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Vive polémique autour d’une directive sur la surveillance des étudiants au Bangladesh

Une directive ministérielle controversée au Bangladesh demande aux universités de signaler les étudiants soupçonnés "d'activités provocatrices" contre le gouvernement. Beaucoup s'inquiètent d'une dérive autoritaire remettant en cause les acquis démocratiques de la révolution de 2024. Le ministre de l'Éducation a dû faire marche arrière face au tollé, mais le mal est fait. Que nous réserve l'avenir du pays ?

Au Bangladesh, une directive ministérielle demandant aux autorités universitaires de signaler les étudiants soupçonnés de se livrer à des « activités provocatrices » contre le gouvernement suscite un vif émoi dans le pays. Beaucoup y voient une tentative inquiétante de museler la liberté d’expression, à rebours des idéaux démocratiques de la révolution de 2024 qui a renversé l’ancien régime autoritaire.

Signée le 2 janvier par un haut responsable du ministère de l’Éducation, la directive controversée enjoint les agents du ministère à « rester vigilants pour empêcher les étudiants de s’engager dans des actions provocatrices visant le gouvernement ou le pays ». Ces signalements doivent permettre de « prendre les mesures appropriées » contre d’éventuels fauteurs de troubles, selon le texte qui n’a pas manqué de faire réagir.

Une mesure à rebours de « l’esprit de la révolution »

L’avocat Snehadri Chakravarty, qui plaide devant la plus haute juridiction du pays, s’est insurgé contre une mesure qui selon lui « n’est pas dans l’esprit des émeutes de 2024, qui ont coûté tant de vies ». Il rappelle que « les manifestations des étudiants ont fait tomber l’ex-Première ministre Sheikh Hasina parce qu’elle avait rogné la liberté d’expression de la population. »

Cinq mois après, certains au gouvernement semblent vouloir l’imiter.

Snehadri Chakravarty, avocat près la Cour suprême du Bangladesh

De fait, le pays sort à peine d’une période tumultueuse qui a vu la chute, en août dernier, du régime de fer de Sheikh Hasina après des semaines de manifestations durement réprimées, lancées par les étudiants de la capitale Dacca. Un gouvernement provisoire mené par le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus a pris les rênes jusqu’à des élections annoncées pour fin 2025 ou début 2026.

Un climat social tendu

Mais cinq mois après la révolution, la grogne monte chez les étudiants qui reprochent aux autorités de ne pas répondre à leurs revendications, notamment en matière d’emploi. C’est dans ce contexte que la directive ministérielle a fait resurgir le spectre d’une dérive autoritaire et d’une surveillance généralisée du milieu étudiant.

Face au tollé, le ministre de l’Éducation Wahiduddin Mahmud a dû faire marche arrière, annonçant le retrait de la directive litigieuse. Il a promis une enquête sur cette affaire qui en dit long sur les craintes d’une partie de la population de voir le Bangladesh renouer avec ses vieux démons.

Un pays encore marqué par les violences

Le pays reste en effet profondément marqué par les violences qui ont émaillé la révolution de 2024. Selon le gouvernement provisoire, plus de 800 personnes, principalement des civils, ont été tuées lors des manifestations anti-régime. Un tribut sanglant payé pour conquérir une liberté encore fragile et menacée.

Alors que le Bangladesh se dirige vers ses premières élections démocratiques depuis des décennies, beaucoup s’inquiètent de voir les vieilles habitudes autoritaires ressurgir. La polémique autour de la surveillance des étudiants « provocateurs » illustre la persistance de réflexes liberticides qu’on espérait révolus.

Un test pour la jeune démocratie bangladaise

Pour les observateurs, la façon dont le gouvernement provisoire gérera les prochains mois sera déterminante. Il lui faudra répondre aux aspirations d’une jeunesse avide de changement, tout en préservant un climat apaisé propice à la tenue d’élections crédibles et inclusives.

Un défi de taille pour ce pays de 160 millions d’habitants, l’un des plus pauvres et densément peuplés de la planète. Mais aussi un test crucial pour cette jeune démocratie en construction, qui rêve de tourner définitivement la page de décennies d’autoritarisme et de violences politiques.

Les prochains mois nous diront si le Bangladesh parviendra à relever le pari d’une transition démocratique apaisée et durable. Une chose est sûre : les étudiants, en première ligne de la révolution de 2024, entendent bien rester vigilants pour défendre leurs droits durement acquis. Ils l’ont montré en faisant reculer le gouvernement sur la directive de surveillance. Nul doute qu’ils sauront se mobiliser à nouveau si leurs libertés étaient menacées.

Pour les observateurs, la façon dont le gouvernement provisoire gérera les prochains mois sera déterminante. Il lui faudra répondre aux aspirations d’une jeunesse avide de changement, tout en préservant un climat apaisé propice à la tenue d’élections crédibles et inclusives.

Un défi de taille pour ce pays de 160 millions d’habitants, l’un des plus pauvres et densément peuplés de la planète. Mais aussi un test crucial pour cette jeune démocratie en construction, qui rêve de tourner définitivement la page de décennies d’autoritarisme et de violences politiques.

Les prochains mois nous diront si le Bangladesh parviendra à relever le pari d’une transition démocratique apaisée et durable. Une chose est sûre : les étudiants, en première ligne de la révolution de 2024, entendent bien rester vigilants pour défendre leurs droits durement acquis. Ils l’ont montré en faisant reculer le gouvernement sur la directive de surveillance. Nul doute qu’ils sauront se mobiliser à nouveau si leurs libertés étaient menacées.

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