Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a entamé mercredi une visite officielle de trois jours à Moscou, signe du rapprochement croissant entre la Centrafrique et la Russie ces dernières années. Cette visite intervient dans un contexte où l’influence russe ne cesse de s’étendre en Afrique, au détriment notamment de la France dans ses anciennes colonies.
Coopération économique, sécuritaire et humanitaire au menu
Selon l’ambassade russe à Bangui, le président Touadéra doit rencontrer les plus hauts dirigeants russes afin de discuter des questions clés de la coopération entre les deux pays dans les domaines de l’économie, de la sécurité et de l’aide humanitaire. Une rencontre avec Vladimir Poutine serait également prévue, les deux hommes s’étant déjà entretenus en marge du sommet Russie-Afrique en juillet dernier à Saint-Pétersbourg.
Un partenariat « basé sur la confiance »
D’après l’ambassade russe, cette nouvelle visite « promet d’être un pas important » pour renforcer le partenariat entre Moscou et Bangui. Les relations russo-centrafricaines sont présentées comme « un modèle d’interaction basée sur la confiance, pour le bien des peuples des deux pays ». Fin novembre, les présidents Poutine et Touadéra avaient déjà évoqué par téléphone un « renforcement » de leur coopération sécuritaire.
Accès aux ressources contre soutien sécuritaire
La Centrafrique, pourtant l’un des pays les plus pauvres au monde, est devenue ces dernières années un terrain d’influence pour la Russie en Afrique francophone. Moscou y a déployé une offre sécuritaire, notamment via l’envoi de mercenaires en 2020 pour soutenir le régime de Touadéra face aux groupes rebelles, en échange d’un accès privilégié aux ressources naturelles locales. Un schéma qui inquiète Paris, qui voit son influence historique contestée.
Poutine courtise l’Afrique
Depuis le lancement de son offensive militaire en Ukraine en 2022, Vladimir Poutine multiplie les opérations de charme en direction du continent africain. La Russie promet notamment des livraisons de céréales pour pallier les pénuries liées au conflit. Mais au-delà de l’aide humanitaire et économique, c’est bien la dimension sécuritaire qui semble primer dans le rapprochement russo-centrafricain, Moscou apparaissant comme un soutien de poids face à l’instabilité chronique qui mine le pays depuis plus d’une décennie.
Les relations russo-centrafricaines sont un modèle d’interaction basée sur la confiance, pour le bien des peuples des deux pays.
Ambassade de Russie en Centrafrique
Si cette proximité grandissante répond aux intérêts des deux parties, elle suscite aussi des inquiétudes quant à une potentielle vassalisation de la Centrafrique et un affaiblissement de la souveraineté de cet État fragile. La visite de Faustin-Archange Touadéra à Moscou illustre en tout cas la volonté des deux pays d’approfondir un partenariat aux allures de pari stratégique, sur fond de jeu d’influence de plus en plus complexe en Afrique.