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Vol Audacieux de Matisse à São Paulo : Un Suspect Identifié

Deux hommes armés ont pénétré en plein jour dans la plus grande bibliothèque de São Paulo et repartis avec des trésors rares signés Matisse et Portinari. Un suspect est déjà identifié grâce aux caméras… mais où sont passées ces œuvres inestimables ?

Imaginez la scène : un dimanche après-midi tranquille dans le centre de São Paulo, une bibliothèque historique, quelques visiteurs âgés… et soudain, deux hommes armés surgissent, maîtrisent le personnel et repartent avec des trésors artistiques d’une valeur incalculable. Ce n’est pas le scénario d’un film, mais bien un vol qui s’est produit il y a quelques heures seulement à la bibliothèque Mario de Andrade.

Un braquage éclair en pleine journée

Les faits sont simples et glaçants. Dimanche, vers le milieu de journée, deux individus armés font irruption dans l’un des lieux culturels les plus emblématiques de la métropole brésilienne. Ils neutralisent rapidement la gardienne et un couple de personnes âgées qui visitaient l’exposition, puis se dirigent sans hésiter vers les œuvres exposées.

En quelques minutes à peine, huit gravures d’Henri Matisse et cinq œuvres de Candido Portinari disparaissent dans un sac en toile. Les voleurs ressortent calmement par la porte principale et montent dans une petite camionnette avant de s’évanouir dans la circulation dense de São Paulo.

L’exposition qui a attiré tous les regards… et les convoitises

L’exposition incriminée s’intitulait « Du livre au musée ». Organisée conjointement par la bibliothèque Mario de Andrade et le Musée d’art moderne de São Paulo (MAM), elle présentait des livres rares et des pièces maîtresses des années 1940-1950. Inaugurée en octobre, elle s’est terminée… le jour même du vol.

Parmi les œuvres dérobées figurent des pièces exceptionnelles de l’album Jazz, publié par Matisse en 1947. Ce livre d’artiste, tiré à seulement 300 exemplaires dans le monde, contient des collages devenus légendaires. Chaque page est une explosion de couleur et de forme, considérée aujourd’hui comme l’un des sommets de l’œuvre tardive du maître français.

À ces trésors s’ajoutent cinq illustrations réalisées par Candido Portinari pour l’ouvrage Menino de Engenho en 1959. Portinari, peintre engagé et figure majeure de l’art brésilien, a marqué le XXe siècle par ses scènes sociales puissantes et sa palette chaleureuse.

Une enquête qui avance à grands pas

Moins de 24 heures après les faits, les autorités annoncent une avancée significative. Un premier suspect a été formellement identifié. Le véhicule utilisé pour la fuite a été localisé et saisi pour expertise technique.

Le secrétaire à la Sécurité de l’État de São Paulo s’est voulu rassurant : « L’enquête progresse rapidement. Nous travaillons maintenant à identifier le second individu. » Les enquêteurs s’appuient notamment sur le réseau très dense de caméras de surveillance et sur le système de reconnaissance faciale déployé dans la ville.

« Un suspect a été identifié. Le véhicule utilisé pour s’enfuir a été localisé. »

Secrétaire à la Sécurité de São Paulo

Des images circulent déjà : on y voit les deux hommes décharger discrètement des cadres d’une camionnette en pleine rue, en plein jour, avant de les appuyer contre un mur. L’audace est stupéfiante.

São Paulo, ville ultra-surveillée

La mégalopole brésilienne dispose de l’un des systèmes de vidéosurveillance les plus sophistiqués d’Amérique latine. Des milliers de caméras équipées de reconnaissance faciale quadrillent les rues. Ce dispositif, renforcé ces dernières années, a déjà permis de résoudre de nombreux crimes.

Ironie du sort : c’est précisément cette technologie qui pourrait sceller le sort des voleurs. Les images capturées dans la bibliothèque et dans les rues environnantes sont actuellement analysées image par image.

Que valent réellement ces œuvres volées ?

La mairie n’a pas encore communiqué de valuation officielle, mais les spécialistes s’accordent sur l’immense valeur des pièces disparues.

Pour donner un ordre d’idée, une soixantaine de dessins originaux de Matisse ont été adjugés plus de 2,5 millions de dollars lors d’une vente récente. Le record absolu pour une œuvre du peintre reste Odalisque couchée aux magnolias, vendue 80,8 millions de dollars en 2018.

Quant aux pièces de Jazz, leur rareté les rend pratiquement hors de prix sur le marché légal. Un seul exemplaire complet de l’album peut atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros lors des rares passages en salle des ventes.

Un coup préparé de longue date ?

Plusieurs éléments laissent penser que le vol n’était pas improvisé. Les malfaiteurs savaient exactement où se trouvaient les œuvres. Ils ont agi avec précision, sans perdre de temps à chercher. Le choix de la dernière journée de l’exposition n’est probablement pas un hasard non plus.

La question que tout le monde se pose maintenant : ces œuvres étaient-elles déjà commandées par un collectionneur peu scrupuleux ? Le marché noir de l’art est malheureusement florissant en Amérique latine.

La sécurité des institutions culturelles en question

Cet événement remet cruellement en lumière la vulnérabilité de nombreux lieux culturels, même dans les grandes métropoles. Une seule gardienne, aucun système d’alarme visible, des œuvres exposées sans vitrine blindée… Le contraste est violent avec la valeur des pièces présentées.

Dans d’autres pays, des expositions de cette importance auraient mobilisé des dispositifs de sécurité bien plus conséquents. À São Paulo, la bibliothèque Mario de Andrade reste avant tout un lieu public ouvert à tous, ce qui complique évidemment la protection des trésors qu’elle accueille temporairement.

Et maintenant ?

L’enquête se poursuit à un rythme soutenu. Les autorités semblent confiantes quant à l’identification rapide du second suspect. Reste à savoir si les œuvres seront retrouvées intactes. Sur le marché noir, les pièces aussi célèbres que celles de Jazz sont difficiles à écouler sans se faire repérer.

Chaque heure qui passe diminue les chances de revoir ces trésors dans leur état d’origine. Les manipulations répétées, le stockage dans de mauvaises conditions… les risques de dégradation sont réels.

Au-delà du préjudice financier, c’est tout un pan du patrimoine artistique mondial qui est menacé. Ces œuvres appartiennent à l’histoire de l’art du XXe siècle et devaient être accessibles au public brésilien pour encore quelque temps.

Affaire à suivre de très près.

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