La prochaine tournée estivale du XV de France en Nouvelle-Zélande fait déjà couler beaucoup d’encre. En effet, le sélectionneur Fabien Galthié a annoncé qu’il se passerait de ses cadres habituels comme Antoine Dupont ou Romain Ntamack pour les trois test-matchs face aux légendaires All Blacks en juillet prochain. Une décision qui passe très mal auprès des fans et observateurs néo-zélandais.
Justin Marshall crie au manque de respect
Parmi les voix qui s’élèvent pour fustiger ce choix, on retrouve Justin Marshall, ancien demi de mêlée des All Blacks aux 81 sélections. Dans une récente émission, le consultant n’a pas mâché ses mots. Il estime que la France fait preuve d’un manque de respect et d’une certaine injustice envers son pays en n’alignant pas sa meilleure équipe.
Nous n’envoyons pas notre équipe B jouer contre vous à la fin de l’année parce que nos joueurs sont fatigués. Nous envoyons notre équipe pour vous battre chez vous, dans votre propre jardin.
Justin Marshall, ancien demi de mêlée des All Blacks
Marshall rappelle que les Néo-Zélandais sont toujours venus avec leur meilleur effectif lors de leurs dernières tournées en France, en 2021, 2022 et 2023. Pour lui, les Bleus devraient leur rendre la pareille.
Un calendrier chargé pour les internationaux français
Du côté du staff tricolore, on justifie ce choix par la nécessité de ménager les organismes après une saison éprouvante, marquée par la Coupe du Monde 2023 à domicile. Les cadres du XV de France auront enchaîné les matchs avec leurs clubs respectifs et la sélection.
Fabien Galthié souhaite ainsi préserver la fraîcheur physique et mentale de ses joueurs majeurs dans l’optique des prochaines échéances, dont la Coupe du Monde 2027 qui se profile déjà à l’horizon. Cette tournée sera aussi l’occasion de tester de nouveaux éléments et d’étoffer le réservoir de l’équipe de France.
Les All Blacks vexés dans leur orgueil
Mais ces explications peinent à convaincre en Nouvelle-Zélande. Pour beaucoup, c’est l’orgueil des All Blacks qui est touché. Cette équipe mythique, triple championne du monde, a l’habitude d’être crainte et respectée par toutes les nations. Se voir opposer une équipe de France bis apparaît presque comme un affront.
D’autant plus après le superbe match livré par les deux équipes en novembre dernier. Un duel épique remporté par les Bleus (40-25) qui avait laissé entrevoir de belles promesses pour leurs futures confrontations. Promesses qui semblent déjà un peu douchées par l’annonce de Galthié.
Des enjeux différents entre les deux nations
Au-delà des considérations sportives, cette polémique met en lumière les enjeux et contraintes différents entre les deux pays. Là où les All Blacks font figure d’institution nationale qui transcende le rugby, le XV de France doit composer avec un calendrier surchargé et les impératifs des clubs du Top 14, compétition phare en France.
Les internationaux tricolores, aussi talentueux soient-ils, n’ont pas les mêmes facilités que leurs homologues néo-zélandais pour se libérer en sélection. Un constat qui explique en partie les choix de Fabien Galthié, même s’ils sont difficiles à entendre pour les amoureux de la confrontation entre les deux nations.
Vers un assouplissement des relations club/sélection en France ?
Cette situation pourrait cependant évoluer dans les années à venir. Selon certaines sources, la Fédération Française de Rugby plancherait sur un nouvel accord avec la Ligue Nationale de Rugby, qui gère le rugby professionnel, pour faciliter la mise à disposition des internationaux.
L’objectif serait de trouver un équilibre entre les besoins de l’équipe nationale et ceux des clubs, sans léser aucune des parties. Un deal qui pourrait à terme permettre au XV de France d’aborder les tournées estivales avec ses meilleurs éléments, et ainsi donner plus de relief à ces confrontations face aux grandes nations de l’hémisphère Sud.
En attendant, les All Blacks devront se contenter d’un XV de France new look pour cette tournée de juillet. Avec l’espoir que ces test-matchs, même sans les stars tricolores, offrent tout de même de belles empoignades sur les pelouses néo-zélandaises. Le rugby, dans toute sa splendeur, mérite toujours d’être célébré, quels que soient les noms sur les maillots.
