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Yémen : Les Marins de l’Eternity C Enfin Libérés

Après cinq mois de captivité, les marins du cargo Eternity C coulé en mer Rouge par les Houthis viennent d’être libérés. Un avion les emmène vers Mascate… mais derrière ce happy end se cache un échange discret avec 35 Yéménites bloqués à l’étranger. Que s’est-il vraiment passé ?

Imaginez-vous en pleine mer Rouge, sous un soleil écrasant, quand soudain des explosions déchirent le silence. Votre navire prend l’eau, sombre lentement, et vous vous retrouvez aux mains d’un groupe armé. C’est exactement ce qu’ont vécu les marins de l’Eternity C au cœur de l’été dernier.

Cinq mois plus tard, une lueur d’espoir : ces hommes viennent enfin de retrouver la liberté. Leur libération, annoncée ce mercredi, marque la fin d’un épisode dramatique qui avait ému les chancelleries du monde entier.

Une libération longtemps attendue

Mercredi après-midi, dix membres d’équipage ont quitté l’aéroport de Sanaa à bord d’un avion à destination de Mascate. Les images diffusées par les télévisions locales montrent des marins visiblement épuisés mais soulagés, accueillis chaleureusement par des diplomates omanais et philippins.

Parmi eux, neuf Philippins et un membre d’équipage d’une autre nationalité. Manille avait annoncé la veille cette issue heureuse et remercié publiquement le sultanat d’Oman pour son rôle décisif dans les négociations.

Que s’est-il passé en juillet dernier ?

Retour en arrière. Juillet 2025. Le cargo Eternity C, battant pavillon libérien, navigue tranquillement en mer Rouge lorsqu’il est pris pour cible. Les forces houthies revendiquent l’attaque et diffusent une vidéo spectaculaire montrant le navire touché, en train de sombrer.

À l’époque, ils affirment avoir « sauvé » plusieurs marins et les avoir mis en sécurité. En réalité, ces hommes deviennent des otages de fait, retenus dans une zone sous contrôle rebelle, loin de leurs familles.

Le contexte est alors explosif : depuis l’automne 2023, les Houthis multiplient les attaques contre les navires qu’ils jugent liés à Israël, en solidarité avec la population de Gaza. L’Eternity C paie le prix de cette campagne maritime sans précédent.

Oman, le médiateur discret mais efficace

Comment en est-on arrivé à cette libération ? Tout repose sur la diplomatie omanaise, habituée des coulisses dans les crises yéménites. Mascate entretient depuis des années des relations de confiance avec toutes les parties, y compris les autorités de Sanaa.

« L’équipage du navire Eternity C a été libéré grâce à la médiation omanaise et un avion le transporte actuellement de Sanaa à Mascate »

Communiqué diffusé mercredi

Cette phrase laconique cache en réalité un accord plus large, un échange humanitaire soigneusement négocié dans l’ombre.

Un échange humanitaire contre 35 Yéménites

Derrière la libération des marins se profile une contrepartie de taille. En échange, 35 Yéménites – des malades et des blessés – bloqués à l’étranger depuis des mois vont pouvoir rentrer à Sanaa.

Ces personnes se trouvaient coincées dans différents pays, souvent pour des soins médicaux, mais empêchées de regagner le Yémen en raison du blocus aérien partiel et des complications administratives liées à la guerre.

Les deux volets de l’accord :

  • Libération immédiate des marins de l’Eternity C
  • Rapatriement de 35 Yéménites malades ou blessés bloqués à l’étranger

Un échange gagnant-gagnant qui illustre la complexité des négociations dans ce conflit.

Un cessez-le-feu maritime qui porte ses fruits

Il y a un détail qui n’a pas échappé aux observateurs : depuis la trêve conclue à Gaza en octobre, les Houthis n’ont revendiqué aucune nouvelle attaque contre des navires en mer Rouge.

Cette accalmie relative a visiblement ouvert une fenêtre pour des gestes humanitaires. La libération des marins s’inscrit dans cette dynamique, même si les rebelles continuent d’afficher leur fermeté sur le plan politique.

Pour les compagnies maritimes, c’est un signal encourageant. La mer Rouge reste une route stratégique, et chaque libération contribue à apaiser les tensions qui pèsent sur le commerce mondial.

Que deviennent les marins maintenant ?

À leur arrivée à Mascate, les marins ont été pris en charge par les autorités omanaises et les représentants consulaires philippins. Examens médicaux, formalités administratives, puis vol de retour vers leurs pays respectifs : le chemin du retour commence.

Pour beaucoup, le traumatisme restera profond. Être retenu plusieurs mois dans un pays en guerre, loin de ses proches, laisse des traces. Des psychologues seront probablement mobilisés dans les prochains jours.

Mais pour l’instant, une seule chose compte : ils sont libres. Et vivants.

Un précédent qui pourrait en annoncer d’autres

Cette libération n’est pas isolée. Au fil des années, Oman a déjà facilité le retour de nombreux prisonniers ou otages dans le cadre du conflit yéménite. Chaque succès renforce sa crédibilité comme intermédiaire neutre.

Dans un conflit qui dure depuis plus de dix ans et qui a fait des centaines de milliers de victimes, ces petits pas humanitaires rappellent qu’il reste possible de sauver des vies, même au cœur du chaos.

Et pendant que les marins de l’Eternity C rentrent chez eux, 35 familles yéménites attendent avec angoisse et espoir l’atterrissage d’un avion à Sanaa. La guerre continue, mais parfois, l’humanité reprend ses droits.

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