Alors que les tensions montent en Europe, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé mercredi une visite cruciale à Budapest pour assister à un sommet de la Communauté politique européenne (CPE). Cette réunion, qui rassemble les 27 États membres de l’UE et leurs voisins, s’annonce déterminante pour l’avenir de l’Ukraine face à l’invasion russe.
Pour Zelensky, ce déplacement en Hongrie répond à l’invitation conjointe du Premier ministre hongrois Viktor Orban et du président du Conseil européen Charles Michel. Mais il intervient dans un contexte particulièrement tendu, marqué par la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine et les positions ambiguës de la Hongrie vis-à-vis de la Russie.
Un allié hongrois au profil trouble
Depuis qu’il a pris la présidence tournante de l’UE en juillet, Viktor Orban n’a eu de cesse d’irriter ses homologues européens. Le dirigeant nationaliste, resté proche du Kremlin, a multiplié les initiatives controversées sans concertation avec l’Union.
D’abord en juillet avec sa “mission de paix” à Moscou, lors de laquelle il avait rencontré Vladimir Poutine en tête-à-tête. Puis plus récemment en Géorgie, où il a salué la victoire aux législatives d’un parti prorusse malgré les “irrégularités” dénoncées par Bruxelles et Washington. Des signaux inquiétants pour l’Ukraine.
Le spectre d’un “ami” Trump
Mais c’est surtout le retour de Donald Trump à la Maison Blanche qui fait trembler Kiev. Durant sa campagne, le milliardaire a répété pouvoir imposer une paix en Ukraine en “24 heures”, sans jamais détailler son plan. Pire, il a multiplié les déclarations élogieuses envers Vladimir Poutine tout en critiquant l’ampleur de l’aide versée à l’Ukraine.
En Europe comme en Ukraine, beaucoup redoutent de voir Trump forcer Kiev à négocier avec Moscou dans des conditions très défavorables. Un scénario catastrophe pour Zelensky, qui a néanmoins tenu à féliciter son “ami” pour son “impressionnante victoire” tout en appelant républicains et démocrates à un “soutien bipartisan fort”.
Une partie d’échecs diplomatique
Dans ce contexte périlleux, le sommet de Budapest fait figure de partie d’échecs géopolitique pour l’Ukraine. Face aux ambiguïtés hongroises et aux menaces trumpiennes, Zelensky va devoir déployer des trésors de diplomatie pour préserver l’unité européenne et le soutien occidental.
Selon des sources proches du dossier, le président ukrainien compte profiter de cette réunion pour obtenir des garanties fermes sur la poursuite de l’aide militaire et financière à son pays. Il devrait aussi plaider pour un renforcement des sanctions contre la Russie et un soutien accru à la perspective européenne de l’Ukraine.
L’avenir de l’Ukraine en jeu
Au-delà des enjeux immédiats, c’est bien l’avenir de l’Ukraine qui se jouera en coulisses à Budapest. Neuf ans après le début de la guerre dans le Donbass, cinq mois après le déclenchement de l’invasion russe, le pays reste plus que jamais suspendu au bon vouloir de ses soutiens occidentaux.
Si Zelensky parvient à maintenir la pression sur Poutine et à ancrer l’Ukraine dans la dynamique européenne, alors la partie d’échecs de Budapest pourrait bien tourner en sa faveur. Mais gare aux mauvais coups d’un Orban opportuniste ou d’un Trump va-t-en-guerre. Sur l’échiquier ukrainien, le moindre faux pas peut être fatal.