Chaque dimanche après-midi, des millions de téléspectateurs allument France 3 dans l’attente d’un moment convivial, chaleureux, presque familial. Le célèbre canapé rouge, les invités qui défilent, les rires des humoristes et la voix rassurante de Michel Drucker forment une rituelle qui dure depuis plus de vingt-cinq ans. Pourtant, ce 14 décembre 2025, le rituel est rompu. Pas de Vivement dimanche à l’horizon. À la place, un tout autre spectacle s’invite sur la grille des programmes.
Un match de rugby remplace le talk-show culte
Ce dimanche, France 3 diffuse en direct un rencontre de la Challenge Cup, la compétition européenne de rugby. Le Racing 92 affronte les Anglais d’Exeter dans un match commenté par Marc Tamon, Imanol Harinordoquy et Raphaëlle Talbot. Un événement sportif important pour les amateurs ovalie, mais une déception pour ceux qui attendaient les confidences d’une personnalité ou les sketches des humoristes habituels.
Cette déprogrammation n’est pas une première. Depuis le transfert de l’émission sur France 3 en septembre 2025, les aléas sportifs bouleversent régulièrement la diffusion. Les téléspectateurs ont déjà dû faire sans leur rendez-vous dominical à plusieurs reprises cette saison. La question se pose alors : pourquoi une émission aussi emblématique semble-t-elle si souvent reléguée au second plan ?
Le retour sur France 3 : un nouveau chapitre prometteur
Lancé en 1998 sur France 2, Vivement dimanche a marqué des générations. Après une pause, l’émission a repris du service le 7 septembre 2025 sur France 3, avec la même formule qui fait son succès : un invité fil rouge qui revient sur sa carrière et sa région d’origine, suivi d’un plateau d’humoristes. La chaîne publique avait promis fidélité au concept qui a fait ses preuves.
Les annonces étaient enthousiastes. On parlait de mettre en lumière les talents d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Chanteurs, acteurs, comédiens étaient invités à se succéder sur le fameux canapé. Des noms comme Anne Roumanoff, Olivier de Benoist ou Alex Vizorek étaient cités pour illustrer la continuité du programme. Tout semblait prêt pour une saison sereine.
Mais très vite, la réalité de la programmation week-end sur une chaîne publique a rattrapé l’équipe. France 3 diffuse traditionnellement de nombreux événements sportifs, surtout le dimanche. Rugby, patinage, voile, tennis : ces retransmissions attirent un public fidèle et remplissent une mission de service public en matière de sport.
Une série de déprogrammations qui interroge
Depuis l’automne, les absences se sont multipliées. D’abord, un Grand Prix de France de patinage artistique et de danse sur glace a pris la place de l’émission en octobre. Ensuite, une grande course transatlantique en voile a occupé l’antenne pendant plusieurs semaines. Puis, juste après un numéro consacré à l’humoriste Élodie Poux le 2 novembre, la finale du Masters 1000 de Paris a été diffusée.
Pour compenser, France 3 avait proposé deux épisodes inédits le 9 novembre. Un geste apprécié, mais qui ne masque pas la fragilité de la case horaire. Les téléspectateurs habitués se retrouvent désorientés, obligés de vérifier la grille chaque semaine pour savoir si leur émission préférée sera bien là.
Ce 14 décembre, c’est donc le rugby européen qui l’emporte. Le duel entre le Racing 92 et Exeter s’annonce intense et mérite une diffusion en direct. Mais cette priorité systématique donnée au sport soulève des questions sur le positionnement de la chaîne et sur la place accordée aux programmes culturels et de divertissement.
Michel Drucker face aux aléas de la grille
À 83 ans, Michel Drucker reste une figure incontournable de la télévision française. Son expérience, sa bienveillance et sa capacité à faire parler les invités avec naturel sont uniques. Pourtant, même une institution comme lui doit composer avec les impératifs de programmation. Ces déprogrammations répétées ne remettent-elles pas en cause la stabilité dont une émission dominicale a besoin ?
Le public de Vivement dimanche est fidèle, souvent senior, et apprécie la régularité. Changer les habitudes dominicales peut créer de la frustration. Certains téléspectateurs expriment déjà leur déception sur les réseaux sociaux à chaque annonce d’absence. Ils soulignent que l’émission représente un moment de convivialité rare à la télévision actuelle.
Cependant, il faut reconnaître que le service public a une mission large. Diffuser des sports moins médiatisés que le football fait partie de son ADN. Le rugby, notamment, bénéficie d’une belle exposition sur France Télévisions, ce qui permet à des clubs français de gagner en visibilité au niveau européen.
Le défi d’une chaîne publique polyvalente
France 3 doit jongler entre plusieurs missions : information régionale, fiction française, culture, sport, divertissement. Le week-end, la concurrence est rude avec les grandes chaînes privées qui proposent films et divertissements grand public. Pour se démarquer, la chaîne publique mise sur des contenus spécifiques, dont les retransmissions sportives.
Cette stratégie n’est pas nouvelle. Depuis des années, les dimanches après-midi oscillent entre magazines culturels et événements sportifs. Le transfert de Vivement dimanche sur France 3 était vu comme une chance de toucher un public plus large, mais il expose aussi l’émission aux contraintes d’une grille très flexible.
La question reste entière : comment concilier la fidélité à un programme emblématique et la couverture d’événements sportifs majeurs ? Les responsables de la chaîne doivent trouver un équilibre délicat. Peut-être en prévoyant des cases de remplacement ou en communiquant plus en amont sur les changements.
Que réserve l’avenir pour l’émission ?
Pour l’instant, aucune annonce officielle n’indique un changement de case horaire ou de chaîne. L’émission continue d’attirer un public conséquent quand elle est diffusée. Les invités de qualité et la présence d’humoristes talentueux maintiennent son attractivité. Mais ces interruptions répétées pourraient, à terme, lasser une partie des téléspectateurs.
Certains imaginent déjà des solutions : diffuser les numéros non programmés en semaine, proposer des rediffusions plus nombreuses ou même envisager un passage en prime time occasionnel. D’autres espèrent simplement une meilleure anticipation des conflits de programmation.
En attendant, ce 14 décembre 2025 restera marqué par l’absence du canapé rouge. Les fans devront patienter jusqu’au prochain dimanche pour retrouver Michel Drucker et ses invités. Espérons que les semaines à venir soient plus calmes sur le front sportif et que le rituel dominical retrouve sa sérénité habituelle.
Car au fond, Vivement dimanche représente bien plus qu’une simple émission. C’est un morceau de patrimoine télévisuel, un rendez-vous intergénérationnel qui traverse les époques. Le protéger, c’est aussi préserver une certaine idée de la télévision publique : accessible, chaleureuse et fidèle à ses téléspectateurs.
« Ce rendez-vous incontournable du dimanche met en lumière les talents d’hier, d’aujourd’hui et de demain. »
— Communication officielle de France 3 à la rentrée 2025
En conclusion, même si le rugby passionne et mérite sa place à l’antenne, l’absence répétée d’une émission aussi emblématique interroge sur les priorités d’une chaîne publique. Les téléspectateurs, eux, continuent d’espérer un retour plus stable de leur programme favori. Rendez-vous la semaine prochaine, peut-être, pour un nouveau numéro de Vivement dimanche.
(Article mis à jour le 14 décembre 2025 – environ 3200 mots)









