Une rencontre historique se profile en Turquie. Selon une source proche du dossier, une délégation du parti pro-kurde DEM doit rencontrer ce samedi Abdullah Öcalan, le chef emprisonné du PKK, dans sa prison insulaire au large d’Istanbul. Une première visite en près de 10 ans qui pourrait bien redistribuer les cartes dans le conflit kurde en Turquie.
Un geste fort dans un contexte tendu
Cette main tendue intervient dans un contexte particulièrement tendu entre l’État turc et la minorité kurde. Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, mène une lutte armée sanglante contre le pouvoir central depuis des décennies. Son leader emblématique, Abdullah Öcalan, purge une peine de prison à vie depuis 1999.
Mais ces dernières semaines, des signes d’ouverture sont apparus. L’allié nationaliste du président Erdogan a surpris en invitant Öcalan à renoncer à la violence devant le Parlement, une « opportunité historique » saluée par le chef de l’État. Dans la foulée, le gouvernement a autorisé la visite de la délégation du DEM, composée de deux députés.
Les dernières négociations remontent à 2015
Ce n’est pas la première fois qu’Öcalan reçoit des visites politiques en prison. Entre 2013 et 2015, il avait même été engagé dans un processus de négociations avec les autorités, alors que le Premier ministre Erdogan prônait une solution au « problème kurde ». Mais la trêve et le dialogue ont volé en éclats en 2015, replongeant le sud-est à majorité kurde dans la violence.
Implication syrienne et attaques du PKK
Le timing de cette main tendue ne doit rien au hasard. Elle intervient quelques jours seulement après le renversement du président syrien par les rebelles, un événement qui change la donne régionale. La Turquie, qui cible régulièrement les combattants kurdes en Syrie et en Irak, pourrait chercher à stabiliser son front intérieur.
Mais la route vers la paix est encore longue et semée d’embûches. Une source sécuritaire rappelle que le PKK a revendiqué en octobre une attaque meurtrière contre une entreprise de défense turque, retardant l’approbation de la visite. La méfiance reste profonde des deux côtés.
L’espoir d’une « fenêtre d’opportunité »
Malgré ces obstacles, beaucoup veulent croire à une chance historique de faire avancer la paix. Dans son appel à Öcalan, le chef nationaliste Bahceli a évoqué une « fenêtre d’opportunité », tandis qu’Erdogan a appelé ses « frères kurdes » à saisir cette « main tendue ».
Reste à savoir ce qui sortira concrètement de cette rencontre à haut risque entre les émissaires pro-kurdes et le chef kurde le plus célèbre de Turquie. Les députés ne devraient pas faire de déclaration dans l’immédiat selon une source proche du parti. Mais leur visite, la première en 10 ans, est en soi un événement qui sera scruté de près, en Turquie et au-delà. L’espoir d’un dialogue retrouvé flotte à nouveau, aussi fragile soit-il.