Après un démarrage en fanfare, la Bourse de New York a finalement terminé sur une note hésitante jeudi. Les principaux indices ont effacé leurs gains initiaux pour clôturer proche de l’équilibre, les investisseurs restant perplexes après les récentes annonces de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed). Une remontée des taux obligataires a également freiné l’élan.
Le Dow Jones a à peine grappillé 0,04%, évitant de justesse une onzième séance consécutive dans le rouge. Une telle série noire ne s’était plus vue depuis cinq décennies. L’indice élargi S&P 500 a lâché 0,09% tandis que le Nasdaq, à forte coloration technologique, a reculé de 0,10%. Un rebond en demi-teinte qui illustre le manque de conviction du marché.
Des signaux contradictoires de la Fed
La Bourse new-yorkaise tentait de se reprendre après une séance difficile mercredi dans le sillage des annonces de la Fed. Si cette dernière a bien abaissé ses taux directeurs comme anticipé, elle a aussi revu à la baisse ses projections de baisses de taux pour 2025. Seules deux réductions sont désormais envisagées, contre quatre précédemment.
Cette perspective moins accommodante que prévu a douché les espoirs des opérateurs. Nombre d’entre eux tablent maintenant sur une première baisse de taux en 2025 seulement, se montrant plus pessimistes que l’institution. La crainte d’un environnement de taux élevés durable, nourrie par une inflation persistante, a refroidi les ardeurs.
Regain de tension sur les taux
Pour ne rien arranger, les taux des emprunts d’État américains sont repartis à la hausse. Le rendement des bons du Trésor à 10 ans a touché 4,59%, un sommet depuis quasi sept mois. Cette remontée a de quoi inquiéter alors que beaucoup redoutent un atterrissage brutal de l’économie si le loyer de l’argent reste durablement élevé.
Le marché se prépare à une année 2025 volatile, un contexte qui pourrait s’avérer défavorable pour les actions.
Patrick O’Hare, analyste chez Briefing.com
Secousses sectorielles
Sur le front des valeurs, l’humeur était mitigée. Quelques poids lourds technologiques comme Netflix (+1,40%) et Nvidia (+1,37%) ont profité d’achats à bon compte après leur dégringolade de la veille. Le fabricant de semi-conducteurs Micron restait par contre en souffrance (-16,18%), sanctionné pour ses prévisions jugées décevantes.
La biotech Vertex Pharmaceuticals a aussi chuté lourdement (-11,37%) après l’échec d’un essai clinique important sur un anti-douleur non opiacé. Le géant des frites surgelées Lamb Weston a pour sa part plongé de 20,10% après avoir fait état d’une perte inattendue, plombé par une hausse de ses coûts et un ralentissement de ses ventes.
Prudence de mise
À court terme, les analystes ne s’attendent pas à ce que la crise autour du plafond de la dette aux États-Unis pèse trop lourdement sur la tendance. Le Congrès américain, habitué à ce genre de psychodrame, devrait selon eux trouver un compromis in extremis pour éviter un défaut de paiement aux lourdes conséquences.
Reste que le contexte général incite à la prudence. Entre resserrement monétaire, ralentissement économique et tensions géopolitiques, les motifs d’inquiétude ne manquent pas. Une grande partie des investisseurs préfère limiter les risques dans l’attente d’une amélioration de la visibilité, maintenant Wall Street dans un étau.