Dans une récente interview accordée à la chaîne publique allemande ARD, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a vivement critiqué l’attitude des États-Unis envers la Russie. Il a déploré que Washington souhaite « faire plaisir à Poutine » en ouvrant des discussions avec Moscou et a qualifié de « faible » la capacité de défense européenne.
Selon Zelensky, le problème réside dans le fait que les propos conciliants de l’administration Trump à l’égard du Kremlin visent à « obtenir un succès rapide ». Cependant, il met en garde que ce que les Américains veulent – « un simple cessez-le-feu » – n’est pas un réel succès pour l’Ukraine.
Des pourparlers russo-américains qui inquiètent Kiev
Suite à un appel téléphonique la semaine dernière entre Donald Trump et Vladimir Poutine, de hauts responsables russes et américains doivent se retrouver en Arabie saoudite pour des pourparlers. Selon Moscou, l’objectif est de rétablir les relations bilatérales et poser les bases de négociations sur l’Ukraine. Une perspective qui alarme Kiev.
Des responsables américains ont récemment jugé inévitables les concessions territoriales à la Russie et irréaliste une entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. Face à cela, Zelensky a prévenu : « Nous ne signerons pas n’importe quoi pour être applaudis ». Il a réaffirmé la détermination de son pays à récupérer tous les territoires occupés par la Russie.
Une Europe jugée « faible » sans le parapluie américain
Le président ukrainien estime par ailleurs que l’Europe est en position de faiblesse si elle ne peut plus compter sur le soutien sécuritaire des États-Unis. Malgré un renforcement ces dernières années, il juge les capacités européennes encore trop limitées en termes de « troupes de combat, de flotte, d’armée de l’air et de drones ».
Bien que l’Ukraine ait aussi augmenté ses propres capacités de défense depuis le début de l’invasion russe il y a trois ans, Zelensky affirme qu' »il n’y aura certainement pas de victoire ukrainienne sans le soutien des États-Unis ». Un constat qui souligne la dépendance de Kiev envers Washington.
Un président prêt à tout pour la paix, même à renoncer au pouvoir
Lors de cet entretien, Volodymyr Zelensky a indiqué avoir évoqué avec Donald Trump le possible déploiement de troupes étrangères pour contrôler un éventuel cessez-le-feu en Ukraine. « Je lui ai dit que les Américains devraient être de la partie, sinon nous risquons de perdre notre unité », a-t-il précisé.
Interrogé sur la possibilité de renoncer à la présidence de l’Ukraine si cela était nécessaire pour parvenir à un accord de paix, Zelensky s’est dit « prêt à tout » pour « une paix durable et forte ». Une déclaration qui témoigne de l’importance qu’il accorde à la fin du conflit, quitte à sacrifier son propre pouvoir.
Un avenir incertain pour l’Ukraine
Les propos de Volodymyr Zelensky mettent en lumière les défis auxquels l’Ukraine est confrontée dans sa quête de paix et d’intégrité territoriale. Entre la volonté apparente des États-Unis de ménager la Russie, la faiblesse relative de la défense européenne et la nécessité de faire des compromis douloureux, l’avenir du pays semble plus incertain que jamais.
Face à ces enjeux complexes, le président ukrainien tente de naviguer au mieux pour défendre les intérêts de son peuple. Mais jusqu’où sera-t-il prêt à aller sur la voie des concessions ? Et quelle sera la réaction de la population ukrainienne si des territoires sont abandonnés à la Russie ? Autant de questions qui restent en suspens alors que le conflit entre dans une phase décisive.