Imaginez-vous vous réveiller un matin et découvrir que la seule bouée de sauvetage quotidienne de votre enfant a disparu. Pas un jouet, pas un objet précieux, mais le véhicule spécialement aménagé qui permet à votre petite fille lourdement handicapée de sortir de chez elle, d’aller à l’école, de voir le médecin, de vivre tout simplement. C’est exactement ce qui est arrivé à une famille de Concarneau dans la nuit du 28 au 29 novembre 2025.
Un cambriolage qui touche au cœur
Vers six heures trente, le grand-père d’Eva, huit ans, sort de chez lui dans le quartier calme de Douric. Deux emplacements vides. Les deux voitures de la famille ont été volées pendant la nuit. L’une d’elles est une Renault Wind, l’autre est bien plus qu’une simple voiture : c’est un Renault Kangoo entièrement transformé pour accueillir le fauteuil roulant de la petite fille et lui permettre des déplacements en toute sécurité.
Eva souffre d’une maladie rare, l’hypoplasie ponto-cérébelleuse. Cette pathologie affecte gravement son développement moteur et cognitif. Sans ce véhicule adapté, les trajets deviennent un calvaire, parfois impossibles. Chaque sortie demande une organisation colossale. Le vol n’est pas seulement matériel : il prive littéralement une enfant de sa liberté de mouvement.
« Ils sont entrés dans la maison pendant que tout le monde dormait, ils ont pris les clés et ils sont partis avec les voitures. Rendez-le nous, s’il vous plaît. C’est vital pour Eva. »
Le grand-père de la petite fille
Une course-poursuite à haut risque à Quimper
Quelques heures plus tard, la Renault Wind est repérée à une trentaine de kilomètres de là, dans le quartier du Moulin Vert à Quimper. Les policiers tentent un contrôle. Le conducteur refuse d’obtempérer et accélère brutalement en direction des forces de l’ordre.
Le choc est inévitable. Un fonctionnaire de police est légèrement blessé lors du déploiement de l’airbag. Il se verra prescrire sept jours d’incapacité totale de travail. Le véhicule finit sa course encastré, mais les deux occupants parviennent dans un premier temps à prendre la fuite avant d’être rapidement interpellés.
Ils ont quatorze et seize ans.
Deux adolescents déjà connus des services
Les premiers éléments de l’enquête confirment que les deux mineurs étaient déjà bien connus des services de police et de la justice. Le syndicat Alliance Police Nationale parle sans détour de « profils récidivistes » et alerte sur la montée inquiétante de la violence chez certains jeunes.
Ce n’est d’ailleurs pas un incident isolé. Le vendredi précédent, une policière de Concarneau avait déjà été blessée par un autre mineur lors d’une intervention. Deux agressions en quarante-huit heures dans la même petite agglomération. Le sentiment d’impunité semble s’installer.
« On pourrait peut-être, à un moment ou à un autre, réformer le statut juridique des mineurs parce que ça devient vraiment compliqué pour nous. »
Un représentant syndical
Le Kangoo toujours introuvable : l’angoisse d’une famille
Si la Renault Wind a été rapidement retrouvée, le Kangoo aménagé reste, à l’heure où nous écrivons ces lignes, porté disparu. Chaque heure qui passe accentue le stress des parents et des grands-parents. Les rendez-vous médicaux s’accumulent, les trajets scolaires deviennent acrobatiques, la vie quotidienne est bouleversée.
La famille a décidé de lancer un appel public. Photos du véhicule, plaque d’immatriculation, description précise des aménagements spécifiques : tout est diffusé pour maximiser les chances de le retrouver intact. Car un Kangoo volé peut se revendre facilement, mais un Kangoo avec rampe handicapée et sièges médicalisés perd beaucoup de valeur sur le marché noir… et risque surtout d’être abandonné quelque part, abîmé ou incendié.
Le message est simple et poignant : peu importe qui vous êtes, peu importe pourquoi vous l’avez pris. Ramenez-le. Sans condition. La vie d’une petite fille en dépend.
Derrière l’histoire d’Eva, un phénomène national
Cette affaire dramatique n’est malheureusement pas un cas isolé. Ces dernières années, les vols de véhicules avec effraction au domicile se multiplient, particulièrement la nuit. Les auteurs sont souvent très jeunes, parfois à peine adolescents, et n’hésitent plus à utiliser la violence dès le premier contrôle.
Le phénomène des refus d’obtempérer violents a explosé. En 2024 déjà, les chiffres montraient une augmentation de plus de 30 % par rapport à l’année précédente. Et quand les conducteurs sont mineurs, la réponse pénale reste souvent perçue comme trop clémente, alimentant un cercle vicieux.
Des policiers se retrouvent régulièrement en danger face à des adolescents qui savent qu’ils risquent, au pire, un rappel à la loi ou un stage de citoyenneté. Le sentiment d’impunité grandit, la peur change de camp.
Et maintenant ?
Les deux adolescents sont toujours en garde à vue. L’enquête devra déterminer s’ils sont bien les auteurs du cambriolage de Concarneau ou s’ils n’ont « que » utilisé la seconde voiture volée. Dans les deux cas, les faits sont graves : vol en réunion avec effraction, violences sur personne dépositaire de l’autorité publique, blessures involontaires ou volontaires.
Pour la famille d’Eva, l’attente est insoutenable. Chaque appel téléphonique fait espérer le meilleur. Chaque heure sans nouvelle renforce la crainte que le véhicule adapté ne soit perdu à jamais.
Cette histoire nous renvoie à l’essentiel : derrière les statistiques de délinquance, il y a des vies brisées, des enfants vulnérables, des familles qui se battent chaque jour et qui n’auraient jamais dû devenir des victimes collatérales d’une violence devenue banale.
Nous ne pouvons qu’espérer que cet appel trouve un écho, même chez ceux qui ont commis l’irréparable. Parfois, un reste d’humanité suffit à faire la différence.
Si vous apercevez un Renault Kangoo blanc avec aménagements handicap (rampe, sièges médicalisés, autocollants éventuels), contactez immédiatement le commissariat le plus proche. Un geste peut changer la vie d’une petite fille.
En attendant, la Bretagne entière retient son souffle pour Eva et les siens.
