C’est un moment historique que viennent de vivre Yoann Richomme et Charlie Dalin, les deux leaders du Vendée Globe. Au coeur de la nuit australe, les skippers ont franchi le mythique Cap Horn, dernière marque symbolique avant la remontée finale de l’Atlantique vers les côtes vendéennes. Un passage effectué dans des conditions météorologiques exceptionnelles pour ces latitudes extrêmes.
Richomme passe en premier, Dalin dans son sillage
C’est aux alentours de minuit et demi, heure française, que Yoann Richomme (Paprec Arkéa) a contourné le fameux rocher marquant la pointe sud de l’Amérique du Sud. Il aura mis 43 jours, 11 heures et 25 minutes pour rallier les Sables d’Olonne au Cap Horn, un temps record dans l’histoire du Vendée Globe. Son poursuivant direct, Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance), a franchi à son tour le cap seulement dix minutes plus tard.
Les deux hommes sont engagés dans un duel épique depuis plusieurs semaines, se rendant coup pour coup, creusant peu à peu l’écart sur le reste de la flotte. Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), solide troisième, navigue déjà à plus de 500 milles derrière la tête de course. Pour Dalin et Richomme, la traversée des Mers du Sud aura été intense mais sans dommage matériel majeur, à l’inverse de bon nombre de leurs concurrents.
Des conditions météo exceptionnelles au Horn
Grande surprise et soulagement pour les deux navigateurs : alors que le passage du Cap Horn est redouté pour ses conditions souvent extrêmes, avec des vents violents et une mer démontée, Richomme et Dalin ont eu droit à une fenêtre météo rêvée. Lors de son passage de nuit, le leader a même pu s’approcher à moins de deux milles du rocher, sous un ciel dégagé et avec une excellente visibilité.
Pour Dalin, ces conditions ont grandement facilité le passage du cap. Dans une communication avec l’organisation de la course, il s’est dit «content de retrouver l’Atlantique», lui qui n’a pas eu à affronter les tempêtes redoutées des cinquantièmes hurlants :
«J’ai été sûrement le plus chanceux de toute la flotte car je n’ai pas eu une seule tempête même si j’ai senti le souffle d’une très, très grosse dans mon cou dans l’Indien»
– Charlie Dalin
Record en vue pour les leaders ?
Avec ce passage éclair du Cap Horn réalisé par les deux leaders, les prévisions s’affolent quant au temps final que pourraient réaliser Yoann Richomme ou Charlie Dalin aux Sables d’Olonne. Les modèles de routage, bien que encore fragiles à ce stade, tablent sur une arrivée potentielle dans 21 ou 22 jours.
Si ce scénario se confirme, Richomme et Dalin pulvériseraient le record absolu de l’épreuve, détenu depuis 2017 par Armel Le Cléac’h en 74 jours, 3 heures et 35 minutes. Une performance XXL pour les deux marins, qui se tirent la bourre en tête depuis plus d’un mois et demi.
Un duel final haletant en perspective
À l’amorçage de la remontée de l’Atlantique, un long bord vers le Nord attend désormais les deux skippers. De quoi laisser augurer un bras de fer intense jusqu’à l’arrivée, comme le pressentait Richomme quelques heures avant le passage du Horn:
«La bagarre, je pense qu’elle va continuer dans la remontée de l’Atlantique. Je pense qu’il y en a pour un moment encore de bagarre avec Charlie»
– Yoann Richomme
Plus de 6000 milles restent encore à parcourir aux deux hommes de tête. Dernière grande inconnue avant l’épilogue : la zone des alizées et le Pot-au-Noir, passage délicat proche de l’équateur où le vent fait souvent défaut. De quoi redistribuer potentiellement les cartes entre Richomme et Dalin.
Leaders du Vendée Globe, les deux navigateurs se livrent une lutte sans merci depuis le départ des Sables d’Olonne. Après plus de 43 jours de mer, de privations et de chevauchées fantastiques sur des mers déchaînées, leur mental et leurs organismes auront-ils encore les ressources pour un ultime bras de fer ? Réponse d’ici trois semaines, avec un dénouement qui promet d’être haletant.