Alors que l’Allemagne se prépare pour les élections législatives de février prochain, le spectre politique semble subir un net basculement. En effet, les conservateurs allemands de la CDU/CSU, donnés favoris dans les sondages, viennent de dévoiler un programme électoral résolument ancré à droite. Un virage idéologique marqué qui tranche avec la ligne centriste incarnée pendant 16 ans par leur ancienne cheffe Angela Merkel.
Un programme en rupture avec le gouvernement sortant
Pour Friedrich Merz, président de la CDU et chef de l’opposition, ce programme se veut l’antithèse de la politique menée par la coalition de centre-gauche du chancelier Olaf Scholz. Aux yeux des conservateurs, « continuer comme cela n’est pas une option » a-t-il martelé lors de la présentation à la presse à Berlin, fustigeant les orientations de l’exécutif sortant.
Que ce soit sur l’immigration, l’économie, le social ou encore la sécurité, les propositions détonnent par rapport à la voie médiane suivie sous l’ère Merkel. Un durcissement idéologique impulsé par Friedrich Merz depuis sa prise de contrôle de la CDU en 2022, après une carrière d’avocat d’affaires.
Une ligne dure sur l’immigration
Sur le volet migratoire, le camp conservateur entend porter une « ligne dure » selon Markus Söder, président de la CSU bavaroise. Avec une politique sécuritaire décrite comme n’étant « ni à gauche, ni woke, ni genrée », il appelle les électeurs tentés par l’extrême droite à ne pas voter pour l’AfD, deuxième force politique dans les sondages.
Des baisses d’impôts pour relancer l’économie
Pour redynamiser la première économie européenne, qui risque une récession pour la deuxième année consécutive, la CDU/CSU mise sur des baisses d’impôts ciblées. L’objectif affiché : que « travailler dur vaille à nouveau la peine », avec des réductions fiscales pour les actifs et les plus hauts revenus. En contrepartie, ils veulent supprimer l’allocation citoyenne (Bürgergeld), réforme phare du gouvernement Scholz pour remettre les bénéficiaires au travail.
Pas d’assouplissement des règles d’endettement
Le duo conservateur s’oppose frontalement à un desserrement du « frein à la dette », ce mécanisme constitutionnel qui plafonne les nouveaux emprunts publics. Une option pourtant défendue par le chancelier social-démocrate pour financer des investissements de relance. Mais pour Markus Söder, « les dettes ne sont pas une potion magique avec laquelle les problèmes se règlent ».
Ce programme électoral marque donc un net infléchissement à droite par rapport à la ligne modérée incarnée par Angela Merkel pendant presque deux décennies. Une stratégie assumée pour Friedrich Merz, favori dans la course à la chancellerie selon les enquêtes d’opinion. Le scénario le plus probable verrait la CDU/CSU former une coalition avec le SPD de Scholz, dans une grande alliance gauche-droite inédite depuis Merkel.
Reste à savoir si cet ancrage conservateur, voulu comme une claire différenciation avec les sociaux-démocrates, ne risque pas de braquer une partie de l’électorat centriste. Et si in fine, ce virage idéologique ne profitera pas surtout à l’AfD et son discours anti-immigration. Réponse dans les urnes en février prochain.