La Nouvelle-Calédonie traverse une période de vives tensions suite à l’arrestation et au transfert en métropole de plusieurs militants indépendantistes kanak. Cette opération coup de poing des autorités a provoqué l’indignation au sein de la communauté kanak et ravivé les braises d’un conflit latent.
La communauté kanak sous le choc
Mercredi dernier, les interpellations de onze responsables présumés de la Coordination des actions de terrain (CCAT), dont des figures de proue du mouvement indépendantiste, ont eu l’effet d’un séisme. Parmi eux, Christian Tein, porte-parole de la CCAT, envoyé en détention provisoire à 17 000 km de chez lui, en métropole.
Cette décision de justice a plongé la communauté kanak dans la stupeur et le désarroi. L’Union calédonienne, l’un des partis à l’origine de la création de la CCAT, a vivement réagi, dénonçant une « déportation politique » et réclamant l’annulation immédiate de ce transfert vers la métropole.
Les responsables de la CCAT ne sont en rien des commanditaires d’exactions mais aujourd’hui des martyrs de la justice coloniale.
L’Union calédonienne dans un communiqué
Nouveaux débordements et incendies
Dans la foulée de ces arrestations, l’archipel a été le théâtre de nouveaux débordements dans la nuit de samedi à dimanche. Selon Franceinfo :
- Des barrages ont été érigés
- Plusieurs incendies ont été signalés
- Une école a été partiellement brûlée à Dumbéa
Les autorités ont justifié le transfert des militants en invoquant la « sensibilité de la procédure » et la volonté de poursuivre l’enquête « hors de toute pression ». Une partie de la classe politique locale salue la fermeté de l’État, à l’instar du député Renaissance Nicolas Metzdorf pour qui « l’État semble aller dans le bon sens avec le retour à l’ordre ».
Une situation explosive
Mais sur le terrain, la situation reste explosive. Le couvre-feu instauré depuis la mi-mai vient d’être prolongé jusqu’au 1er juillet. Et les indépendantistes comptent bien riposter, avec une conférence de presse annoncée par la CCAT mardi et un congrès du FLNKS le 13 juillet.
La Nouvelle-Calédonie, déjà fragilisée par des semaines de violences ayant fait 9 morts, s’enfonce un peu plus dans la crise avec ces derniers événements. La question de l’avenir institutionnel de l’archipel est plus que jamais au cœur des tensions. Et le chemin vers l’apaisement semble encore bien long et semé d’embûches.