Suite à l’impressionnante victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky lui a adressé ses félicitations mercredi. Au-delà des congratulations, Zelensky a surtout exprimé son espoir de voir cette élection aider l’Ukraine à obtenir une “paix juste” face à l’invasion russe. Une attente légitime mais qui soulève aussi des inquiétudes, au vu des positions passées de Trump.
Un soutien à double tranchant ?
Dans son message, Zelensky a salué “l’engagement du président Trump en faveur de l’approche ‘la paix par la force’ dans les affaires mondiales”. Un principe qui, selon lui, “peut concrètement rapprocher l’Ukraine d’une paix juste”. Des propos qui font écho aux déclarations répétées de Trump pendant la campagne, affirmant pouvoir imposer la paix en Ukraine en “24 heures”, sans jamais préciser comment.
Mais le soutien de Trump est à double tranchant. S’il a martelé sa volonté de paix, il a aussi décrié l’ampleur de l’aide versée à Kiev pour résister à Moscou. Sans compter ses propos élogieux envers Vladimir Poutine par le passé. De quoi susciter la crainte, en Europe et en Ukraine, de voir Trump forcer Kiev à négocier dans des conditions très favorables à la Russie.
Appel au soutien bipartisan
Conscient de ces risques, Zelensky a appelé dans la foulée à “un soutien bipartisan fort à l’Ukraine” de la part des démocrates et républicains américains. Une manière de chercher à s’assurer un appui large au Congrès, au-delà de la Maison Blanche.
Il a aussi pris soin de rappeler sa “formidable” rencontre avec Donald Trump à New York en septembre dernier. “Nous avons discuté en détail du partenariat stratégique entre l’Ukraine et les États-Unis, du plan de victoire et des moyens de mettre un terme à l’agression russe”, a-t-il souligné.
Des relations complexes
Mais les relations entre les deux dirigeants restent complexes. En cause notamment, le scandale politique américain de 2019. Suite à la révélation d’une conversation téléphonique, Trump, alors président, avait été accusé d’avoir fait pression sur l’Ukraine pour qu’elle ouvre une enquête pour corruption visant le fils de Joe Biden, son rival démocrate.
Cette affaire avait conduit au procès en destitution de Trump, même s’il avait finalement été acquitté par le Sénat. Un épisode qui jette une ombre sur leurs rapports, malgré les efforts des deux hommes pour afficher leur bonne entente.
Une paix à quel prix ?
Au final, le soutien de Trump à l’Ukraine reste un point d’interrogation. S’il peut effectivement peser pour mettre fin au conflit, reste à savoir à quelles conditions. Son approche transactionnelle et ses liens avec Poutine font craindre des concessions majeures pour Kiev.
Zelensky en est bien conscient. Tout en se félicitant de la victoire de Trump, il prend soin de garder ses distances et d’élargir ses appuis. Car si une “paix juste” est plus que jamais urgente pour l’Ukraine, elle ne peut se faire à n’importe quel prix. Le défi pour Kiev sera de jouer finement pour obtenir le soutien américain, sans se faire imposer une paix dictée par Moscou et Washington.
Le prix de la paix ne peut être la capitulation de l’Ukraine.
– Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine
Dans ce bras de fer géopolitique, l’Ukraine aura plus que jamais besoin du soutien de ses alliés, américains comme européens, pour défendre ses intérêts. Avec en ligne de mire, l’espoir d’une paix durable et équitable, sans céder sur ses principes et sa souveraineté.