Il était une voix, un mystère, une étoile filante dans le ciel du rap français. À seulement 31 ans, Jérémy Bana Owona, plus connu sous le nom de Werenoi, a laissé un vide immense dans l’industrie musicale. Sa mort, annoncée ce samedi 17 mai 2025, a secoué ses fans et le monde de la musique. Comment un artiste aussi discret a-t-il pu marquer si profondément les esprits ?
Un Géant Discret du Rap Français
Werenoi n’était pas seulement un rappeur. Il incarnait une nouvelle vague, mêlant flow percutant, mélodies envoûtantes et une aura énigmatique. Né en Seine-et-Marne et grandi à Montreuil, il portait en lui les influences d’une jeunesse urbaine, teintée de rêves et de réalités brutes. Ses origines camerounaises ajoutaient une richesse culturelle à ses textes, même s’il préférait laisser parler sa musique plutôt que sa vie privée.
Sa discrétion était légendaire. Contrairement à beaucoup d’artistes de sa génération, Werenoi fuyait les projecteurs. « Je préfère le mystère », confiait-il dans une rare interview. Cette philosophie a forgé son identité, faisant de lui une figure à part dans le rap français.
De Carré à Pyramide : Une Ascension Météorique
En 2023, l’album Carré propulse Werenoi au sommet des ventes, dépassant des poids lourds comme Indochine ou Billie Eilish. L’année suivante, Pyramide confirme son règne, avec des sonorités plus audacieuses et des textes introspectifs. Avril 2025 marque la sortie de Diamant noir, un opus qui s’empare immédiatement de la première place des charts.
« Je m’inspire de ma vie et de celle de mes proches. »
Werenoi, sur ses sources d’inspiration
Ses albums racontent des histoires de rue, d’amour, de luxe, mais avec une sensibilité rare. Moins cru que certains de ses pairs, Werenoi jouait sur l’autotune et des mélodies soignées pour captiver son public. Ses collaborations avec des stars comme Ninho, Aya Nakamura ou Gims ont amplifié son rayonnement.
Les chiffres fous de Werenoi
- 2023 : Carré, numéro 1 des ventes en France.
- 2024 : Pyramide, leader face à Jul et Zaho de Sagazan.
- 2025 : Diamant noir, 1re place dès sa sortie.
- 1,5 million : Écoutes de Piano avec Gims en deux semaines.
Un Artiste Caméléon
Werenoi se définissait comme un « caméleon ». Capable de s’adapter à tous les styles, il naviguait entre punchlines acérées et refrains mélodieux. Son titre Piano, en duo avec Gims, illustre cette versatilité. Sorti le 1er mai 2025, il cumule rapidement 1,5 million d’écoutes sur YouTube, preuve de son emprise sur le public.
Sa capacité à surprendre se manifeste aussi dans ses choix de collaborations. En septembre 2023, il invite Pascal Obispo sur la scène du Zénith de Paris. Un moment inattendu, salué par les fans pour son audace. « J’aime le gars, simple, discret », déclarait Obispo, conquis par l’univers de Werenoi.
Le Mystère Werenoi : Une Vie Privée Protégée
Si Werenoi brillait sur scène, il cultivait l’ombre dans sa vie personnelle. « À trop parler, tu dis ce que tu ne veux pas dire », expliquait-il. Cette retenue, loin d’être un calcul marketing, était ancrée dans sa nature. Son pseudonyme, inspiré d’une salutation amicale, reflétait son envie de rester accessible sans se dévoiler.
« Werenoi, c’est comme Oui mon pote. Ce n’est pas communautaire, juste une vibe. »
Werenoi, sur l’origine de son nom
Son label, PGP Records, créé en 2020, symbolise cette quête d’indépendance. PGP, référence à un téléphone intraçable, incarne son goût pour le mystère. Pourtant, ses textes laissaient entrevoir des bribes de son histoire : une enfance marquée par le rap, un bac en poche, et une passion qui l’a conduit à tout risquer pour la musique.
Un Départ Brutal et des Questions en Suspens
La nouvelle de sa mort a éclaté comme un coup de tonnerre. Dès vendredi, des rumeurs évoquaient un état critique, amplifiées par son absence à un showcase. Confirmée par son producteur sur les réseaux, l’annonce a plongé les fans dans la stupeur. Les circonstances de son décès restent floues, alimentant spéculations et tristesse.
Sur les réseaux sociaux, les hommages affluent. « Werenoi, c’était plus qu’un rappeur, c’était une vibe », écrit un fan. Un autre ajoute : « Pyramide m’a accompagné dans mes pires moments. Merci pour tout. » Ces messages témoignent de l’impact émotionnel de sa musique.
| Album | Année | Classement |
|---|---|---|
| Carré | 2023 | 1er |
| Pyramide | 2024 | 1er |
| Diamant noir | 2025 | 1er |
L’Héritage d’un Pionnier
Werenoi laisse derrière lui un héritage indélébile. Ses albums, devenus des classiques, continueront d’inspirer les nouvelles générations. Sa capacité à allier authenticité et modernité a redéfini les codes du rap français. À Montreuil, où il a grandi, son nom résonne comme celui d’un héros local.
Son parcours, fulgurant mais trop court, rappelle la fragilité des icônes. En seulement quelques années, il a conquis les charts, les scènes et les cœurs. Ses collaborations avec des artistes comme SCH, Lacrim ou Tiakola ont montré qu’il pouvait dialoguer avec les plus grands tout en restant fidèle à lui-même.
Un Impact au-delà de la Musique
Werenoi n’était pas qu’un artiste. Il représentait une jeunesse qui rêve grand, malgré les obstacles. À Montreuil, il incarnait l’espoir pour beaucoup de jeunes issus de quartiers populaires. Sa réussite, bâtie sans compromettre son identité, envoyait un message fort : tout est possible.
Son influence s’étendait aussi à la mode et à la culture urbaine. Ses clips, soignés et stylisés, mettaient en lumière un univers visuel riche, entre voitures de luxe et ambiances nocturnes. Cette esthétique a marqué toute une génération.
Que Reste-t-il de Werenoi ?
La disparition de Werenoi soulève des questions sur l’avenir du rap français. Qui reprendra le flambeau ? Ses albums, désormais orphelins, continueront de tourner sur les plateformes. Mais l’absence de sa voix, de son regard, de son mystère laisse un goût d’inachevé.
Pour ses fans, Werenoi restera une légende. Ses textes, empreints de sincérité, continueront de résonner. Comme il le disait lui-même, il en disait « assez » dans ses chansons. Peut-être est-ce là son ultime cadeau : une œuvre qui parle pour lui, éternellement.
« Merci Werenoi, pour les mélodies, les rêves, et le mystère. Repose en paix. »
