C’est un véritable coup de tonnerre qui a ébranlé le monde de l’art et du patrimoine ce jeudi 21 novembre. Le musée du Hiéron, haut lieu de l’art sacré situé à Paray-le-Monial en Saône-et-Loire, a été la cible d’un braquage d’une rare violence. Quatre individus lourdement armés ont fait irruption en plein jour, semant la panique parmi les visiteurs présents, avant de s’emparer d’un trésor national d’une valeur inestimable : la Via Vitae de l’orfèvre Joseph Chaumet.
Un braquage minutieusement préparé
Selon les premiers éléments de l’enquête, le coup avait été soigneusement planifié. Arrivés à moto devant le musée peu avant 16 heures, trois des malfaiteurs ont fait feu à l’aide de fusils d’assaut pour créer un mouvement de panique. Puis, à l’aide d’une tronçonneuse, ils ont scié les vitres blindées protégeant la Via Vitae, une œuvre monumentale retraçant la vie du Christ en or, ivoire et pierres précieuses. En quelques minutes, le gang a pillé cet ouvrage unique pesant près de trois tonnes, avant de prendre la fuite avec leur butin, laissant les visiteurs et le personnel sous le choc.
C’est une catastrophe, un véritable séisme pour notre patrimoine national. Cette pièce était l’âme de notre musée, un trésor pour Paray-le-Monial et la France entière.
a déclaré Jean-Marc Nesmes, maire de la ville, très ému.
Un chef-d’œuvre unique au monde
Réalisée en 1904 par Joseph Chaumet, illustre orfèvre parisien, la Via Vitae était considérée comme un sommet de l’art sacré français. Avec ses près de 3 mètres de haut pour 3 tonnes, entièrement sculptée dans le marbre, l’or et l’ivoire, elle retraçait les épisodes majeurs de la vie de Jésus-Christ dans un foisonnement de détails et une virtuosité d’exécution confondante. Classée trésor national, elle était estimée à plus de 4 millions d’euros, ce qui en faisait la pièce maîtresse des collections du musée du Hiéron, l’un des plus anciens musées d’art sacré de France.
La piste d’un gang spécialisé
La violence, la rapidité et la précision du braquage laissent penser qu’il s’agit de l’œuvre d’une équipe très organisée, spécialisée dans ce type de vol spectaculaire. Malgré la présence de dispositifs de sécurité sophistiqués, les malfaiteurs ont réussi à neutraliser le système d’alarme et à s’enfuir avec leur butin avant l’arrivée de la gendarmerie. D’après une source proche de l’enquête, ils auraient également semé des clous sur la chaussée pour ralentir les véhicules lancés à leur poursuite.
Le musée du Hiéron, cible récurrente
Malheureusement, ce n’est pas la première fois que le musée de Paray-le-Monial est visé par des criminels. En 2017 déjà, un cambriolage avait permis le vol de deux couronnes en or de l’orfèvre Paul Brunet. En septembre dernier, une tentative avait également été déjouée in extremis. Cette nouvelle attaque particulièrement traumatisante soulève des questions quant à la sécurisation de ce haut-lieu patrimonial abritant de nombreux trésors.
Face à ce qu’elle qualifie d’acte inacceptable portant atteinte au patrimoine national, la ministre de la Culture Rachida Dati a fait part de son émoi et de sa détermination à retrouver les œuvres volées. Une enquête a été ouverte par le parquet de Mâcon, confiée à la brigade de recherche de la gendarmerie. Tous les espoirs reposent désormais sur leur expertise pour identifier les auteurs de ce vol hors norme et tenter de récupérer la Via Vitae, joyau de l’art sacré français, brutalement arraché à l’admiration de tous.