Au cœur d’une année marquée par la guerre en Ukraine, l’étoile montante de l’athlétisme ukrainien, Yaroslava Mahuchikh, a su briller de mille feux sur les pistes. À seulement 23 ans, la sauteuse en hauteur a vécu une saison miraculeuse, réalisant deux exploits retentissants à Paris en l’espace de quelques semaines.
Un double triomphe parisien
Le 7 juillet dernier, Mahuchikh a inscrit son nom dans l’histoire de sa discipline en battant le record du monde vieux de 37 ans, avec un saut à 2,10 m au stade Charléty. Un mois plus tard, le 4 août, elle a décroché le titre suprême de championne olympique au Stade de France, couronnant ainsi une saison exceptionnelle.
Paris sera dans mon cœur toute ma vie
a confié Mahuchikh à l’AFP
Mais derrière ces moments de grâce sportive se cache une réalité bien plus sombre. Originaire de Dnipro, ville du centre-est de l’Ukraine, la jeune athlète n’est pas épargnée par les ravages causés par l’invasion russe déclenchée en février 2022.
Dnipro, une ville meurtrie par la guerre
Selon une source proche de l’athlète, les stigmates de la guerre sont omniprésents à Dnipro. Bâtiments endommagés ou détruits, sirènes de raids aériens retentissant quotidiennement… La ville natale de Mahuchikh porte les cicatrices du conflit.
Je vois des bâtiments endommagés, des bâtiments détruits, je dis cela et j’ai envie de pleurer. Il y a quelques semaines, des roquettes ont touché un bâtiment situé à seulement 200 mètres de ma maison. C’était si bruyant !
témoigne l’athlète
Malgré tout, Mahuchikh a fait le choix courageux de revenir chez elle après avoir quitté l’Ukraine peu après le début de l’invasion, un déchirement pour elle. Un retour synonyme d’espoir, mais aussi de défis au quotidien.
Une jeunesse ukrainienne privée de normalité
À 23 ans, Mahuchikh fait partie de cette jeunesse ukrainienne qui se voit privée d’une vie normale. Là où devraient se trouver insouciance et projets d’avenir, la guerre impose son lot de restrictions et d’angoisses.
J’ai 23 ans et, bien sûr, ce devrait être les meilleures années de ma vie. Mais ceux qui ont le même âge que moi ne peuvent pas profiter d’une vie normale. Nous ne pouvons pas aller au cinéma et profiter d’une séance entière, par exemple, parce qu’il y a des sirènes d’alerte aérienne et que nous devons nous mettre à l’abri.
déplore Mahuchikh
Le sport comme rayon de lumière
Dans ce contexte difficile, le sport apparaît comme une bouffée d’oxygène pour la championne ukrainienne. Quand elle s’élance vers les barres, Mahuchikh dit se sentir « prête à voler comme une hirondelle ». Pendant quelques secondes, son corps décolle, elle vole… Une sensation qu’elle qualifie de « vraiment fantastique ».
Mais au-delà de son accomplissement personnel, Mahuchikh est consciente de représenter bien plus que ses propres ambitions. Fière de porter les couleurs de son pays, elle espère apporter « de bonnes ondes » à ses compatriotes à travers ses performances.
Un engagement au service de son pays
Loin de se contenter de briller sur les pistes, la jeune femme s’implique aussi dans l’effort de guerre. D’après nos informations, elle a contribué au financement de fauteuils roulants pour des orphelins handicapés et a distribué ses gains olympiques à l’armée ukrainienne ainsi qu’à un refuge pour animaux.
Mahuchikh a également rendu visite à des blessés à Kiev et Dnipro, sa médaille d’or autour du cou. Un symbole fort qu’elle a aussi pu partager avec émotion avec son père.
Lorsque vous commencez à parler de la guerre, vous voyez comment leurs visages changent. J’essaie de ne rien dire sur la guerre, car je sais qu’ils ont vu beaucoup de choses, de mauvaises choses.
raconte-t-elle au sujet de ces rencontres poignantes
À travers son parcours exceptionnel et son engagement sans faille, Yaroslava Mahuchikh incarne l’espoir et la résilience du peuple ukrainien. Une étoile qui continue de briller malgré l’obscurité de la guerre, un symbole de la force et du courage d’une nation qui se bat pour sa liberté.
