Et si la guerre en Ukraine, qui dure depuis plus de trois ans et demi, était sur le point de connaître un tournant décisif ? Ce lundi, la diplomatie mondiale semble entrer dans une phase d’accélération brutale, avec des rencontres au sommet qui se multiplient des deux côtés de l’Atlantique.
Un ballet diplomatique parfaitement synchronisé
À Washington, la ministre britannique des Affaires étrangères, Yvette Cooper, effectue sa première visite officielle depuis sa prise de fonctions en septembre. Elle doit rencontrer son homologue américain Marco Rubio. Au même moment, à Londres, le Premier ministre Keir Starmer reçoit dans sa résidence de Downing Street une délégation de très haut niveau : le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz.
Cette double rencontre n’a rien d’un hasard. Elle intervient après plusieurs jours de discussions intenses entre responsables ukrainiens et américains à Miami autour du plan proposé par les États-Unis pour mettre fin au conflit.
Le plan américain prend forme
Volodymyr Zelensky lui-même a qualifié samedi de « substantielle et constructive » sa conversation téléphonique avec les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner, accompagnés des négociateurs de Kiev. Un échange qui semble avoir débloqué certaines positions.
Le Royaume-Uni a d’ores et déjà annoncé que la rencontre Cooper-Rubio aurait pour objectif de réaffirmer « l’engagement à parvenir à un accord de paix en Ukraine ». Londres apporte officiellement son soutien « aux efforts continus du président Trump pour garantir une paix juste et durable ».
Nous soutenons les efforts continus du président Trump pour garantir une paix juste et durable.
Communiqué du Foreign Office
Gaza et le Soudan également au menu
Les discussions transatlantiques ne se limiteront pas à l’Ukraine. La situation à Gaza figure en bonne place à l’agenda. Une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre grâce à un plan de paix américain validé par l’ONU.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré dimanche espérer passer « très bientôt » à la deuxième phase de cet accord et a confirmé une nouvelle rencontre avec Donald Trump en décembre. Un signe que Washington reste le pivot central des négociations au Proche-Orient.
Enfin, Yvette Cooper devrait évoquer le conflit au Soudan. Londres insiste sur la nécessité d’obtenir une trêve humanitaire, de prévenir les atrocités et de garantir l’accès à l’aide humanitaire dans ce pays déchiré par la guerre civile.
Un sommet contre l’argent sale en 2026
En marge de ces urgences géopolitiques, la ministre britannique a annoncé dimanche l’organisation d’un sommet international les 23 et 24 juin 2026 à Londres. Objectif : s’attaquer aux flux mondiaux d’argent sale.
Ce rendez-vous réunira gouvernements, société civile et secteur privé – notamment les grandes banques – pour renforcer la lutte contre les financements illicites, améliorer la perturbation de ces flux et faciliter la saisie des fonds.
À retenir – Les dates clés de cette semaine diplomatique
- Lundi : Yvette Cooper – Marco Rubio à Washington
- Lundi : Starmer – Zelensky – Macron – Merz à Londres
- Décembre : Nouvelle rencontre Netanyahu – Trump
- 23-24 juin 2026 : Sommet international contre l’argent sale à Londres
Pourquoi cette accélération soudaine ?
Plusieurs facteurs convergent. L’arrivée d’une nouvelle administration américaine particulièrement active sur le dossier ukrainien, la fatigue des opinions publiques après plus de trois ans de conflit, et la volonté européenne de ne pas se retrouver marginalisée dans les négociations expliquent cette frénésie diplomatique.
Le fait que Londres et Washington affichent publiquement leur soutien au plan américain marque un alignement rare entre les deux capitales traditionnellement proches, mais parfois divergentes sur la méthode.
Le choix de coordonner les agendas – Cooper à Washington le même jour que le quartet Starmer-Zelensky-Macron-Merz à Londres – envoie un message clair : les alliés occidentaux veulent parler d’une seule voix et accélérer le processus avant que la situation sur le terrain ne devienne irréversible.
Ce que cela change concrètement
Pour la première fois depuis longtemps, un plan de paix concret semble soutenu à la fois par Washington, Londres, Paris, Berlin et – c’est nouveau – publiquement par Kiev. Les déclarations de Zelensky sur la qualité des discussions avec les émissaires américains laissent penser que des concessions importantes sont sur la table.
Le soutien britannique officiel au plan Trump pourrait également débloquer des financements ou des garanties de sécurité qui faisaient jusqu’à présent défaut.
Enfin, lier les dossiers Ukraine, Gaza et même Soudan dans les discussions transatlantiques montre que les grandes puissances cherchent une approche globale de stabilisation des conflits, plutôt que des solutions isolées.
Cette semaine pourrait donc marquer le début de la fin d’un chapitre tragique pour l’Europe et le monde. Ou, au contraire, révéler les limites d’une diplomatie menée à marche forcée. Une chose est sûre : rarement les projecteurs n’auront été autant braqués sur quelques couloirs de Downing Street et quelques salons du Département d’État.
Les prochaines heures, et surtout les prochains jours, nous diront si la paix, longtemps espérée, est enfin à portée de main.









