trump accuse publiquement Zelensky de n’avoir même pas lu son plan de paix. Pendant ce temps, Macron, Starmer et Merz reçoivent le président ukrainien à Londres pour tenter de reprendre la main. Mais qui décidera vraiment de l’avenir de l’Ukraine ? La réponse se joue en ce moment même…

Imaginez la scène : un président ukrainien sous pression permanente, accusé publiquement par le maître du Kremlin 2.0 – Donald Trump – de ne même pas avoir pris la peine de lire le plan censé mettre fin à la guerre qui ravage son pays depuis près de quatre ans. Cette phrase, lâchée lors d’un gala à Washington, résume à elle seule la brutalité des tractations actuelles autour de l’Ukraine.

Un sommet européen pour reprendre la main

C’est dans ce climat électrique que Volodymyr Zelensky pose le pied à Londres ce lundi à Londres. Il n’y vient pas seul face à ses hôtes : le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz l’attendent pour une réunion à haut risque. Objectif affiché : coordonner la position européenne alors que les États-Unis et Russie discutent en bilatéral du sort de l’Ukraine.

Emmanuel Macron l’avait annoncé lui-même sur X dès samedi : cette rencontre doit permettre de « continuer à faire pression sur la Russie pour la contraindre à la paix ». Derrière la formule policée, c’est une tentative claire de ne pas laisser Washington et Moscou rédiger seuls l’avenir du continent.

Trump hausse le ton contre Zelensky

Le président américain, revenu à la Maison Blanche il y a tout juste un an, n’a pas mâché ses mots dimanche soir. Interrogé lors d’une soirée de gala, il a déclaré sans détour : « Je suis un peu déçu que le président Zelensky n’ait pas encore lu la proposition. » Une phrase qui a fait l’effet d’une bombe à Kiev.

Pire, Trump a ajouté : « Cela convient à la Russie, vous savez je pense que la Russie préférerait avoir tout le pays », avant de nuancer immédiatement en disant qu’il n’était « pas sûr que cela convienne à M. Zelensky ». Un chaud et froid devenu marque de fabrique du 47e président des États-Unis dans ce dossier.

« Nous avons donc parlé au président Poutine, nous avons parlé aux dirigeants ukrainiens – notamment Zelensky, le président Zelensky – et je dois dire que je suis un peu déçu que le président Zelensky n’ait pas encore lu la proposition »

Donald Trump, gala à Washington

Des émissaires très spéciaux à Miami et Moscou

Le plan en question a été dévoilé il y a trois semaines par les émissaires de Trump : Steve Witkoff, promoteur immobilier et proche personnel du président, et Jared Kushner, son gendre et ancien conseiller. Les deux hommes ont multiplié les allers-retours ces dernières semaines.

Ils ont d’abord rencontré des responsables ukrainiens à Miami, en Floride. Zelensky a confirmé samedi une conversation téléphonique « substantielle et constructive » avec eux et ses négociateurs. Les discussions ont porté sur « les questions clés qui pourraient garantir la fin de l’effusion de sang » et surtout sur « le risque que la Russie ne tienne pas ses promesses ».

Mais Witkoff et Kushner ne se sont pas arrêtés là. La semaine dernière, ils ont été reçus au Kremlin par Vladimir Poutine lui-même. Moscou a parlé d’« certaines avancées », tout en précisant qu’il restait « beaucoup de travail ». Un canal parallèle qui inquiète profondément les capitales européennes.

L’Europe tente de corriger le tir

Depuis la présentation du plan américain, perçu comme très favorable à Moscou – notamment parce que porté par Steve Witkoff, accusé d’être proche du Kremlin après plusieurs voyages en Russie –, les Européens européens s’activent.

Fin novembre déjà, une réunion à Genève avait permis aux alliés de Kiev de tenter d’amender le texte. Sans succès notable jusqu’à présent. La réunion de Londres ce lundi apparaît donc comme une nouvelle tentative de faire entendre la voix européenne dans un processus qui semble leur échapper.

Washington et Londres main dans la main

Parallèlement, la diplomatie bat son plein entre les deux rives de l’Atlantique. La ministre britannique des Affaires étrangères, Yvette Cooper, est attendue ce lundi à Washington pour rencontrer son homologue américain Marco Rubio.

Le Foreign Office a annoncé que les deux pays réaffirmeraient « leur engagement à parvenir à un accord de paix en Ukraine » et que Londres appuyait « les efforts continus du président Trump pour garantir une paix juste et durable ». Un alignement clair de Londres sur Washington qui contraste avec les réserves françaises et allemandes.

Moscou salue la nouvelle doctrine américaine

Le Kremlin n’a d’ailleurs pas caché sa satisfaction. Dimanche, il a qualifié de « globalement conformes à sa vision » les ajustements contenus dans la nouvelle stratégie de sécurité nationale américaine dévoilée vendredi par la Maison Blanche.

Ce document d’une trentaine de pages s’en prend notamment à l’Europe, accusée d’« effacement civilisationnel » dû à l’immigration selon Moscou, et s’engage clairement contre tout élargissement de l’OTAN. Des points qui font bondir les capitales européennes, déjà inquiètes de voir Washington se rapprocher de Moscou.

Une paix à quel prix pour l’Ukraine ?

La grande question qui se pose désormais est simple : quel prix Kiev est-il prêt à payer pour la paix ? Le plan américain, dont les détails restent flous, semble partir du principe que l’Ukraine doit faire des concessions territoriales importantes.

Zelensky répète inlassablement qu’il n’acceptera jamais de céder des territoires ou de renoncer à l’OTAN. Mais face à une Russie qui contrôle actuellement près de 20 % du territoire ukrainien et un Trump qui semble prêt à forcer la main de Kiev, la marge de manœuvre paraît dramatiquement réduite.

La réunion de Londres pourrait donc être décisive. Soit les Européens parviennent à imposer des lignes rouges communes et à se faire entendre de Washington, soit ils assisteront impuissants à un accord négocié au-dessus de leur tête entre Trump et Poutine.

Dans les deux cas, l’avenir de l’Ukraine – et peut-être celui de toute l’Europe – se joue en ce moment même, entre Londres, Washington et Moscou. Et Volodymyr Zelensky, plus que jamais, marche sur un fil.

Un président ukrainien sous pression, des Européens désunis face à un Trump imprévisible et un Poutine qui attend son heure : rarement les cartes du conflit ukrainien n’auront été aussi incertaines.

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