Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, est attendu de pied ferme en Iran ce mercredi. Cette visite, qui intervient à l’invitation officielle de la République islamique, s’annonce cruciale dans un contexte de vives tensions autour du programme nucléaire iranien.
Un programme nucléaire qui inquiète
Depuis plusieurs années, le programme atomique de l’Iran suscite l’inquiétude de la communauté internationale. Malgré les dénégations de Téhéran, qui assure que ses activités sont purement pacifiques, nombreux sont ceux qui craignent que le pays ne cherche à se doter de l’arme nucléaire.
Selon les derniers rapports de l’AIEA, la République islamique a en effet considérablement augmenté ses stocks d’uranium enrichi à 60%, un niveau qui la rapproche dangereusement du seuil des 90% nécessaire à la fabrication d’une bombe atomique. Une situation explosive qui fait planer le spectre d’une course à l’armement nucléaire dans la région.
Un accord international en lambeaux
En 2015, un accord historique avait pourtant été conclu entre l’Iran et les grandes puissances (États-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne) pour encadrer le programme nucléaire iranien. En échange d’une levée progressive des sanctions économiques, Téhéran s’engageait à limiter drastiquement ses activités sensibles et à se soumettre à des inspections régulières de l’AIEA.
Mais cet édifice patiemment bâti a volé en éclat en 2018, lorsque le président américain Donald Trump a décidé unilatéralement de retirer son pays de l’accord. Depuis, malgré les efforts des Européens pour sauver ce qui pouvait l’être, l’Iran n’a eu de cesse de s’affranchir de ses engagements, relançant à plein régime son programme d’enrichissement d’uranium.
Une fenêtre de négociation qui se referme
L’élection en août dernier du réformateur Massoud Pezeshkian à la présidence iranienne avait fait naître un timide espoir de relance du dialogue. Téhéran a en effet exprimé son souhait de reprendre les négociations pour ranimer l’accord de 2015, mais sans grand résultat concret pour l’instant.
Dans ce contexte, la visite de Rafael Grossi apparaît comme une ultime tentative pour renouer le fil du dialogue avant qu’il ne soit trop tard. Le chef de l’AIEA, dont les relations avec les autorités iraniennes se sont sérieusement dégradées ces dernières années, devra user de toute sa diplomatie pour les convaincre de jouer à nouveau le jeu de la transparence et de la coopération.
L’avenir du programme nucléaire iranien en jeu
L’enjeu est de taille : il s’agit ni plus ni moins que d’éviter que l’Iran ne franchisse le point de non-retour et ne devienne une puissance nucléaire officielle. Un scénario cauchemardesque qui risquerait non seulement de déstabiliser toute la région, mais aussi de porter un coup fatal au régime international de non-prolifération.
Lors de cette visite cruciale, M. Grossi devra donc mettre tout son poids dans la balance pour convaincre Téhéran de revenir à la table des négociations. Un objectif ambitieux mais vital, alors que l’ombre d’un Iran nucléarisé plane plus que jamais sur le Moyen-Orient et le monde.
Le programme nucléaire iranien est arrivé à un point critique. Soit on trouve rapidement un terrain d’entente pour le remettre sous contrôle, soit on court à la catastrophe.
Une source diplomatique occidentale
Le chef de l’AIEA aura fort à faire pour renouer le dialogue avec les dirigeants iraniens et les convaincre de jouer à nouveau la carte de la transparence. De sa capacité à obtenir des gestes concrets dépendra l’avenir non seulement du programme nucléaire iranien, mais aussi de la stabilité de toute la région.
Une chose est sûre : le monde entier aura les yeux rivés sur Téhéran ces prochains jours, dans l’espoir que la raison finisse par l’emporter sur la logique de confrontation. Car si l’Iran venait à basculer dans le club très fermé des puissances atomiques, c’est toute l’architecture de sécurité internationale qui s’en trouverait ébranlée. Un scénario que personne ne souhaite voir se concrétiser.