Les résultats des élections législatives viennent à peine de tomber que déjà, une partie de la classe politique s’active pour dessiner les contours de la future Assemblée nationale. Parmi les voix qui s’élèvent, celle de Yaël Braun-Pivet, ancienne présidente de l’Assemblée et fraîchement réélue députée des Yvelines sous l’étiquette de la majorité présidentielle. Invitée ce lundi matin sur France 2, elle a plaidé pour la formation d’un “grand bloc central, républicain et progressiste” au Palais Bourbon. Une coalition qui se voudrait comme une alternative à la poussée des extrêmes, mais qui exclurait de fait la France Insoumise et le Rassemblement National malgré leurs bons scores.
Le “compromis” plutôt que “l’hégémonie”
Pour Yaël Braun-Pivet, le message des urnes est clair : “Les Français n’ont pas souhaité qu’un groupe ou qu’une force politique soit hégémonique à l’Assemblée nationale. Ils nous enjoignent à nouveau de travailler ensemble, de trouver des voies, du compromis, des voies [vers] une coalition”. Un constat partagé par l’ex-Premier ministre Edouard Philippe, qui appelait dès dimanche soir les “forces politiques centrales” à s’entendre, tout en excluant déjà LFI et le RN.
“Je suis d’accord avec ça. J’ai toujours dit qu’il fallait vraiment que l’on soit allié avec des personnes qui partagent nos valeurs et qui partagent nos objectifs. Ce n’est ni le cas de La France insoumise, ni le cas du Rassemblement national.”
Yaël Braun-Pivet sur France 2
Une majorité introuvable ?
Le premier tour des législatives a en effet été marqué par la percée du Nouveau Front populaire, alliance de la gauche radicale emmenée par Jean-Luc Mélenchon. S’il est arrivé en tête, il n’obtient cependant pas de majorité absolue à l’Assemblée. De quoi compliquer la donne pour le gouvernement, qui va devoir composer avec une opposition forte et revancharde.
Reste à savoir quelle forme pourrait prendre ce “grand bloc central” voulu par Yaël Braun-Pivet et une partie de la macronie. Si le Parti Socialiste semble une option évidente, il a d’ores et déjà posé ses conditions, parmi lesquelles figurent le rétablissement de l’ISF, l’abrogation de la loi immigration et de la réforme des retraites. Des lignes rouges difficilement compatibles avec la ligne portée par Renaissance et ses alliés. Le chemin vers un compromis s’annonce donc semé d’embûches.
Vers un retour de “l’UMPS” ?
Si certains y voient le spectre d’un retour de “l’UMPS”, cette alliance entre la droite et la gauche modérée tant décriée par les extrêmes, d’autres estiment qu’il s’agit de la seule option viable pour éviter le blocage des institutions. Une chose est sûre : les tractations et les négociations en coulisses vont bon train pour tenter de construire une majorité alternative, capable de voter les textes du gouvernement tout en ménageant les différentes sensibilités.
Le second tour des législatives, prévu dimanche prochain, permettra d’y voir plus clair sur les rapports de force à l’Assemblée. Mais déjà, les appels au rassemblement se multiplient pour éviter l’impasse politique. Un défi de taille pour Emmanuel Macron, qui va devoir plus que jamais faire preuve de souplesse et de sens du compromis s’il veut réussir son second mandat. Les prochaines semaines s’annoncent donc décisives pour l’avenir du pays.