En ce dimanche 22 décembre 2024, c’est toujours le Français Yoann Richomme qui caracole en tête du Vendée Globe, la célèbre course à la voile en solitaire autour du monde sans escale ni assistance. Au pointage de 7 heures ce matin, le skipper de Paprec Arkéa comptait une avance de près de 40 milles nautiques (environ 74 km) sur son premier poursuivant, Charlie Dalin.
Un matelas d’avance confortable
Dans des conditions météo difficiles, marquées par des vents violents et une mer démontée, Richomme réussit pour le moment à creuser l’écart sur un peloton de chasse réduit à une poignée d’unités. Alors que la flotte s’apprête à doubler le fameux cap Horn à la pointe sud de l’Amérique, synonyme d’entrée dans l’océan Atlantique, son avance semble assez confortable pour le protéger d’un retour de ses adversaires.
Des poursuivants à la peine
En effet, malgré une détermination et un talent évidents, les autres skippers de tête peinent à suivre le rythme infernal imposé par le leader. Charlie Dalin limite pour le moment la casse, mais les écarts se creusent avec Sébastien Simon, maintenant relégué à près de 350 milles, et plus encore avec Thomas Ruyant, Jérémie Beyou ou Nicolas Lunven, tous au-delà des 1000 milles de retard.
Á ce stade de la course, et alors que tous les bateaux naviguent dans le même système météo, il paraît difficile d’imaginer un retournement de situation. Á moins d’une avarie sérieuse ou d’une erreur de trajectoire, Richomme semble bien parti pour franchir le mythique cap en tête et s’offrir une autoroute pour remonter l’Atlantique vers les Sables d’Olonne, ligne d’arrivée de l’épreuve.
Un mano a mano avec les éléments
Mais la prudence reste de mise. Car plus que ses concurrents, c’est bien dame nature qui reste la principale adversaire de Yoann Richomme. Dans ces latitudes hostiles de l’extrême sud, où les dépressions se succèdent à un rythme effréné, le danger peut surgir à tout instant. Vents violents, mer déchaînée, icebergs à la dérive : la moindre inattention peut se payer au prix fort.
Et même une fois franchi le cap Horn, il faudra encore au marin breton parcourir plus de 7000 milles nautiques avant de pouvoir savourer son succès. Près d’un mois de mer, avec son lot de grains, d’accalmies et de coups de tabac à négocier. Un mano a mano de chaque instant avec les éléments, où le mental du skipper comptera tout autant que la solidité de son voilier.
Chaque mille gagné est une victoire dans le sud. Il faut rester humble et concentré, ne rien lâcher jusqu’au bout.
Yoann Richomme, lors d’une vacation radio
Objectif record en vue ?
Au-delà de la victoire, le skipper de Paprec Arkéa peut également caresser l’espoir de boucler ce Vendée Globe en un temps record. Le meilleur chrono est actuellement détenu par Armel Le Cléac’h, victorieux de l’édition 2016-2017 en 74 jours 3 heures 35 minutes et 46 secondes.
Si Richomme maintient son rythme et bénéficie de conditions météo favorables dans l’Atlantique, ce record pourrait tomber. Le skipper a d’ailleurs soigneusement préparé cette éventualité, en choisissant des trajectoires susceptibles de lui offrir les meilleures conditions de vitesse possible.
Le record est dans un coin de ma tête mais ce n’est pas une obsession. L’essentiel est de ramener le bateau à bon port.
Yoann Richomme à son équipe à terre
Un leader solide et expérimenté
Á 39 ans, Yoann Richomme n’est pas un novice des courses au large. Double vainqueur de la Solitaire du Figaro, il avait également terminé 2ème de la Route du Rhum 2018 dans la catégorie Imoca, ces mêmes monocoques de 18 mètres utilisés sur le Vendée Globe. Un solide bagage et une connaissance intime de sa machine qui lui permettent d’afficher une belle sérénité depuis le départ.
Course | Année | Place |
---|---|---|
Solitaire du Figaro | 2016 – 2019 | 1er |
Route du Rhum | 2018 | 2ème Imoca |
Transat Jacques Vabre | 2019 | 4ème Imoca |
Yoann Richomme a soigneusement construit sa carrière, en gravissant une à une les marches qui mènent au Vendée Globe, Everest des courses au large en solitaire. Son bateau Paprec Arkéa, mis à l’eau en 2019, a été spécialement conçu pour ce défi, avec des choix audacieux comme un mât-aile et des foils dernière génération.
La fabuleuse histoire du Vendée Globe
Au-delà de la performance individuelle de Yoann Richomme, son épopée s’inscrit dans la fabuleuse histoire du Vendée Globe. Lancée en 1989 sur une idée folle de navigateurs passionnés, cette course mythique a depuis forgé sa légende, à coups d’exploits sportifs et d’incroyables récits de mer.
- 1989-90 : Titouan Lamazou remporte la 1ère édition en 109 jours
- 1996-97 : Christophe Auguin s’impose en 105 jours
- 2000-01 : Michel Desjoyeaux vainqueur en 93 jours
- 2004-05 : Vincent Riou gagne en 87 jours
- 2008-09 : deuxième succès de Michel Desjoyeaux en 84 jours
- 2012-13 : victoire de François Gabart en 78 jours
- 2016-17 : Armel Le Cléac’h établit le record en 74 jours
Au fil des éditions, ce sont des personnages extraordinaires et des marins d’exception qui ont bâti la renommée du Vendée Globe : Titouan Lamazou, Christophe Auguin, Michel Desjoyeaux ou plus récemment François Gabart et Armel Le Cléac’h.
Chacun à sa manière a enrichi la légende, en repoussant toujours plus loin les limites du possible, et en faisant rêver des millions de passionnés à travers le monde. Aujourd’hui, c’est Yoann Richomme qui s’apprête à écrire son chapitre personnel. Avec talent, courage et humilité, à l’image de ses glorieux prédécesseurs.
Tous ces marins sont pour moi une source d’inspiration. Je mesure la chance de marcher dans leurs traces.
Yoann Richomme
Un tour du monde suivi par des millions de fans
Événement sportif majeur, le Vendée Globe est aussi un incroyable phénomène populaire. Des millions de passionnés suivent chaque édition avec assiduité, vibrant au rythme des péripéties vécues par ces aventuriers des mers.
Grâce aux technologies modernes, le grand public peut désormais suivre la course en temps réel et au plus près. Trackers, web TV, réseaux sociaux : les outils ne manquent pas pour partager l’épopée de ces marins solitaires. Un engouement croissant qui témoigne de la fascination qu’exerce toujours la voile et les grands espaces maritimes.
Car au-delà de la dimension sportive, le Vendée Globe reste une formidable aventure humaine. Un défi hors-norme où seul face à l’immensité, les skippers doivent puiser au plus profond d’eux-mêmes pour surmonter les difficultés et les doutes.
C’est une chance incroyable de vivre de tels moments. Le public nous donne une force insoupçonnée.
Yoann Richomme
Alors que le leader entame la dernière ligne droite de son périple, les regards se tournent déjà vers les Sables d’Olonne, qui s’apprêtent à accueillir le vainqueur et célébrer une nouvelle page de la voile. Dans une ambiance de liesse populaire, le port vendéen va s’enflammer pour Richomme et ses valeureux adversaires, offrant un final grandiose à ce fabuleux spectacle.
Car quel que soit son rang, chaque concurrent du Vendée Globe force l’admiration et le respect. Ils étaient 33 au départ des Sables, ils ne seront pas tous à l’arrivée. Mais tous auront vécu une aventure unique. Celle que l’on nomme avec révérence l’Everest des mers.