En cette fin d’année 2024, le président chinois Xi Jinping a lancé une mise en garde sans équivoque lors de son discours au sommet de l’APEC à Lima. Selon lui, le monde serait entré dans une nouvelle ère marquée par une montée de “l’unilatéralisme” et du “protectionnisme”.
Un constat alarmant pour le leader de la deuxième puissance économique mondiale, qui a appelé à maintenir “stables et fluides” les chaînes industrielles et d’approvisionnement à l’échelle du globe. Car dans un contexte géopolitique tendu, toute perturbation pourrait avoir des conséquences désastreuses.
Tensions sino-américaines en toile de fond
Cette déclaration intervient alors que Xi Jinping doit rencontrer samedi son homologue américain Joe Biden en marge du sommet, pour la troisième fois. L’objectif affiché : tenter de réduire les tensions entre les deux superpuissances.
Mais le climat s’annonce fébrile, avec en ligne de mire le retour attendu en janvier de Donald Trump à la Maison Blanche. Durant sa campagne, le président élu républicain avait notamment brandi la menace d’imposer des droits de douane de 60% sur les produits chinois importés aux États-Unis.
Plus généralement, sa rhétorique isolationniste et le profil des “faucons” pressentis pour sa future politique étrangère laissent présager une présidence offensive vis-à-vis de Pékin. Un scénario que Xi Jinping semble anticiper dans son discours.
Le spectre d’une nouvelle guerre commerciale
Et pour cause, lors de son précédent mandat de 2017 à 2021, Donald Trump n’avait pas hésité à se lancer dans une confrontation commerciale directe avec l’empire du Milieu. Une escalade qui avait ébranlé l’économie mondiale.
Dans ce contexte, Xi Jinping a estimé que toute tentative de réduire l’interdépendance économique à l’échelle planétaire ne serait “rien d’autre qu’un rétropédalage”. Une pique à peine voilée aux velléités protectionnistes affichées par Trump pendant sa campagne.
La Chine gardera-t-elle le cap de l’ouverture ?
Face à ces vents contraires, le président chinois s’est toutefois voulu rassurant. Il s’est engagé à atteindre l’objectif de 5% de croissance du PIB et à poursuivre des politiques de libéralisation économique pour ouvrir davantage la Chine au monde.
Mais dans les faits, Pékin parviendra-t-il à maintenir ce cap alors que l’horizon géoéconomique mondial s’assombrit ? C’est tout l’enjeu des prochains mois, qui s’annoncent décisifs pour l’avenir du commerce international et des relations sino-américaines.
Car comme l’a rappelé Xi Jinping, dans un monde “entré dans une nouvelle période de turbulences et de transformation”, les règles du jeu pourraient bien être chamboulées. Et pas forcément dans le sens d’une plus grande ouverture.
Reste à savoir si, au-delà des discours, les actes suivront. La rencontre Xi-Biden de samedi, scrutée de près par les observateurs du monde entier, devrait donner de premiers éléments de réponse. En attendant le grand saut dans l’inconnu que représentera le retour de Donald Trump aux affaires.