La tournée estivale du XV de France en Argentine vient de se terminer dans la tourmente. Au-delà de la défaite sportive samedi soir face aux Pumas (33-25), c’est surtout le scandale impliquant Oscar Jégou et Hugo Auradou qui secoue le rugby tricolore. Les deux jeunes joueurs de 21 et 20 ans, tout juste capés en équipe nationale, sont accusés d’avoir violé une femme de 39 ans dans leur hôtel de Mendoza le week-end dernier. Mis en examen vendredi pour “viol aggravé par la participation de deux personnes”, ils risquent jusqu’à 20 ans de prison si les faits sont avérés. Une affaire sordide aux répercussions déjà dévastatrices pour l’image du XV de France et du rugby français en général.
Un témoignage glaçant
Selon les premiers éléments de l’enquête relayés par la presse argentine, les faits se seraient déroulés dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 juillet, après la victoire inaugurale des Bleus (28-13). La victime présumée serait entrée dans une chambre du Diplomatic Hotel en compagnie d’un des deux joueurs, avant qu’un premier rapport sexuel violent n’ait lieu. D’après son avocate, la trentenaire aurait alors été “étranglée et battue”. Une scène d’une “rare brutalité” aurait suivi, impliquant cette fois les deux rugbymen.
La femme aurait été étranglée et battue.
Natacha Romano, avocate de la plaignante
La victime, “physiquement dévastée” et “enfermée dans la chambre”, aurait finalement réussi à s’échapper au petit matin pour porter plainte. Les deux joueurs ont été interpellés mardi et placés en détention provisoire. Ils nient les accusations de viol et affirment que les relations étaient consenties. Des arguments balayés par l’avocate de la plaignante, qui dénonce des “abus sexuels atroces”.
L’affaire de trop pour le rugby français
Au-delà du drame humain, cette affaire jette une lumière crue sur certaines dérives comportementales persistantes dans le milieu du rugby. Violence, alcool, machisme… Les frasques extra-sportives se sont multipliées ces dernières années chez les internationaux français, de Mathieu Bastareaud à Alexandre Lapandry en passant par le désormais tristement célèbre Sébastien Vahaamahina. Des “dérives inacceptables” pour le ministère des Sports, qui appelle la Fédération Française de Rugby (FFR) à sévir.
Car cette nouvelle affaire risque de faire très mal à la réputation du XV de France, à seulement un an de la Coupe du monde à domicile. Après le fiasco sportif du Mondial 2019 et les remous en interne à la FFR, le rugby tricolore espérait enfin retrouver de sa superbe sous le mandat de Fabien Galthié. Las, le scandale Jégou-Auradou vient doucher cet enthousiasme et écorner sérieusement l’image d’une équipe et d’un sport qui peinent décidément à se réformer.
La FFR et le XV de France vont devoir réagir vite
Dans ce contexte explosif, la réaction des instances sera scrutée de près. Le président de la FFR Bernard Laporte et le sélectionneur des Bleus Fabien Galthié vont devoir prendre des mesures fortes et rapides pour éteindre l’incendie. Sanctions disciplinaires, mise à l’écart, révision éthique, meilleure formation des joueurs… Tous les leviers devront être actionnés pour tenter de redorer le blason d’un rugby français en pleine crise de réputation.
Car au-delà du sort judiciaire des deux mis en cause, qui bénéficient pour l’heure de la présomption d’innocence, c’est tout un système qui vacille à travers ce fait divers sordide. Un électrochoc salvateur pour le rugby français ? L’avenir le dira. Mais une chose est sûre : l’affaire Jégou-Auradou laissera des traces indélébiles, sur et en dehors des terrains.