Dans une déclaration surprenante, le Président serbe Aleksandar Vucic a annoncé mardi son intention de se rendre en Russie en mai 2025 pour célébrer le 80e anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie, “si la fin du monde n’a pas eu lieu”. Cette visite, qui interviendrait plus de trois ans après le début de l’invasion russe en Ukraine, souligne la position délicate de la Serbie, tiraillée entre ses liens historiques avec Moscou et ses aspirations à rejoindre l’Union Européenne.
Vucic, qui ne s’est pas rendu en Russie depuis février 2022, a exprimé son espoir d’être présent sur la place Rouge pour cet événement symbolique, comme il l’avait été pour le 75e anniversaire. Il a également mentionné que le Premier ministre slovaque Robert Fico serait de la partie, sur invitation du Président russe Vladimir Poutine.
Un équilibre diplomatique précaire
La Serbie, qui n’a jamais imposé de sanctions à la Russie malgré les pressions de l’UE, se trouve dans une position diplomatique de plus en plus inconfortable. Belgrade dépend presque totalement de Moscou pour ses approvisionnements en gaz, tout en étant candidate à l’entrée dans l’Union Européenne, avec laquelle elle réalise la majorité de ses échanges commerciaux.
Depuis près de trois ans, le pays joue un numéro d’équilibriste fragile entre Bruxelles et Moscou. L’UE a régulièrement fait part de son inquiétude quant aux liens étroits entre Belgrade et Moscou, appelant la Serbie à aligner sa politique étrangère et de sécurité sur celle de l’Union.
Des tensions diplomatiques palpables
Les relations entre la Serbie et l’UE ont connu un coup de froid en octobre dernier, lorsque la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annulé un entretien prévu avec le Premier ministre serbe, Milos Vucevic, qui venait tout juste de recevoir un ministre russe.
Cette décision illustre les tensions croissantes entre Belgrade et Bruxelles, alors que la Serbie cherche à maintenir un équilibre délicat entre ses aspirations européennes et ses liens historiques avec la Russie.
La Russie met en avant ses valeurs patriotiques et militaires
De son côté, le Kremlin a annoncé mardi son intention de faire du 9 mai 2025 “la plus grande fête de son histoire”, dans un contexte d’exaltation des valeurs patriotiques et militaires en plein conflit en Ukraine.
Cette annonce souligne l’importance symbolique de cet anniversaire pour la Russie, qui cherche à renforcer son influence sur la scène internationale malgré les sanctions et l’isolement diplomatique auxquels elle fait face depuis le début de la guerre en Ukraine.
L’avenir incertain des relations serbo-russes
La visite prévue de Vucic en Russie en mai 2025 soulève de nombreuses questions quant à l’évolution des relations entre Belgrade et Moscou dans les années à venir. Si la Serbie parvient à maintenir un équilibre entre ses liens avec la Russie et son rapprochement avec l’UE, elle pourrait jouer un rôle clé dans la stabilité de la région des Balkans.
Cependant, si les pressions de l’UE s’accentuent et que la Serbie est contrainte de choisir entre Bruxelles et Moscou, les conséquences pourraient être significatives, tant sur le plan économique que géopolitique. Dans ce contexte, la visite de Vucic en Russie en 2025 apparaît comme un symbole fort de la volonté de Belgrade de maintenir des liens étroits avec Moscou, malgré les défis diplomatiques qui l’attendent.
En définitive, l’annonce de la visite du Président serbe en Russie en mai 2025 met en lumière les enjeux complexes auxquels la Serbie est confrontée, tiraillée entre ses aspirations européennes et ses liens historiques avec Moscou. L’évolution de la situation dans les mois et les années à venir sera déterminante pour l’avenir de la Serbie et la stabilité de la région des Balkans.