Alors que le conflit russo-ukrainien continue de déstabiliser la sécurité européenne, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a tenu à clarifier sa position sur la question épineuse des armes nucléaires. Lors d’une rencontre avec des journalistes lundi, dont les propos étaient sous embargo jusqu’à mardi, le dirigeant ukrainien a affirmé sans ambiguïté que son pays ne réclamait pas ce type d’armement à ses alliés occidentaux pour faire face à l’invasion russe.
Cette mise au point intervient après des déclarations ambiguës de Zelensky la semaine dernière à Bruxelles. Dans un discours, il avait en effet laissé entendre que l’Ukraine devrait disposer « d’armes nucléaires » si elle ne pouvait pas intégrer l’Otan, suscitant l’inquiétude de la communauté internationale. Des propos qualifiés de « dangereuse provocation » par le président russe Vladimir Poutine, qui a lui-même brandi la menace nucléaire à plusieurs reprises depuis le début de l’invasion en 2022.
Un héritage soviétique complexe
La question des armes nucléaires est particulièrement sensible pour l’Ukraine, qui a hérité d’un important arsenal soviétique après la chute de l’URSS. Dans le cadre du mémorandum de Budapest signé en 1994, Kiev avait accepté de remettre ces armes à la Russie en échange de garanties de sécurité. Une décision que Zelensky regrette aujourd’hui, estimant que son pays a rendu ses armes nucléaires « sans rien recevoir en échange » et qu’il aurait dû les échanger contre une adhésion à l’Otan.
L’Otan, seule véritable protection ?
Car c’est bien l’intégration à l’Alliance atlantique qui est au cœur des préoccupations sécuritaires ukrainiennes. Face à la menace russe, Kiev voit dans l’Otan la seule véritable protection, d’où son ambition affichée d’en devenir membre. « C’est justement parce que l’Ukraine n’a pas d’armes qui peuvent arrêter Poutine qu’elle a besoin de l’Otan », a martelé Zelensky lundi, balayant ainsi les spéculations sur une éventuelle course à l’armement nucléaire.
Une dissuasion non-nucléaire envisagée
Le président ukrainien a néanmoins rappelé avoir proposé aux Occidentaux le déploiement de moyens de dissuasion non-nucléaires sur le territoire ukrainien, dans le cadre de son plan pour la victoire. Une piste qui pourrait permettre de renforcer la sécurité de l’Ukraine sans franchir la ligne rouge de la prolifération nucléaire, un scénario cauchemardesque dans une Europe encore hantée par la Guerre froide.
Nous ne demandons pas à ce que des armes nucléaires nous soient données.
Volodymyr Zelensky, Président de l’Ukraine
Alors que la guerre en Ukraine entre dans son deuxième année, la question de la sécurité européenne est plus que jamais d’actualité. Entre menaces nucléaires et aspirations à l’Otan, Kiev navigue sur une ligne de crête périlleuse, avec en toile de fond le spectre d’une escalade incontrôlable. Les éclaircissements de Zelensky sur les armes nucléaires, s’ils apaisent temporairement les tensions, ne règlent pas pour autant l’équation sécuritaire ukrainienne. Un défi majeur pour la diplomatie internationale dans les mois et années à venir.