Une nomination qui passe mal. L’arrivée d’un nouveau cadre dirigeant au sein du groupe de presse catholique Bayard suscite la colère des syndicats. En cause: les soupçons d’accointances avec la droite voire l’extrême droite qui pèsent sur cet ancien proche d’un milliardaire conservateur. Un mouvement de grève est prévu ce jeudi 28 novembre pour protester contre une dérive idéologique redoutée.
Crise sociale et débat idéologique chez Bayard
Le vent de fronde souffle sur le groupe Bayard. La décision de nommer Alban du Rostu au poste de directeur de la stratégie passe très mal auprès des syndicats. Ces derniers dénoncent le parcours de ce cadre, ancien proche de Pierre-Édouard Stérin, un milliardaire catholique engagé à droite. Ils redoutent une infiltration idéologique au sein du groupe de presse détenu par les Augustins de l’Assomption.
Nous refusons cette nomination imposée. Nous craignons des dérapages et des pressions sur nos rédactions.
Un représentant syndical de Bayard
Cette crise intervient alors que Bayard traverse une passe économique difficile. Le groupe doit faire face à la baisse des abonnements à ses titres phares comme La Croix, Le Pèlerin et ses magazines jeunesses. Un contexte tendu dans lequel cet appel à la grève sonne comme un avertissement de la part des salariés.
Le spectre de la reprise de l’ESJ Paris
La polémique prend une tournure politique avec en toile de fond le projet de reprise de l’École Supérieure de Journalisme (ESJ) de Paris dont Bayard est partie prenante aux côtés d’autres personnalités comme Vincent Bolloré, classé à l’ultra-droite. Un montage qui fait craindre aux syndicats un risque de pression sur la ligne éditoriale.
De son côté, Alban du Rostu se défend de tout agenda caché. Il assure qu’il se consacrera uniquement à la diversification économique du groupe, sans aucune immixtion dans le contenu éditorial. Il dénonce des procès d’intention à son égard et réfute tout lien avec le projet politique conservateur Périclès auquel il a pu être associé.
Le défi de l’indépendance
Au-delà de ce conflit social, c’est la question de l’indépendance des médias dans un contexte de concentration capitalistique qui est posée. Le groupe Bayard, détenu par une congrégation religieuse, se retrouve pris en étau entre impératifs économiques et pressions idéologiques. Un défi considérable pour ce pilier de la presse catholique française.
Pour les syndicats, c’est un combat crucial pour préserver le pluralisme et la liberté de la presse. Ils promettent de rester extrêmement vigilants face à toute tentative d’influer sur la ligne éditoriale. L’heure de vérité approche avec cette grève inédite prévue jeudi qui dira si la base valide ou non cette nomination contestée.
Les enjeux d’une nomination
- Nomination d’Alban du Rostu comme directeur de la stratégie chez Bayard
- Proximité supposée avec la droite et Pierre-Édouard Stérin, milliardaire catholique conservateur
- Craintes syndicales d’une dérive idéologique et éditoriale
- Appel à la grève jeudi 28 novembre en signe de protestation
- Débat sur l’indépendance des médias face aux pressions économiques et politiques
Cette crise chez Bayard illustre les défis de la presse à l’heure de la concentration des médias. Tiraillés entre nécessaire rentabilité et impératif d’indépendance, les groupes de presse naviguent en eaux troubles. Des arbitrages cornéliens qui suscitent tensions et crispations comme en témoigne ce psychodrame au sein du fleuron de la presse catholique française. L’épilogue reste à écrire.