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Vive polémique autour de la vente du Doliprane aux Etats-Unis

Le feuilleton de la vente du Doliprane aux Américains enflamme la classe politique française. Entre débats fiscaux à l'Assemblée et passions autour d'un simple antidouleur, les commentaires fusent. Où sont les vrais enjeux ? Analyse de François Lenglet.

En France, même les pilules les plus banales peuvent mettre le feu aux poudres. Cette semaine, la vente des usines de Doliprane par Sanofi à un fonds américain a déchaîné les passions politiques, reléguant au second plan les débats sur le budget 2025 à l’Assemblée nationale. Décryptage de François Lenglet, spécialiste économie de TF1.

Les députés allument la mèche fiscale

Alors que l’examen du projet de loi de finances battait son plein au Palais Bourbon, les élus se sont livrés à une véritable surenchère d’impôts nouveaux. Taxe sur les superprofits, les dividendes, les résidences secondaires, les permis de construire, les expatriés… Au total, ces mesures auraient ponctionné 60 milliards d’euros supplémentaires dans la poche des contribuables.

Face au “monstre fiscal” qu’ils avaient eux-mêmes créé, les députés ont fini par reculer. Mais cette fièvre taxatrice, symptomatique d’un certain réflexe français, n’a rien arrangé à la lisibilité des débats budgétaires.

Doliprane, symbole d’une étrange passion française

Pendant ce temps-là, l’affaire Doliprane mettait le feu aux poudres. Apprendre que ce médicament, présent dans toutes les pharmacies familiales, allait passer sous pavillon américain, a suscité une levée de boucliers. “Il n’y a qu’en France que le paracétamol ne fait pas baisser la fièvre, mais la fait monter”, ironise François Lenglet.

Bien sûr, il est légitime de demander des garanties aux repreneurs sur le maintien de l’emploi et de la production, notamment sur le site de Lisieux. Mais vouloir créer une régie publique du Doliprane, comme l’ont suggéré certains, relève d’une autre logique. “Faire de ces pilules ordinaires le fer de lance de notre politique industrielle, ce serait tout de même étrange”, souligne l’éditorialiste.

Où sont les vrais sujets de souveraineté ?

Pendant que les Français s’échauffent sur le Doliprane, d’autres pays avancent à pas de géant sur les technologies d’avenir. Comme le pointe François Lenglet, les États-Unis lancent des fusées réutilisables, les géants de la tech mettent les bouchées doubles sur l’intelligence artificielle… Ce sont là les vrais enjeux de souveraineté du 21e siècle.

Nos députés se passionnent pour les médicaments de confort et les nouveaux impôts, pendant que d’autres nations préparent l’avenir. Il est temps de changer de logiciel !

François Lenglet, éditorialiste économique sur TF1

Bien sûr, la santé est un pilier essentiel de notre souveraineté. Mais il serait réducteur de la résumer au Doliprane. Les vraies priorités sont de sécuriser nos approvisionnements en médicaments vitaux, de relocaliser certaines productions stratégiques, de muscler notre recherche médicale. C’est à cette aune qu’il faut juger la pertinence de la cession à un groupe américain.

Sortir des postures, penser sur le long terme

Plus largement, toute cette séquence interroge sur la capacité des responsables politiques français à se concentrer sur l’essentiel. Trop souvent, le débat public s’enflamme sur des sujets périphériques, avec beaucoup de postures et peu de vision. Le “génie français”, vanté par certains, gagnerait à se recentrer sur l’innovation, la compétitivité, l’attractivité du pays.

Car au fond, peu importe que le Doliprane soit bleu-blanc-rouge ou étoilé, du moment que les emplois et l’accès au médicament sont garantis. L’enjeu, c’est d’avoir une stratégie industrielle cohérente et tournée vers l’avenir. De quoi faire retomber bien des fièvres politiques et médiatiques…

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