C’est une rencontre diplomatique de premier plan qui se profile : le président russe Vladimir Poutine et le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres doivent s’entretenir ce jeudi en marge du sommet des Brics qui se tient à Kazan, en Russie. Il s’agira de leur première rencontre en terre russe depuis avril 2022, peu après le lancement de l’offensive militaire en Ukraine.
Une rencontre sous haute tension
Cette entrevue intervient dans un contexte international des plus tendus. Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Russie fait l’objet de lourdes sanctions économiques de la part des pays occidentaux et se trouve de plus en plus isolée sur la scène internationale. Pourtant, le Kremlin entend bien démontrer durant ce sommet que cette politique d’isolement et de sanctions est un échec.
Lors de leur dernière rencontre à Moscou en avril 2022, Vladimir Poutine avait affirmé à Antonio Guterres croire en une issue “positive” des négociations avec l’Ukraine. Mais depuis, les pourparlers officiels ont cessé et les positions des deux pays semblent aujourd’hui irréconciliables. La communauté internationale sera donc attentive aux éventuelles avancées qui pourraient émerger de ces discussions.
Un agenda chargé pour Vladimir Poutine
Au-delà de sa rencontre avec le chef de l’ONU, le président russe a prévu pas moins d’une quinzaine d’entretiens bilatéraux durant le sommet. Il doit notamment s’entretenir avec ses homologues chinois Xi Jinping, indien Narendra Modi, sud-africain Cyril Ramaphosa ou encore turc Recep Tayyip Erdogan.
Un programme dense qui contraste avec les récents déplacements de Vladimir Poutine, fortement limités par le mandat d’arrêt émis à son encontre par la Cour pénale internationale (CPI) en mars dernier. Le dirigeant russe est accusé de déportations illégales d’enfants ukrainiens, ce que Moscou réfute catégoriquement.
Le spectre des absent
Si Vladimir Poutine multiplie les tête-à-tête diplomatiques à Kazan, force est de constater qu’il a dû renoncer à participer à plusieurs événements internationaux majeurs ces derniers mois. Il avait ainsi fait l’impasse sur le précédent sommet des Brics en Afrique du Sud en août 2023, ainsi que sur celui du G20 en Inde le mois suivant.
Le dirigeant russe a également annoncé vendredi dernier qu’il ne se rendrait pas au prochain sommet du G20 prévu les 18 et 19 novembre à Rio de Janeiro, au Brésil. Des absences remarquées qui illustrent l’isolement croissant de la Russie, malgré ses efforts pour maintenir des relations diplomatiques au plus haut niveau.
Quelles perspectives pour le conflit ukrainien ?
Plus d’un an et demi après le début de l’offensive russe en Ukraine, les perspectives de paix semblent toujours aussi lointaines. Malgré les appels répétés de la communauté internationale, notamment via l’ONU, les négociations restent au point mort. La rencontre entre Vladimir Poutine et Antonio Guterres pourra-t-elle débloquer la situation ?
Nous continuons de penser qu’une solution diplomatique est la seule issue possible à ce conflit. Mais pour cela, il faut que toutes les parties fassent preuve de bonne volonté et acceptent de s’asseoir autour d’une table.
Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU
Reste à savoir si le président russe se montrera ouvert à des concessions. Jusqu’ici, Moscou a toujours justifié son offensive par la nécessité de “dénazifier” et “démilitariser” l’Ukraine, deux conditions jugées inacceptables par Kiev. De son côté, l’Ukraine réclame un retrait total des troupes russes de son territoire, y compris de la Crimée annexée en 2014, avant toute négociation.
Dans ce contexte, la rencontre Poutine-Guterres sera scrutée avec attention. Beaucoup espèrent qu’elle pourra ouvrir la voie à un dialogue constructif et à un apaisement des tensions. Mais au vu des positions pour l’instant irréconciliables affichées par Moscou et Kiev, l’horizon semble encore bien sombre pour une résolution rapide de ce conflit qui a déjà fait des dizaines de milliers de victimes et des millions de déplacés.
