Imaginez un instant. Une arène bouillante à Bologne, les tifos noirs et blancs qui claquent, les chants qui résonnent sous les voûtes du PalaDozza ou de la Segafredo Arena. Et en face, une équipe venue tout droit des Émirats arabes unis, drapée d’or et de mystère, qui pose pour la première fois ses baskets sur le parquet de l’Euroligue. Ce n’est pas un film hollywoodien. C’est bien réel. Ce vendredi 5 décembre 2025 à 20 h 30, la Virtus Bologne reçoit le Dubai Basketball Club pour un match qui marquera à jamais l’histoire du basket européen.
Un duel qui sent le soufre et le parfum de luxe
Quand on parle Euroligue, on pense immédiatement Real Madrid, Olympiakos, Fenerbahçe, Panathinaïkos… Des clubs centenaires, des rivalités enracinées, des légendes gravées dans le marbre. Et puis, brutalement, surgit Dubaï. Une franchise née il y a à peine deux ans, financée par des milliards, construite comme un projet pharaonique dans le désert. L’arrivée de cette équipe dans la plus prestigieuse compétition européenne a fait grincer des dents. Beaucoup y voient une menace pour l’âme du basket continental. D’autres, une formidable opportunité d’ouverture. Ce soir, le débat sort des salons feutrés pour exploser sur le terrain.
La Virtus Bologne, gardienne de la tradition italienne
La Virtus, c’est quinze titres de champion d’Italie, deux Euroligues (1998 et 2001), une histoire qui transpire le basket. Le club de Bologne a connu des heures sombres, la relégation en deuxième division, les dettes, mais il est revenu plus fort que jamais. Aujourd’hui porté par l’énergie de Sergio Scariolo sur le banc et des joueurs comme Tornike Shengelia, Marco Belinelli ou encore Daniel Hackett, la Virtus joue les trouble-fêtes en Euroligue depuis plusieurs saisons.
À domicile, les Noirs et Blancs sont particulièrement dangereux. Leur défense agressive, leur adresse extérieure et surtout l’ambiance infernale créée par leurs supporters font trembler n’importe quelle équipe. Demandez donc à Monaco ou au Real Madrid, qui ont déjà laissé des plumes en Émilie-Romagne cette saison.
Dubaï, l’ovni qui veut tout casser
De l’autre côté, Dubai Basketball Club arrive avec des arguments qui font peur. Un budget estimé à plus de 50 millions d’euros – du jamais vu en Europe –, des installations ultra-modernes, et surtout un recrutement cinq étoiles. On parle de joueurs NBA en fin de contrat, de stars européennes attirées par des salaires hors normes et d’un projet sportif ambitieux porté par des investisseurs qui rêvent de faire de Dubaï la nouvelle capitale mondiale du basket.
Le club a déjà montré qu’il ne venait pas faire de la figuration lors de ses matchs de préparation et dans les compétitions régionales. Leur style ? Ultra-rapide, physique, avec une pluie de tirs à trois points. Un basket spectaculaire, presque clinquant, qui colle parfaitement à l’image que veut renvoyer la ville des records.
Les clés tactiques du match
Pour la Virtus, tout passera par l’intensité défensive. Il faudra museler les shooteurs adverses, couper les lignes de passe et imposer un rythme lent, presque étouffant. Shengelia devra dominer le secteur intérieur et Belinelli devra être en feu derrière l’arc. Si Bologne parvient à transformer ce match en guerre de tranchées, l’expérience et le public feront la différence.
Pour Dubaï, l’objectif sera inverse : courir, courir encore, courir toujours. Imposer un tempo infernal, prendre des tirs rapides, provoquer des fautes. Si les Émiratis parviennent à ouvrir le jeu et à faire déjouer la défense italienne, ils peuvent créer la sensation dès leur première sortie officielle en Euroligue.
« Nous respectons toutes les équipes, mais nous ne craignons personne. Nous venons pour gagner et pour montrer que Dubaï a sa place parmi l’élite. »
Un dirigeant du Dubai Basketball Club, dans une interview récente
Un contexte explosif hors des parquets
Ce match dépasse largement le simple cadre sportif. Il cristallise le débat sur l’avenir de l’Euroligue : doit-on ouvrir grand les portes aux investisseurs extérieurs, au risque de dénaturer l’identité européenne ? Ou faut-il au contraire embrasser cette mondialisation, comme la NBA l’a fait il y a trente ans avec les joueurs étrangers ?
Les supporters de la Virtus, parmi les plus passionnés d’Europe, ont déjà promis une ambiance hostile. Des banderoles critiques, des chants ironiques, peut-être même quelques sifflets nourris dès l’échauffement. Dubaï va découvrir ce que signifie jouer un vrai match à l’extérieur en Europe.
Le programme chargé de la 14e journée
Ce vendredi s’annonce comme une soirée de feu en Euroligue. Outre Virtus Bologne – Dubaï, on aura droit à :
- Étoile Rouge Belgrade – FC Barcelone (20h00)
- Panathinaïkos – Valence (20h15)
- Baskonia Vitoria – Olimpia Milan (20h30)
Et la veille, on a déjà assisté à des cartons : Monaco qui explose Paris 125-104, le Real qui domine Efes à l’extérieur, ou encore le Maccabi qui fait tomber Zalgiris. La course aux playoffs s’annonce plus ouverte que jamais.
Pourquoi ce match peut tout changer
Une victoire de Dubaï dès son premier match officiel enverrait un message assourdissant à toute l’Europe : l’argent peut acheter instantanément la compétitivité. Une claque pour les clubs historiques qui luttent chaque année pour équilibrer leurs comptes.
À l’inverse, un succès net de la Virtus conforterait ceux qui estiment que la passion, l’histoire et le collectif valent encore plus que les pétrodollars. Ce serait une forme de résistance symbolique, presque romantique, dans un basket de plus en plus business.
Quoi qu’il arrive, une chose est sûre : des millions de fans à travers le monde auront les yeux rivés sur Bologne ce soir. Parce que ce match, c’est bien plus qu’un simple Virtus Bologne – Dubaï. C’est l’affrontement entre deux visions du basket. Entre hier et demain. Entre l’Europe et le reste du monde.
Alors, prêt à vivre cette soirée historique ? Rendez-vous à 20 h 30. Et que le meilleur gagne… ou plutôt, que l’histoire nous dise qui avait raison.









