ActualitésSociété

Yann Barthès Gêné par le Prénom de Miss France 2026

Ce lundi soir dans Quotidien, Yann Barthès s’est retrouvé complètement déstabilisé face à Miss France 2026. Il n’arrivait pas à prononcer « Hinaupoko »… et c’est la principale intéressée qui a dû lui faire la leçon en direct. Un échange qui en dit long sur la place des prénoms ultramarins à la télévision française. La scène complète est à découvrir.

Imaginez la scène : vous êtes animateur star d’une émission quotidienne regardée par des millions de Français, habitué aux invités les plus divers, et pourtant, un simple prénom vous met en difficulté en direct. C’est exactement ce qui est arrivé à Yann Barthès lundi soir face à la toute nouvelle Miss France 2026. Un moment aussi gênant que révélateur.

Un prénom qui résiste à la métropole

Hinaupoko Devèze, 23 ans, Miss Tahiti 2025 devenue Miss France 2026 dans la nuit de samedi à dimanche, porte un prénom marquisien qui signifie « grande déesse ». Un prénom rare, magnifique, chargé de sens… et qui pose visiblement problème à une partie du public et des médias métropolitains dès qu’il faut le prononcer à l’oral.

Dès le lendemain de son élection, les plateaux télé se sont enchaînés pour la jeune femme. Et avec eux, les hésitations, les approximations, parfois même les moqueries à peine voilées sur les réseaux sociaux. Son prénom est devenu, presque malgré elle, un sujet à part entière.

Le moment précis où Yann Barthès trébuche

Invitée sur le plateau de Quotidien ce 8 décembre, Hinaupoko Devèze fait face à Yann Barthès. L’animateur, connu pour son aisance et son humour parfois mordant, lance l’interview avec une certaine assurance… jusqu’au moment fatidique.

« Hinaupoko Dévèèz, Miss Tahiti 2025 et depuis donc samedi soir, Miss France 2026. Je le dis bien, Hinaupoko ? » tente-t-il, avec une prononciation qui fait immédiatement tiquer la principale intéressée.

« Hinaupoko. Oui, le H se prononce et le U se prononce »

Hinaupoko Devèze, avec le sourire mais sans détour

Un silence léger, un sourire un peu crispé de l’animateur, et la Miss reprend doucement la main pour guider la prononciation. L’inversion des rôles est totale : c’est elle, l’invitée de 23 ans, qui enseigne à l’animateur expérimenté comment dire son propre prénom.

Pourquoi ce prénom dérange-t-il autant ?

Il ne s’agit pas seulement d’une suite de lettres compliquée. Prononcer « Hinaupoko » correctement demande de mobiliser des sons que l’on n’utilise quasiment jamais en français standard : le « h » aspiré à la polynésienne, le « u » profond, presque guttural. C’est une gymnastique orale inhabituelle pour la majorité des locuteurs métropolitains.

Mais au-delà de la technique, c’est surtout une question d’habitude culturelle. Nous sommes formatés, dès l’enfance, à entendre et reproduire un répertoire très limité de prénoms. Dès qu’un prénom sort de ce cadre – qu’il vienne de Polynésie, d’Afrique subsaharienne, du Maghreb ou d’ailleurs – il devient soudain « imprononçable » ou « trop compliqué ».

Hinaupoko Devèze l’a elle-même expliqué : en Polynésie, on l’appelle prioritairement Hinaupoko, par respect pour ses origines marquisiennes maternelles. Son second prénom plus « français » n’est utilisé que dans certains contextes administratifs. Choisir de se présenter sous son prénom polynésien lors du concours Miss France était donc un acte fort d’affirmation identitaire.

Un phénomène récurrent qui dépasse Miss France

Ce n’est malheureusement pas la première fois qu’une Miss issue des Outre-mer doit gérer ce type de situation. On se souvient de Vaimalama Chaves, Miss France 2019, qui avait déjà dû publier des petites vidéos tutorielles pour apprendre à dire correctement son prénom tahitien.

Plus largement, des milliers de Français ultramarins ou issus de l’immigration vivent cela au quotidien : à l’école, à l’université, au travail, leur prénom est écorché, simplifié, ou pire, moqué. Certains finissent par en adopter un plus « passe-partout » pour éviter les remarques. D’autres, comme Hinaupoko, tiennent bon.

Quand les médias publient des « guides de prononciation »

Le plus révélateur ? Dès le lendemain de l’élection, plusieurs supports médiatiques ont jugé utile de publier des « guides » pour bien prononcer « Hinaupoko ». Des schémas phonétiques, des vidéos, des astuces mnémotechniques… Tout y passe.

Cette démarche, bien qu’intentionnée pour certains, en dit long : on traite encore les prénoms ultramarins comme des exceptions exotiques qu’il faudrait « apprivoiser » plutôt que comme des prénoms tout court, aussi légitimes que Kevin ou Manon.

La réaction exemplaire d’Hinaupoko Devèze

Ce qui frappe dans l’échange avec Yann Barthès, c’est la douceur et la fermeté de la jeune femme. Pas une once d’agacement visible, juste une correction posée, presque pédagogique. Elle sourit, elle explique, elle répète. Elle transforme un moment potentiellement humiliant en une petite leçon de culture polynésienne gratuite.

En quelques secondes, elle rappelle que son prénom n’est pas un obstacle : il fait partie d’elle, de son histoire, de sa fierté. Et que le respecter, c’est déjà respecter une partie de la France qu’on a trop souvent tendance à reléguer au rang de « territoires lointains ».

Un miroir tendu à la société française

Cet épisode, apparemment anodin, agit comme un révélateur. Il montre à quel point la France métropolitaine reste maladroite, parfois ignorante, face à la diversité réelle de ses citoyens. On célèbre la victoire d’une Miss Tahiti que l’on trouve « magnifique » et « exotique », mais on bute encore sur son prénom le lendemain.

La vraie question n’est pas de savoir si Yann Barthès a été maladroit – il l’a été, comme beaucoup avant lui et beaucoup après – mais pourquoi, en 2025, il reste encore si compliqué d’intégrer pleinement cette diversité dans le quotidien des médias et, par extension, dans le quotidien tout court.

Car apprendre à prononcer un prénom, ce n’est pas seulement une question de politesse. C’est reconnaître l’humanité de l’autre dans ce qu’elle a de plus intime : le nom qu’on lui a donné à la naissance.

Vers plus de respect et de curiosité ?

Le moment passé dans Quotidien pourrait rester une simple anecdote amusante. Ou il pourrait marquer le début d’une prise de conscience plus large. Déjà, sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui saluent la patience et la dignité d’Hinaupoko Devèze.

Peut-être que demain, quand une nouvelle Miss, un nouvel élu, un nouvel artiste portera un prénom kanak, mahorais, guyanais ou réunionnais, les animateurs prendront cinq minutes avant l’émission pour répéter correctement. Peut-être que les rédactions cesseront de publier des « guides » comme s’il s’agissait d’une langue étrangère.

En attendant, Hinaupoko Devèze continue son tour des plateaux avec le sourire, sa couronne sur la tête et sa « grande déesse » bien accrochée à l’état civil. Et quelque part, c’est elle qui gagne déjà : elle oblige la France à faire un pas vers elle, plutôt que l’inverse.

Un pas tout simple : apprendre à dire son prénom.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.