Le mastodonte européen des paiements Worldline traverse une passe difficile. Après avoir accusé une perte nette de 29 millions d’euros au premier semestre 2024, le groupe français a dû revoir à la baisse ses objectifs annuels. Une situation préoccupante qui pourrait avoir des répercussions sur les millions de transactions en ligne réalisées chaque jour via ses services. Décryptage.
Worldline vacille sur ses bases
Leader incontesté du paiement électronique en Europe, Worldline semblait jusqu’ici insubmersible. Mais les résultats publiés jeudi dernier ont de quoi inquiéter. Le groupe a enregistré une perte nette de 29 millions d’euros sur les six premiers mois de l’année, alors qu’il avait dégagé 81 millions d’euros de bénéfices un an plus tôt.
Worldline explique cette contre-performance par un environnement macroéconomique défavorable, marqué par un ralentissement de la consommation en Europe au deuxième trimestre. Mais aussi et surtout par le coût de son vaste plan de transformation Power24, qui a pesé à hauteur de 174 millions d’euros sur ses comptes.
Power24, un plan qui pèse lourd
Lancé en début d’année, ce programme vise à réorganiser en profondeur le groupe pour le rendre plus agile et compétitif face à la révolution numérique. Avec notamment des suppressions de postes pouvant aller jusqu’à 8% des effectifs. « La transformation profonde que nous conduisons dans le groupe nous met sur une trajectoire solide de moyen terme que nous confirmons », a assuré le directeur général Gilles Grapinet.
Mais à court terme, la facture est salée. Et les objectifs revus à la baisse. Worldline ne table plus que sur une croissance organique comprise entre 2% et 3% cette année, contre 4% à 6% précédemment. De quoi faire chuter l’action en bourse.
Un recul attendu des services web transactionnels
La déception est d’autant plus grande que le chiffre d’affaires global a progressé de 2,1% au premier semestre, à 2,29 milliards d’euros. Mais tous les métiers ne sont pas logés à la même enseigne. Si les services aux commerçants ont généré 1,66 milliard d’euros (+3,2%), les services financiers ont reculé de 1,5% à 457 millions d’euros.
Surtout, le chiffre d’affaires des services web transactionnels, cœur de métier de Worldline, n’a progressé que de 1% à 174 millions d’euros. Un coup de frein brutal pour cette division en plein essor qui avait bondi de 9% l’an dernier.
Quels impacts pour les consommateurs et les marchands ?
Ces difficultés pourraient fragiliser la position de Worldline comme tiers de confiance des paiements en ligne. Le groupe traite chaque jour des millions de transactions pour le compte de grandes enseignes et d’institutions financières. Sa technologie sécurise les achats sur de nombreux sites e-commerce.
Si ses capacités d’investissement venaient à se réduire, la qualité et la fiabilité de ses services pourraient en pâtir, au détriment des consommateurs. D’autant que la concurrence est féroce, avec des rivaux comme l’allemand Wirecard ou le néerlandais Adyen qui ne manqueraient pas de saisir l’occasion pour grignoter des parts de marché.
Du côté des marchands, si Worldline venait à perdre en compétitivité, cela pourrait renchérir les coûts de transaction et compliquer l’intégration de nouveaux moyens de paiement innovants. Avec un risque de freiner la transformation numérique du commerce.
Worldline est à un moment charnière de son histoire. De sa capacité à mener à bien sa mue dépendra sa place sur l’échiquier mondial des paiements de demain.
– Un analyste financier
Une chose est sûre, le géant français devra rassurer sur sa solidité dans les prochains mois. Car dans le monde ultra-concurrentiel du paiement en ligne, la confiance est la clé. Et elle peut se perdre très vite, comme l’a montré la chute de Wirecard en 2020 après un scandale financier retentissant. Les prochains résultats de Worldline au troisième trimestre seront donc scrutés de près.
En attendant, la prudence reste de mise pour les millions de consommateurs et d’e-commerçants qui utilisent chaque jour ses services. Car si le mastodonte vacille, c’est tout l’écosystème des transactions électroniques qui pourrait en subir les ondes de choc. Affaire à suivre, donc.
Lancé en début d’année, ce programme vise à réorganiser en profondeur le groupe pour le rendre plus agile et compétitif face à la révolution numérique. Avec notamment des suppressions de postes pouvant aller jusqu’à 8% des effectifs. « La transformation profonde que nous conduisons dans le groupe nous met sur une trajectoire solide de moyen terme que nous confirmons », a assuré le directeur général Gilles Grapinet.
Mais à court terme, la facture est salée. Et les objectifs revus à la baisse. Worldline ne table plus que sur une croissance organique comprise entre 2% et 3% cette année, contre 4% à 6% précédemment. De quoi faire chuter l’action en bourse.
Un recul attendu des services web transactionnels
La déception est d’autant plus grande que le chiffre d’affaires global a progressé de 2,1% au premier semestre, à 2,29 milliards d’euros. Mais tous les métiers ne sont pas logés à la même enseigne. Si les services aux commerçants ont généré 1,66 milliard d’euros (+3,2%), les services financiers ont reculé de 1,5% à 457 millions d’euros.
Surtout, le chiffre d’affaires des services web transactionnels, cœur de métier de Worldline, n’a progressé que de 1% à 174 millions d’euros. Un coup de frein brutal pour cette division en plein essor qui avait bondi de 9% l’an dernier.
Quels impacts pour les consommateurs et les marchands ?
Ces difficultés pourraient fragiliser la position de Worldline comme tiers de confiance des paiements en ligne. Le groupe traite chaque jour des millions de transactions pour le compte de grandes enseignes et d’institutions financières. Sa technologie sécurise les achats sur de nombreux sites e-commerce.
Si ses capacités d’investissement venaient à se réduire, la qualité et la fiabilité de ses services pourraient en pâtir, au détriment des consommateurs. D’autant que la concurrence est féroce, avec des rivaux comme l’allemand Wirecard ou le néerlandais Adyen qui ne manqueraient pas de saisir l’occasion pour grignoter des parts de marché.
Du côté des marchands, si Worldline venait à perdre en compétitivité, cela pourrait renchérir les coûts de transaction et compliquer l’intégration de nouveaux moyens de paiement innovants. Avec un risque de freiner la transformation numérique du commerce.
Worldline est à un moment charnière de son histoire. De sa capacité à mener à bien sa mue dépendra sa place sur l’échiquier mondial des paiements de demain.
– Un analyste financier
Une chose est sûre, le géant français devra rassurer sur sa solidité dans les prochains mois. Car dans le monde ultra-concurrentiel du paiement en ligne, la confiance est la clé. Et elle peut se perdre très vite, comme l’a montré la chute de Wirecard en 2020 après un scandale financier retentissant. Les prochains résultats de Worldline au troisième trimestre seront donc scrutés de près.
En attendant, la prudence reste de mise pour les millions de consommateurs et d’e-commerçants qui utilisent chaque jour ses services. Car si le mastodonte vacille, c’est tout l’écosystème des transactions électroniques qui pourrait en subir les ondes de choc. Affaire à suivre, donc.