Dans les eaux tumultueuses du Pacifique Sud, deux navigateurs solitaires se livrent une bataille acharnée. Yoann Richomme, sur Paprec Arkéa, talonne Charlie Dalin et son monocoque Macif Santé Prévoyance. Après 40 jours de course, seuls 2 milles nautiques (moins de 4 km) les séparent. Un écart infime à l’échelle de ce tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance.
Le duel des mers du Sud
Depuis leur passage du point Nemo, l’endroit le plus isolé de la planète, Richomme n’a de cesse de grignoter son retard sur Dalin. Les deux marins progressent vers l’Est, en direction du Cap Horn, mythique passage de l’Atlantique au Pacifique. Malgré des conditions météorologiques éprouvantes, avec des vents de 20 nœuds et des vagues de 2 mètres, ils maintiennent un rythme effréné.
Richomme, l’outsider qui monte
Si Charlie Dalin fait figure de favori depuis le départ des Sables d’Olonne le 8 novembre dernier, Yoann Richomme s’est imposé comme son plus sérieux rival. Vainqueur de la Solitaire du Figaro en 2016 et 2019, le skipper de 38 ans prouve qu’il a l’étoffe des grands sur son premier Vendée Globe.
Je suis dans le match, ça fait plaisir. Charlie est devant, mais je ne lâche rien. La bagarre est sympa, on se tire la bourre. Mais il reste de la route, il faut rester prudent.
Yoann Richomme, lors d’une vacation avec son équipe à terre
Dalin, le leader sous pression
En tête quasiment depuis le début, Charlie Dalin subit la pression de son poursuivant. Le skipper normand de 37 ans, 2ème du Vendée Globe 2020-2021, sait que la moindre erreur peut lui coûter cher.
Yoann revient fort, il ne me lâche pas d’une semelle. Il faut que je reste concentré sur ma course, ma trajectoire. Je dors peu, je suis toujours sur le pont. Mais c’est ça aussi la magie du Vendée Globe !
Charlie Dalin, joint par son équipe technique
La flotte étirée dans le Pacifique
Derrière le duo de tête, les écarts se creusent. Sébastien Simon pointe à près de 200 milles. Thomas Ruyant, 4ème, accuse près de 1000 milles de retard. Mais avec encore plus de 15 000 milles à parcourir jusqu’aux Sables d’Olonne, rien n’est joué.
Skipper | Bateau | Écart avec le leader |
---|---|---|
Charlie Dalin | Macif Santé Prévoyance | — |
Yoann Richomme | Paprec Arkéa | 2.4 milles |
Sébastien Simon | Groupe ARBIS | 191.8 milles |
Thomas Ruyant | Vulnerable | 988.3 milles |
Le Vendée Globe, une épreuve hors norme
Surnommé l’Everest des mers, le Vendée Globe repousse les limites du possible. Affrontant des mers déchaînées et une solitude extrême, les marins repoussent sans cesse leurs limites, physiques et mentales.
- Près de 24 000 milles (44 000 km) à parcourir en solitaire
- 3 caps mythiques à franchir : Bonne Espérance, Leeuwin et Horn
- Plus de 70 jours en mer, coupés du monde
- Des bateaux ultra-performants, véritables Formule 1 des mers
Au fil des éditions, les marins repoussent les frontières. Le record de 74 jours établi par Alain Gautier en 1992-93 paraît bien loin. Lors de la dernière édition, Yannick Bestaven l’a porté à 80 jours. Nul doute que Charlie Dalin et Yoann Richomme, au coude à coude, rêvent d’inscrire leur nom dans la légende. Verdict d’ici un mois, aux Sables d’Olonne.