Trois ans après le début de l’invasion russe en Ukraine, un vent de changement semble souffler sur la scène géopolitique internationale. Alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait jusqu’ici toujours refusé de négocier directement avec Vladimir Poutine, il vient d’annoncer qu’il acceptait finalement de le rencontrer en tête-à-tête. Une décision surprise qui ravive les espoirs d’une potentielle désescalade du conflit.
Simultanément, de l’autre côté de l’Atlantique, l’ancien président américain Donald Trump a déclaré vouloir mettre un terme à la course effrénée aux armements nucléaires qui gangrenait les relations entre Washington et Moscou. Une volonté de détente qui tranche avec la ligne dure adoptée par son successeur Joe Biden et qui pourrait, si elle se concrétise, changer la donne sur l’échiquier mondial.
Mais ce tableau en clair-obscur ne serait pas complet sans l’annonce tonitruante de Vladimir Poutine de lancer un concours musical international rival de l’Eurovision, dont la Russie a été exclue en 2022 suite à son offensive en Ukraine. Une manœuvre qui relève autant de la provocation que de la tentative de soft power, visant à redorer le blason culturel russe terni par la guerre.
Zelensky-Poutine : les coulisses d’un dialogue de sourds
Depuis le début de l’invasion russe le 24 février 2022, Volodymyr Zelensky avait toujours posé comme condition préalable à toute négociation le retrait total des troupes russes du territoire ukrainien, Crimée incluse. Une ligne rouge inacceptable pour le Kremlin, qui considère la péninsule annexée en 2014 comme partie intégrante de la Fédération de Russie.
Zelensky a compris qu’il ne pourrait pas indéfiniment refuser le dialogue avec Poutine s’il voulait sortir son pays de l’ornière. C’est un premier pas courageux vers la paix.
Diplomate européen ayant requis l’anonymat
Selon des sources proches de la présidence ukrainienne, c’est la lassitude de la population face à un conflit qui s’enlise et la crainte de voir l’aide occidentale s’essouffler qui auraient convaincu Zelensky d’assouplir sa position. Reste à savoir si Vladimir Poutine, conforté par ses succès militaires dans le Donbass, acceptera de faire des concessions.
Trump, le retour du « dealmaker » sur la scène internationale ?
Habitué des coups d’éclats diplomatiques, Donald Trump n’a jamais caché sa volonté de renouer le dialogue avec la Russie, quitte à froisser ses alliés européens. Son souhait d’arrêter la course aux armements nucléaires s’inscrit dans cette logique de rapprochement, même si beaucoup doutent de sa capacité à obtenir des gages de Moscou.
Trump pense pouvoir séduire Poutine avec son bagout de businessman. Mais en réalité, il risque surtout d’affaiblir la position des Occidentaux.
Expert américain en relations internationales
Le pari risqué de Poutine avec son « anti-Eurovision »
En lançant son propre concours musical international, Vladimir Poutine cherche à la fois à contrer ce qu’il perçoit comme une hégémonie culturelle occidentale et à projeter l’image d’une Russie moderne et dynamique, loin des clichés de régime autoritaire. Un pari audacieux, mais risqué, tant la réputation du pays a été ternie par la guerre en Ukraine.
C’est une tentative assez grossière de détourner l’attention des problèmes intérieurs et de galvaniser le sentiment nationaliste. Mais ça ne marchera pas.
Opposant russe en exil
Sur fond de tensions géopolitiques exacerbées, ces développements inattendus pourraient préfigurer un rééquilibrage des forces en présence. Mais il est encore trop tôt pour parler de véritable dégel des relations entre l’Occident et la Russie. Car au-delà des effets d’annonce, les objectifs stratégiques des uns et des autres restent diamétralement opposés. Le chemin vers une paix durable en Ukraine est encore long et semé d’embûches.